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Les apprentissages informels, le projet

Les apprentissages informels, apprentissages par la joie: le projet


Dans les apprentissages informels, disions-nous dans le premier article consacré à ce sujet, c’est l’apprenant qui déclenche l’étude.

C’est lui qui choisit.

Disons-le: non seulement l’apprentissage informel n’est pas incompatible avec un cours, mais il sera d’autant plus riche que vous aurez employé un cours, avant ou en même temps.

Les apprentissages informels que nous développons sur ce blog méritent un badge particulier.

C’est vers ces apprentissages que nous voulons vous orienter progressivement. Mais sans tomber dans l’excès qui consiste à croire que l’enfant va inventer son savoir par lui-même.

L’informel remplace-t-il le scolaire ?

Oui et non. Théoriquement, on pourrait tout faire en informel.

Seulement, est-on sûr de ne pas se tromper ? Est-on dans les clous et l’enfant ne sera-t-il pas en décalage complet avec les autres ? Va-t-on assez vite ? N’est-ce pas crevant d’aller chercher tous les éléments et de préparer les choses seul ?

Pour résoudre ces questions parfois inquiétantes, nous préconisons ceci: commencer par du scolaire et progressivement introduire de l’informel.

Ce qui est, vous le notez, le contraire du cheminement scolaire traditionnel, où l’on commence par une sorte d’informel en bas âge, à la crèche, pour aller vers de plus en plus de magistral en Terminale.

L’avantage des parents qui ont commencé au niveau maternelle

Ce sera d’autant plus facile que vous aurez commencé à la maternelle, où l’on utilise que de l’informel et pas de magistral scolaire. Mais le fait de commencer plus tard avec l’enfant ne représente pas un handicap puisque l’on peut s’affranchir dès le départ de trop de formalisme.

Un passage en douceur

Les apprentissages informels peuvent ainsi succéder au cours scolaire sans le remplacer trop vite, dans la mesure de vos capacités. L’enseignement seulement scolaire peut s’effacer progressivement, spécialement en suivant ce que nous disons au quotidien dans notre accompagnement.

Ce qui veut dire que, par exemple, vous pouvez introduire un quart d’heure d’informel par jour, puis une demie-heure, puis une heure… selon vos goûts et votre confiance en vous.

C’est une manière de faire, de ne plus être sous la pression de cours, de faire des cours davantage orientés sur le désir de l’enfant, plutôt qu’un ajout. C’est un passage progressif ou c’est une option, une manière de faire.

A terme

Une fois que vous êtes lancé, vous pouvez abandonner le cours par correspondance et ne plus en acheter. Option intéressante financièrement.

On voit à ce moment-là comment se dépatouiller avec l’administration.

Le processus que nous recommandons

L’école à la maison est d’abord scolaire, parce que vous avez besoin de vous raccrocher à quelque chose de rassurant, vous ne pouvez pas toujours vous lancer dans le vide.

Démotivation, lassitude, déconcentration

Mais il arrive que vous soyez confronté(e) à la démotivation. De même que l’enfant va perdre sa concentration focalisée sur l’étude (sa concentration va se reporter ailleurs), les sourires vont disparaître… Certes, vous avez développé des parades magnifiques, nous avons vu comment changer de registre, de posture, voire de programmes de temps en temps, nous avons appris la spontanéité.

Mais cela ne suffit pas toujours. Nous avons donc, maintenant, une nouvelle parade à vous proposer.

Les apprentissages informels vont vous permettre de[s2If !is_user_logged_in()] (…) la suite est réservée aux membres accompagnés, pour activer votre accès membre, passez par ici. Déjà membre accompagné ? Connectez-vous dans le menu du site (en cas de souci, voir la FAQ).  [/s2If] [s2If is_user_logged_in()]résorber le problème de la motivation qui reste toujours un peu un souci, même pour de très bons parents-enseignants, ainsi que ceux de la concentration focalisée et du travail en solitaire.

L’apprenant qui choisit le sujet de l’étude, ce n’est bien sûr pas nouveau, toutes les voies authentiques, qu’elles soient philosophiques, religieuses, scientifiques, ou artistiques, sont des voies uniques partant de l’énergie, de la vision, d’une grâce individuelle. Mais c’était réservé à l’adulte.

L’enfant était écarté de cette voie.

L’autre inconvénient, c’est que chaque démarche philosophique est personnelle. En ce cas, il est évident qu’il n’y a pas de modélisation. Vous ne pouvez faire une classe, par définition, avec Nietzsche, Zarathoustra, Saint-Jean de la Croix et Herman Hesse. Puisque chaque voie est trop spéciale, trop individuelle.

Quelle est donc la solution ?

Faire partir la personne d’elle-même.

A noter : on peut faire partir plusieurs personnes, ensemble, d’un endroit d’où elles feront leur chemin, quitte à ce que les chemins se séparent.

Par exemple des enfants. Ils partent d’un projet commun et font leur chemin. Vous leur apporterez au fur et à mesure ce dont ils auront besoin.

Validité et limites des apprentissages informels

Dans l’idéal, c’est déjà un peu ce que font la plupart des parents pratiquant l’école à la maison: ils ne font pas strictement et continuellement le programme, ils font aussi d’autres découvertes ou recherches avec leurs enfants. Quand l’enfant initie la recherche en choisissant le sujet, l’ambiance est évidemment plus légère et les progrès sont rapides.

« Informels », c’est une façon de parler d’ailleurs. Lorsqu’un père enseigne à son fils le travail de la terre, est-ce informel ? Mais ça a 20.000 ans !*

Il n’y a pas, en fait, de clivage avec les savoirs magistraux. C’est l’école qui crée ce clivage, en plaçant les savoirs théoriques au-dessus des autres et en méprisant les enseignements au quotidien. D’ailleurs, si l’école n’est pas réformable, c’est parce que ces postulats de base sont faux. Elle ignore le legs de l’histoire de l’enseignement, elle est dans une posture révolutionnaire qui… ne marche tout simplement pas. Ni à l’école, ni ailleurs.

On ne peut — et c’est notre conviction fondée sur une expérience — supprimer ni les uns ni les autres, ni les apprentissages des savoirs, des comportements, du respect et des métiers (au sens complet du mot), ni les matières scolaires.

Il ne peut pas y avoir qu’une seule voie d’enseignement.

Ne fonctionner qu’avec les apprentissages informels va aussi priver l’enfant d’une démarche qui ne va pas exactement dans le sens de son bon-vouloir. Le bon-vouloir est un excellent moyen, il n’est pas non plus tout.

Pas de contrainte ?

Les apprentissages informels relèvent avant tout d’une démarche qui considère qu’il ne faut aucune contrainte, il ne faut rien imposer aux enfants : l’enfant apprendra par lui-même.

Une lectrice, ancienne enseignante, nous dit d’ailleurs : « Avez vous lu les deux livres aujourd’hui traduits de John Holt et le livre de Jean Pierre Petit. Si ce n’est pas le cas, je vous les suggère vivement, ils sont passionnants et remettent en cause nos croyances sur l’importance des cours structurés. Pour John Holt, chaque enfant est capable de s’approprier seul, lui même tous les apprentissages. Je serai un tout petit peu plus nuancé que lui mais il a beaucoup plus d’expérience que moi. »

Nous aussi, nous serons plus nuancés. Oui, on part de l’enfant. Mais il ne va pas déployer seul des choses qu’il ne connaît pas. L’enfant n’est pas capable de s’approprier seul les apprentissages, pas plus que l’adulte. On n’accède à quoi, seul ? à ce à quoi on est à même d’accéder. Nous nous fixons ainsi nos propres limites.

L’autre peut nous conduire plus loin.

On partira de l’enfant, mais on ne se contentera pas de cela car le cours s’épuiserait très vite. On va l’aider en développant à partir de son centre d’intérêt.

L’enfant n’apprend jamais « par lui-même », il y a toujours une influence : de ce qu’il voit, de ce par quoi il est attiré, de ce dont il a envie. Personne ne dira le contraire : l’enfant est « en lien » avec ce qui l’entoure. Il y a une instigation. Pourquoi, à ce moment-là, admettre que l’enfant pourra recevoir une instigation de tout sauf de ses parents ?

Autrement dit, c’est une vue de l’esprit de penser que l’enfant apprendra par lui-même sous-entendu sans aucune influence extérieure. Si on admet une influence extérieure, pourquoi pas celle des parents ?

Ensuite, que l’on veille à ce que cette influence ne soit pas rigide, maladroite, négative, contraignante, pénible, bien sûr, c’est autre chose. Mais il fallait poser ce postulat. Il y a des parents, ils sont donnés, ce n’est pas pour rien. On ne peut pas nier leur existence, et comme toute existence a une raison d’être, il y a lieu de réfléchir à ce qu’est leur rôle.

Les parents peuvent-ils ne représenter pour l’enfant aucune contrainte ?

Non. C’est là, aussi, une vue plus idéologique que sérieuse : toute présence est une contrainte. Le seul fait de vivre est une contrainte pour autrui.

Nous cherchons à diminuer les contraintes. En réalité, « l’apprentissage informel » ou « sans contrainte » veut simplement dire: l’apprentissage sans rapport de force. C’est le rapport de force qui pourrit l’enseignement, et non la contrainte.

Nous n’utilisons pas la contrainte comme outil pédagogique, mais elle existe quoi qu’il arrive. Nous savons qu’elle est là et nous préférons l’identifier clairement avec l’enfant par un « non » clair plutôt qu’en la lui masquant. L’enfant a besoin de clarté et en effet, elle l’aide à grandir.
Cependant, autant que possible, nous emploierons des méthodes qui éviteront d’en venir à l’opposition et à ce « non ».

Paradoxalement, la contrainte naturelle peut être aussi une aide. Voilà ce que l’on a totalement omis depuis 20 ans. On a été dans une vision angélique. On a eu peur de dire « non ». D’une situation de contrainte, on est passé à l’extrême inverse, comme si la vérité était dans un absolu. Il est prégnant qu’on ignore qu’il n’y a pas d’absolu en ce monde, ni dans la nature humaine. Cela ne veut pas dire que tout doive être relativiste. Cela signifie que tout est relatif.

Nous cherchons un idéal à partir d’une réalité. Ces deux tenants doivent être omniprésents dans nos esprits d’éducateurs. Sans quoi on verse soit dans le naturalisme excessif, soit dans la théorie, c’est-à-dire in fine l’idéologie.

Nous ne saurions trop garder nos mamans et nos papas de tomber dans ces extrêmes.

Apprendre de manière informelle, c’est d’abord pour le parent changer d’habitudes, de normes, de décor, de coutumes. Sans changer l’essentiel, il peut transmettre différemment. Le voyage est le meilleur vivier d’informel. Ici, des photos prises par une famille voyageant sous les Tropiques

Le « non » : quelle présence et quelle utilité ?

Quels parents pourraient affirmer solennellement qu’ils n’opposent jamais un « non » à leur enfant ? Tout parent a dit « non » à son enfant. Ceux qui sont dans le « unschooling » ont juste déplacé le « non » ailleurs. Ils disent non ou manifestent un non, peut-être de manière différente, peut-être sans le dire, mais ils le manifestent.

L’enfant sans contrainte cherchera les limites, fera tôt ou tard une chose qu’il ne faut pas et alors le « non » se manifestera. Il n’y a pas une existence qui ait échappé à cet ordre de chose.

Et souvent, mieux vaut qu’un non soit manifesté clairement que de manière diluée.

Du fait même de notre nature, nous représentons des contradictions vitales. C’est-à-dire des choses qui s’opposent et qui, en s’opposant, produisent la vie. C’est la rencontre de l’eau chaude de l’Iénisseï et de l’eau glacée de l’Arctique qui produit cette floraison et cette faune marine exceptionnelle dans le Golfe de la mer de Kara. Une eau se mêlant à une autre à même température ne produit pas autant de vie. C’est une image très forte.

Et nous pouvons aller plus loin en disant que l’Union soviétique, qui a institutionnalisé le « Non » (comme tous les socialismes) a produit une dissidence intellectuelle, alors que la démocratie tempérée et avec un « non mais peut-être que si » ne produit pas cette énergie. Ne nous faites pas dire que nous soutenons le principe dictatorial pour autant…

En fait, mieux vaut une contrainte claire et identifiée qu’une contrainte non-claire et mal-identifiée, ce qu’on appelle vulgairement une manipulation. Si, pour obtenir ce qu’ils veulent, les parents procèdent d’une manière qui n’emploie pas le mot « non » ou le désaccord clair (et bien sûr constructif), alors ils sont dans la manipulation.

Il est excellent de savoir dire un « non » à l’enfant pour plusieurs raisons, non seulement parce que l’enfant doit aussi lui-même devenir un adulte capable d’un « non » (au totalitarisme par exemple), mais aussi parce que cela lui permet de bâtir son univers, sa manière d’être, autrement dit sa liberté. L’enfant se situe à une distance qui est comprise, selon le sujet, entre l’adhésion complète et le rejet. Toute la vie relationnelle se situe entre ces deux pôles : on est plus ou moins d’accord, on adhère plus ou moins (jamais à 0 ou 100).

Or, comment adhérer ou rejeter quelque chose qui n’est pas identifié ?

La disparition de limites met l’enfant en péril de relativisme et de mort lente. Mettez une grenouille dans l’eau froide d’une casserole puis allumez le feu, patientez. La grenouille périra lentement, elle ne se rendra pas compte du danger qu’elle court. Mettez-la dans une eau chaude: elle bondira et se sauvera. Retirez de l’univers de l’enfant la contradiction, et il se diluera dans le relativisme.

Il est symptomatique que le unschooling corresponde à une époque d’un énorme relativisme : rien n’est important, rien n’est grave, tout est cosmique et généreux. Certes, il faut savoir lâcher prise et ne pas prendre sur soi ce qui n’est pas notre charge. Certes, il y a une harmonie universelle tendue par l’espérance, au-delà des basses considérations. Cependant, il ne faut pas non plus évacuer toute notion reliant aux réalités difficiles et secondes. Parce que les réalités et les obstacles sont pleins d’enseignement. En fait, l’enseignement est toujours une altérité qui produit quelque chose en moi.

La limite et la contrainte comme creuset de la transformation

Il y a dans l’ascolarisation ou unschooling, une vision idéologique. On croit que l’enfant peut grandir sans contrainte. On veut que ce soit vrai.

Or, l’enfant est un conquérant, un chercheur, il cherche des limites, il en a besoin, ces limites le construisent. Comme un chrono crée une performance, un projet crée une réussite d’étape. L’idée qu’il ne faut pas de limite est stérile.

Ce grâce à quoi on grandit

L’enfant, comme tous les êtres vivants y compris les adultes, grandissent et croissent grâce à deux choses :

  1. ce qu’ils manifestent (ce dont ils ont besoin, ce qu’ils demandent, espèrent, créent) et
  2. ce qui leur est manifesté (les contraintes, limites, obstacles, compléments etc. ). Car l’existence de contraintes, de limites, amènent l’enfant et l’adulte à se réinventer, à réfléchir, à recomposer. C’est le pouvoir de transformation.

Nous retrouvons l’altérité. L’altérité, c’est tout ce qui n’est pas moi. Tout ce qui n’est pas moi, c’est tout ce que je reçois, et aussi c’est tout ce qui reçoit de ma part.

On comprend très bien cela quand on a fait un peu de chimie. La nature est chimie. Les choses se produisent par action et interaction, par réaction. La transformation, c’est-à-dire la « formation passant à un autre état » n’est possible que lorsqu’il y a rencontre d’éléments manifestant une altérité : complément ou contraire. Il n’y a pas de transformation dans le « semblable ».

Or, l’altérité n’est pas seulement l’accompagnement, c’est aussi parfois le conflit, le combat. Cela aussi est créateur, formateur, tuteur. Exciper le combat, c’est livrer l’enfant à une acceptation du rapport de force auquel il ne sera pas préparé. L’image dramatique, c’est le pacifisme idéaliste de Jaurès conduisant des millions de jeunes à mourir en 14-18.

En outre, supprimer l’altérité — ce qui est la logique d’une culture de suppression de contraintes —, c’est priver l’enfant de donner.

Enfin, nous voyons que ces familles, qui sont très sympathiques au demeurant, sont parfois dans une militance anti-système, et leurs enfants en sont les héritiers malgré eux. Il faut y faire attention, ce n’est pas sans danger pour l’enfant. L’enfant n’a pas à expérimenter les idéaux de ses parents. Les parents se conservent pour eux-mêmes une part de leurs idéaux, ils transmettent uniquement ce dont ils sont sûrs, ce qui est roc, et non expérimental. On ne peut mettre en danger.

L’un de nos lecteurs nous dit avec justesse :

« L’école se concentre TROP sur les apprentissages (jamais assez j’en conviens en revanche sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture qui sont à mon sens PRIORITAIRE avant toute autre discipline). Je parle ainsi car j’étais excellent en lecture et en Français et NUL en mathématiques qui m’ont traumatisés durant toute ma scolarité. Pour en revenir à notre sujet de discussion, je trouve remarquable et très respectable la réussite de vos 7 enfants au niveau scolaire. Je ne suis pas du tout certain que les enfants et adolescents qui ont suivi à domicile des apprentissages informels ou dits autonomes aient le même niveau en Français et en mathématique. En revanche, en langues et en Histoire/géographie et au niveau de leur culture générale, je pense que c’est possible d’acquérir un excellent niveau sans un enseignement scolaire, structuré. L’une des meilleurs illustrations est André STERN qui n’a pas du tout reçu d’enseignement purement scolaire, structuré, aucun. Même si, lorsqu’il s’engageait seul dans l’apprentissage d’une langue, il devait sans doute le faire avec rigueur et discipline personnelle, cette dernière ne lui était pas imposée ni subie. Il se l’imposait à lui-même grâce à son enthousiasme, sa motivation et au plaisir d’apprendre. C’est une différence de taille. Il était l’acteur principal de son apprentissage sans qu’un adulte le contraigne.

Il est plus rassurant pour les parents de commencer avec des cours par correspondance structurés. Pour certains enfants, c’est mieux et plus adapté, en revanche pour d’autres, ils seront hermétiques à toute organisation trop structurée et les apprentissages informels leur conviendront beaucoup mieux. »

Sans doute. Mais l’enfant est-il toujours capable de cette auto-discipline dont a été capable André Stern ? Il est à parier qu’il a reçu tout jeune des éléments qui le lui ont permis. De même que j’ai pu apprendre seul l’espagnol parce que les sollicitations que j’avais reçues m’y avaient poussé : ras-le-bol de la vie de province, envie de m’éloigner, connaissance de ce que les langues étrangères pouvaient m’aider…

On voit donc qu’il y a eu des éléments au départ, comme un bon terreau. Même si certains éléments de ce terreau étaient du refus, comme des acidités. Parfois, ce sont des sollicitations négatives telles que des violences qui poussent l’enfant à s’en sortir seul. Comprenons donc qu’il y a toujours à se préoccuper de donner des sollicitations à l’enfant.

Ensuite, pour ce qui concerne le partage entre matières qui sont structurées (comme les maths) et les autres, c’est une question de degré. Il y aura toujours un moment où il faudra structurer. On a l’impression, parce que la matière apparaît comme moins logique ou discursive, que la structure est moins nécessaire. Mais ce n’est qu’apparence. On a appris le français sans structure scolaire : c’est l’apprentissage de la langue maternelle, les balbutiements de l’enfant. Plus tard, pour aller plus loin, on apprend la grammaire, de même que le violoniste autodidacte veut savoir lire la partition qu’il a entendu jouer et se met au solfège. Les maths, elles, sont dès le départ structurées. Mais l’Histoire-géo le deviendra quand le niveau d’étude ou de recherche sera élevé. En fait, la structuration intervient à des degrés différents. Mais elle arrive toujours. Ceci impose deux choses :

— Il vaut toujours mieux démarrer sans structure, de façon à favoriser la joie et l’émulation.

— Il faudra apporter de la structure, de manière fine et homéopathique, de façon à structurer la cognition et ne pas disperser et dilapider l’énergie.

Regardez la musique ou la pratique d’un art martial. Vous pratiquez, c’est parfois éprouvant mais vous avez l’énergie. Et puis, à un moment donné, vous voulez progresser et vous êtes content qu’un ancien vous donne un tuyau, ce qui vous permet de faire mieux.

La structure accompagne.

Prenez une graine : elle pousse sans structure verticale. Ensuite, il faut une tige pour que la fleur apparaisse.

Nous n’avons donc aucune prévention ni tabou vis-à-vis de la structure ou de la contrainte intelligente et généreuse. Le tout réside dans l’art de s’en servir.

Notre apprentissage par le plaisir

Nous ne commençons pas par l’apprentissage informel pour une raison simple: le systématiser, c’est le rendre triste. Si on veut qu’un plaisir reste un plaisir, on évite:

— qu’il soit systématique,
— qu’il soit obligatoire,
— qu’il décline.
— qu’il soit impersonnel.

Ces quatre notions sont fondamentales ! Vous raterez les apprentissages dits informels si vous les pratiquez mécaniquement, toujours de la même manière et de la même manière pour tout le monde, ou s’ils déclinent !

En fait, un plaisir est un plaisir parce qu’il est suffisamment unique. On a donc intérêt à mêler des apprentissages dits formels et des apprentissages dits informels. L’enfant fait alors très bien la différence et maintient un haut niveau de plaisir quand on en vient à la méthode qu’il aime. On apprécie mieux un grand vin après un vin modeste.

Ou alors, votre apprentissage informel est suffisamment bien organisé pour qu’il n’ait aucun de ces défauts. Si vous y parvenez, vous êtes dans l’excellence.

Il restera deux points à résoudre:

– D’une part, si vous maintenez l’inscription de l’enfant dans un cursus officiel, vous devrez en passer tout de même par des programmes minimums. Donc, vous aurez une charge de travail plus importante : il faudra unir un programme officiel (certes modulable) à une méthode qui fonctionne sur l’émulation. Donc il faudra soit que les thèmes choisis se rapprochent du programme, ou alors que vous dériviez à partir des sujets choisis vers le programme. C’est une gymnastique qui sera délicate et demandera plus de travail.

– D’autre part, vous devrez faire attention à ne pas créer une atmosphère trop « soft », trop ambiance édulcorée, qui vont diminuer la vitalité et la créativité. Les femmes, qui sont majoritaires, veilleront en particulier à introduire une dynamique masculine, nous l’avons déjà dit.

Une contrainte

L’évacuation complète de la contrainte va être une erreur, la contrainte doit être restaurée, mais d’une nouvelle manière. Il ne s’agit plus d’une opposition mais d’un effort commun tendu vers un même horizon.

image du coach apprentissages informels
Le coach: côte à côte. Il regarde dans la même direction que la personne qu’il accompagne et fait naître une vision

Pour prendre une image, l’enfant et l’enseignant ne sont plus face à face, l’adulte debout et l’enfant assis, mais ils seront paisiblement assis l’un à côté de l’autre, regardant vers la même direction.

La symbolique est ici que l’accompagnant montre un horizon et fait naître une vision. Parfois, les deux personnes ont un même objectif et s’accompagnent mutuellement. Cette présence côte à côte symbolise le coach. Mais elle est plutôt réservée à un accompagnement adulte car l’enfant ne peut se projeter sur une longue période.

apprentissages informels image de l'entraîneur
L’entraîneur: de profil. L’homme qui regarde celui qui regarde l’horizon

L’image de l’entraîneur, de profil, est plus judicieuse encore pour l’éducateur car l’enseignant n’a pas forcément à regarder dans la même direction que l’enfant. En fait, l’enseignant regarde l’enfant qui regarde l’horizon. Cela ne l’empêche pas aussi de regarder l’horizon. Cela convient moins avec l’adulte qui a du mal à accepter d’être observé.

Les deux attitudes sont complémentaires, et doivent être proportionnées à la personne accompagnée.

Vous pouvez vous en inspirer dans la pratique en vous plaçant tantôt côte à côte de l’enfant et tantôt de profil, physiquement ! Nous l’avons vu, le face à face peut être limitant pour l’enfant. Et puis, vous pouvez aussi être ailleurs et non à côté de l’enfant, mais cela, vous le savez.

Le sens profond de la contrainte

Une chose qui échappe totalement aux partisans du unschooling, c’est que la contrainte et l’effort sont en réalité des voies en soi. Moins il y a d’effort, moins il y a de capacité. Ce n’est pas pour autant, bien sûr, qu’il faille imposer un effort démesuré.

Mais au fur et à mesure que l’être se déploie, il peut affronter davantage. L’exemple de l’alpiniste ou du sportif est frappant. Il n’y a pas de conquête d’un mont (géographique, spirituel, amoureux, poétique, romanesque, artistique, scientifique…) sans une participation et un travail.

Le sens est à saisir dès la Genèse: dès la sortie du Jardin d’Eden, il est donné non pas une condamnation comme le voudrait une tradition biblique hébraïque, mais une bénédiction, en la mise en chemin de l’Homme au travers les vicissitudes. Car c’est en chemin, de combats en victoires, de recherche en patience, de réflexion en effort sur soi, en entrée en lui-même par la confrontation au vivant, que l’Homme progresse.

C’est dans ce travail sur lui-même en particulier que l’homme trouve son accomplissement. Il est dit dans le texte que l’homme est « revêtu de peau de bête ». C’est une erreur fréquente, souvent illustrée. En fait, l’homme est revêtu d’une « peau », c’est-à-dire qu’il est incarné, manifesté au vivant naturel. Il n’est plus un pur esprit Il n’est pas (et il ne peut être) un pur esprit (qui veut faire l’ange fait la bête). C’est là, dans cette peau, sur ce chemin difficile qu’est l’existence naturelle, qu’il trouvera le sens de sa quête, et cette quête aboutira beaucoup plus loin, dans la résurrection à lui-même.

L’apprentissage informel prend son essor dans le projet

Le projet va vous permettre de motiver votre enfant plus qu’ailleurs, il va le décoller de son ordinateur, le motiver et lui donner envie d’avancer, seul s’il le faut. Il va allier une contrainte saine, un challenge motivant, et l’émulation.

Il importera donc de savoir établir un projet. Vous basculerez progressivement de la position de l’entraîneur à celle de coach.

Plutôt que d’observer l’enfant, vous regarderez avec lui dans une direction. Cela peut venir très vite. Et peut commencer même très jeune, pour de petits projets. C’est une habitude que vous pouvez amener rapidement.

Commencez à monter un projet simple: faire une série de dessins qui racontent une histoire, fabriquer un jouet, préparer un pic-nic dans un coin escarpé… vous avez mille possibilités. Demandez à votre enfant s’il a une idée. C’est encore le mieux. En lui présentant plusieurs idées, vous ferez jaillir la sienne. Même si ses premières idées sont un peu légères, réalisez le projet. L’enfant, de lui-même, élargira progressivement son horizon.

PS: Notre contributeur ajoute quelques informations : « Il y a des ateliers de parents qui sont organisés un peu partout en France et des ateliers pour enseignants. Combien prennent part à des formations de ce type. Eduquer à la joie, l’association d’Antonella VERDIANI, cette femme REMARQUABLE qui a travaillé durant 20 ans pour l’UNESCO dans le monde entier pour les questions d’éducation. Elle est docteur en Sciences de l’éducation et a écrit un livre génial « Ces écoles qui rendent nos enfants heureux,
Si vous ne l’avez jamais vu, voici l’une des ses interviews : https://www.youtube.com/watch?v=dAvYhjQSkPI
Il y aussi, vous connaissez, le centre pour la communication non violente et d’autres courants du même ordre qui devraient être enseignés aux enseignants et aux enfants. »
« Apprendre à écouter aussi, souligne aussi notre ami, je ne parle pas d’un cours magistral mais écouter son camarade, ce qu’il veut exprimer. L’importance de se réunir une fois par semaine et de donner la parole (avec un bâton de parole) pour que les enfants s’expriment librement et favoriser ainsi la libération de leurs émotions et sentiments. »
Voilà une technique qui existe en effet et qui a de bons résultats. A ajuster en fonction de vos enfants.
« Dans beaucoup de cours d’école, il y a de la violence même en maternelle, j’en ai été témoin en tant qu’enseignant (prof de sport). Les ADULTES qui sont sensés surveiller ne le font que trop souvent partiellement, voir pas du tout. C’est GRAVE et parfois cela à des conséquences dramatiques et mortelles (rares cas bien sûr mais qui ont existé et qui existent encore). Enfants malmenés, harcelés, frappés et voir tués (jeux mortelles du foulards ou autres en pleine récréation). A mon, sens, les enseignants ne sont pas suffisamment voire pas du tout, formés à la psychologie de l’enfant et encore moins à la résolution et la gestion des conflits. Je trouve que le manque de formation est SCANDALEUX et irresponsables de la part de nos dirigeants. Pourtant, des outils existent : la discipline positive développée par Jane Nelsen d’après les travaux de psychiatres américains remarquables que sont les deux psychiatres ci dessous. Les principes adlériens fondateurs de la Discipline Positive : L’approche adlerienne est globale, elle tient compte du ressenti, des pensées et des actions de l’individu mais aussi de son contexte familial, social et professionnel. Chaque individu mérite respect et dignité. Chaque être humain a besoin d’avoir un sentiment d’appartenance à un groupe et la capacité de contribuer au bien-être de ce groupe (Gemeinschaftsgefühl). L’encouragement, qui se centre sur les forces de l’individu, permet un changement constructif. Tout comportement a une raison d’être. Les enfants construisent à partir de leurs expériences des croyances qui influencent leurs comportements tout au long de leur vie. La liberté de chacun s’accompagne de responsabilités. https://disciplinepositive.fr »
Un bémol sur ce site. Nous émettons des réserves sur des phrases telles que « Tout comportement a un objectif, celui d’atteindre un sentiment d’appartenance et de contribution à un groupe. » Ce n’est pas forcément exact. Il y a des comportements cherchant à s’éloigner du groupe et il y a des comportements hiératiques ou sans motif raisonné.
Tout ne se fait pas en fonction du groupe.
Par ailleurs, on lit, sur ce site, « la clé pour changer un comportement, est alors de permettre à l’enfant de faire des expériences différentes de celles dont résultent ses comportements actuels. » En partie. Mais d’une part il faut se demander si l’on veut que quelqu’un change d’attitude et pourquoi. Et s’il est vraiment juste de le souhaiter. D’autre part, il y a d’autres ressorts profonds qui sont absents de cette analyse, en particulier la dimension transcendantale de l’individu, sa part non biologique ou psychologique. Il faut prendre garde à ne pas mettre l’individu sous la coupe d’une école de pensée partielle et toujours rester humble, maintenir un regard humble et respectueux vis-à-vis de l’individu.
En-dehors de ces remarques, l’ensemble de ces mouvements va dans le bon sens, dans une société où l’individu est menacé dans son intégrité aussi bien au quotidien que par la loi.

* Vincent Peillon est la caricature d’une école qui prétend « arracher » l’enfant à ses « déterminismes », c’est-à-dire notamment sa famille, c’est la pensée totalitaire chère aux sectes. Il est grave que ces sectes gouvernent…

Les apprentissages informels, apprentissages par la joie: le projet
Tout ce qui est bon fait école, tous les lieux intéressants enrichissent

*: voir à ce sujet la vidéo stupéfiante que nous venons de découvrir de Dominique Tassot sur l’âge de la Terre.

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