A partir de quelle limite ne faut-il plus socialiser l’enfant, pour qu’il échappe aux conditionnements de la société ?
Voir aussi
- L’enfant qui fait l’école à la maison est mieux sociabilisé que les autres
- L’école sociabilise et intègre moins bien que toute autre institution pour enfants
Nous avons vu dans cet article que l’ennui pouvait avoir du bon. La société exige qu’on socialise l’enfant, à outrance. On le domestique en permanence. De ce fait, le temps de l’enfant est entièrement occupé.
Il n’a pas de disponibilité intérieure, pourtant essentielle, vitale ! Sans elle, l’individu n’a pas de conscience; il ne peut être qu’un vague citoyen subissant la vie. Il n’a de sens critique que dans la contradiction, autrement dit la confrontation. Il dépend de ce qui l’entoure. C’est un manifestant perpétuel, un grogneur, un moqueur, mais pas un être d’action. Il critique, ça ! mais pour prendre les responsabilités, il est aux abonnés absents.
Lutter contre la domestication de l’être humain
C’est ce qu’on appelle un être pusillanime. Les réseaux sociaux en sont pleins. C’est à ça que sont conduits les êtres domestiqués.
Coup de gueule ici, gueulante par là. Du flan, à peu de choses près.
Voyons donc la mécanique qui y conduit, et pourquoi il est vital de ne pas (trop) socialiser l’enfant.
Société, arrête de prendre en main notre enfant ! Laisse-le s’échapper, nous sommes là pour lui, s’il en a besoin
Oui, il est bon aussi que l’enfant soit confronté à l’ennui.
La disponibilité intérieure de l’enfant est fondamentale. C’est là que pourra être plantée la graine de l’élévation, de la transcendance, par le biais de la contemplation. Il n’y a pas d’esprit authentiquement religieux dans l’occupation permanente. Il n’y a pas non plus de véritable esprit scientifique, poète, artiste, citoyen, maître. Il n’y a pas de véritable maternité, de véritable paternité, qui puisse naître dans une existence entièrement prise à partie par l’agitation.
Voilà pourquoi notre société grégaire ne produit pas grand chose de génial. C’est une société du tumulte constant. Les systèmes politiques qui se fondent sur la masse ne peuvent pas prétendre à une culture élitiste, à tirer vers le haut; elles ne le peuvent pas dans les faits puisque les citoyens sont élevés dans la grégarité.
L’essence même de l’être, et a fortiori son intelligence, son génie, ont besoin du recul, de silence et d’ennui.
C’est pourquoi tant de grands esprits ont été élevés loin des masses, loin de l’école même.
Le bruit, l’activisme, la foule, la propagande incessante, les médias, les calendriers surchargés sont autant d’ennemis du génie et de la grandeur, mais aussi de la faculté critique, de la modération, des grandes passions salutaires, en un mot de l’homme et de la femme libres et véritables.
Mais avant tout cela[s2If !is_user_logged_in()] (…) la suite est réservée aux membres accompagnés, pour activer votre accès membre, passez par ici. Déjà membre accompagné ? Connectez-vous dans le menu du site (en cas de souci, voir la FAQ). [/s2If][s2If is_user_logged_in()], l’ennemi est l’enfance sans silence et sans quiétude, sans immobilisme, sans ennui en un mot !
Quand l’un de nos enfants nous dit qu’il s’ennuie, nous répondons: « C’est très bien, continue comme ça. » Et il bougonne naturellement.
Bien sûr, cet ennui est parfois le simple besoin d’être avec nous, et nous sommes là aussi pour ça, quand c’est indispensable, pas tout le temps, pas 24h/24, quand nous le pouvons, à juste proportion.
Mais il y a aussi l’ennui de l’enfant qui ne sait pas quoi faire seul. C’est celui-ci que nous guettons.
L’ennui, moteur de changement
Alors, comment ça marche et que peut-on y faire ?
D’abord, il faut intégrer cette idée que l’ennui est un moteur de changement et non pas un problème en soi. L’ennui sera un problème au-delà d’un certain seuil, parce qu’il n’aura pas produit d’étincelle. Nous voulons donc que l’ennui produise quelque chose. Comme un contact dans un circuit électrique, un petit « clic » dans l’être, qui change tout. Quelque chose qui va lui donner une polarité: à partir de là, il sera résolument décidé à ne plus rester à rien faire.
L’ennui va donner à l’enfant l’envie de faire quelque chose pour rompre la monotonie. Il va être plus créatif, il va découvrir des choses nouvelles, il va donc se risquer à autre chose, il va tenter l’inconnu.
De là, nous avons une notion de risque.
Laissez-le prendre le risque !
La vie n’a d’intérêt que proportionnellement à l’inconnu, au risque, au défi qu’elle représente.
La vie est une prise de risque. Nier cela, c’est nier l’appel, la vocation, le sens de ce qu’il y a à accomplir.
Cette prise de risque est en fait vitale (nous verrons comment la responsabiliser et la contrôler).
- Elle amène l’habitude de l’inconnu (qui fait de chacun un chercheur, un découvreur, un investisseur sur la vie, un aventurier).
- Elle amène l’émerveillement. De là,
- Elle amène la planification, en quête de cet émerveillement. De là,
- Elle amène le désir de partager, car tout émerveillement a tendance à produire un partage. Il en découle des critiques. De là,
- Elle amène l’autonomie.
- Et par conséquent elle amène la maturité.
Voyons cela. Mais disons d’abord, par contre-jour, que
La société, spécialement l’école, formate et dissuade du risque
On empêche l’enfant d’être libre et de s’accomplir, notamment par l’entremise de la sécurité. C’est l’obsession folle. Parlez de sécurité à un directeur d’école ou une AVS, et ils sont tétanisés. C’est une sécurité qui castre. On abat les arbres, trop dangereux dans les cours de récré, parce qu’on a peur que les enfants montent dedans: idiotie ou volonté délibérée de briser l’enfance ? On balise, on met des panneaux partout. C’est le monde de la trouille. Un monde de peureux qui trahiraient leurs meilleurs amis, terrorisés qu’ils sont.
A de telles gens, vous feriez faire n’importe quoi. La peur est un moyen exceptionnel pour avilir. La peur et la fatigue: ingrédients magiques pour une dictature.
Et combien il est difficile de les en sortir, de cette peur. Alors que le système ne repose en fait presque que sur de la communication, il n’a pas les moyens de mettre un policier derrière chaque citoyen. Si chaque famille disait « non » aux vaccins mortels, par exemple, l’Etat ne pourrait rien faire en bloc. Il ne peut frapper que les deux ou trois qui le disent.
Chaque jour, nous essayons de donner du courage à nos nouveaux visiteurs: ils arrivent souvent transis, apeurés, comme des enfants de 8 ans qu’on aurait surpris à allumer des allumettes.
Après la prise de risque, l’enfant découvre l’émerveillement
Il est évident que l’enfant qui prend un risque va au-devant de surprises, parfois souvent merveilleuses. Par pudeur, nous vous laissons développer ce chapitre…
Elle amène la planification, en quête de cet émerveillement
L’enfant a essayé quelque chose de nouveau. Fort bien. Mais ça n’a pas marché aussi bien qu’il le voulait. Il pourrait se décourager. Surtout si vous l’avez blâmé pour cette initiative. Ou qu’il a eu un accident.
A vous de lui permettre d’apprendre à planifier ses nouvelles tentatives avec suffisamment d’intelligence, pour éviter d’un côté les accidents, d’un autre les ratés humiliants. « Parce que ton bricolage t’a pris 5 heures, on va commencer par préparer tes outils, plutôt que d’aller les chercher les uns après les autres. » « Ton saut en parapluie du premier étage, tu ferais mieux de l’étudier un peu mieux parce que tu risques de te casser la jambe. »
Mais attention ! surtout ne pas chercher à ôter à cette prise de risque sa dimension la plus intéressante: la prise de risque. Si tout est contrôlé, ça perd évidemment de son charme. La performance est suspendue à des aléas, et c’est évidemment cela qui donne le frisson, l’envie d’aller plus loin. Il n’y a pas d’explorateurs sur les autoroutes.
L’émotion n’existe que s’il y a risque, puis éventuellement réussite. La réussite produit un émerveillement.
La prise de risque amène ainsi le désir de partager
Bien sûr ! car tout émerveillement a tendance à produire un partage. « Et si tu nous montrais comment tu as fait ? » L’enfant est ravi de faire savoir ce qu’il a découvert seul.
L’autonomie
Et c’est pourquoi le risque amène l’autonomie. Non seulement parce qu’il amène l’enfant à constater qu’il a fait des choses seul, mais aussi parce qu’il a essuyé des critiques qui le conduisent à solidifier ses choix.
Maturité
Et c’est ce qui le conduit vers plus de maturité.
Voilà !
On a ainsi fait le tour des grands avantages à laisser l’enfant explorer le monde avec suffisamment de solitude noble, solitude qui prend sa racine dans l’ennui.
Nous verrons dans le prochain article comment il se fait que le risque est en fait une composante indispensable de l’être humain.
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