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Votre enfant vous reflète

Votre enfant vous reflète. De quoi vous aider énormément ! (vidéo)


Votre enfant reflète ce qu’il a reçu. Spécialement, il vous reflète. Après avoir lu l’article qui va suivre ci-dessous, une maman nous dit:

Merci pour tous ces bons conseils qui ont changés mon approche et méthode d’aborder l’école à la maison.
Vous m’avez apporté énormément de réponses aux réactions de mes enfants.
Je ne comprenais pas comment la plupart des mécontentements de mes enfants pouvaient venir de moi et désormais je me rends compte qu’en effet, une grosse part de l’intéressement, de la motivation et de la concentration viennent de notre propre perception et transmission du savoir.
Merci encore du fond du cœur pour tous ces enfants que vous « sauvez » par votre travail et savoir-faire que vous nous partagez etc.

Cette réflexion nous semblait utile car elle dit que vous êtes le pivot de l’attitude de votre enfant.

Pourquoi ?

Parce que votre enfant vous reflète, c’est-à-dire qu’il est un reflet de vous-même.

Un reflet n’est pas une copie ni un miroir. Mais il enseigne beaucoup.

L’enfant calque son attitude sur les forces et les faiblesses de ses parents. Ceux-ci peuvent en déduire un travail pour leur propre bien-être. Si aucun parent ne peut se vanter de n’avoir aucun problème, tous peuvent trouver une voie de salut dans l’observation de leur enfant. L’enfant peut apporter au parent une voie de développement personnel voire une thérapie, par simple observation de son attitude !

« Ma fille est crispée depuis quelques temps ». « Mon fils est nerveux ». « Mon enfant est nonchalant ». « Mon grand est agressif ». « Mon bout’chou ne dort pas ».

votre enfant vous ressemble ou plutôt vous reflète, il vous délivre des signes de ressemblance qui vont vous aider à progresser. En éducation et en développement personnel. https://l-ecole-a-la-maison.comVous entendez ça régulièrement, n’est-ce pas ? Aussitôt, vous en parlez avec la maman ou le papa qui vous fait cette confidence. Vous avez des choses à dire, des conseils à prodiguer à ces parents attristés. Et souvent, cela fait du bien, ça marche. Parce que vous savez quelle est la faille, vous avez une réponse. Vous êtes prudent(e) tout de même parce que vos trucs ne marchent pas avec tous les autres enfants.

On est souvent plus retenu et bloqué pour soi-même

Mais en revanche, pour vous-même, c’est souvent le trou noir, vous ne savez pas. Vous aussi, vous avez un souci avec votre enfant, fille ou garçon. Aucun parent ne peut dire “je n’ai pas et n’aurai jamais de problème avec mon enfant.”

Vous êtes prudent et votre enfant est un « énervé congénital » comme vous dites, ou vous êtes très spontané et votre enfant vous paraît lent, c’est un « mollasson adorable ». Votre fille parle tout le temps alors que vous aimez le silence ou c’est le contraire: pas moyen de lui faire raconter sa journée alors que vous pourriez écrire un roman !

Lorsque ça vous arrive, cette différence, vous vous énervez. Il arrive même que vous criiez. C’est vrai, de nos jours, les mamans crient trop. Elles qui devraient être des modèles de douceur dans un monde de violence et de fureur, elles crient. Sans douceur, sans cette alcôve de deux bras doux, sans une délicatesse qui élève, comment pouvons-nous regretter un monde brutal ? Tout ce que nous faisons se multiplie dans le monde. Le monde est ce que nous sommes.

Mais revenons-en à nos problèmes. Les enfants, souvent, pas toujours mais souvent, ont des problèmes qui reflètent les nôtres. Nous en reparlerons mais il y a toujours lieu de travailler sur soi pour le bonheur de ses enfants. Leur santé dépend de la nôtre. Leur moral aussi. Nous en reparlerons, promis.

Ce dont nous allons parler dans cet article, c’est « pourquoi ai-je tant de mal à régler ces problèmes ? »

Aucun d’entre nous n’est vraiment bon pour régler ses propres problèmes

L’une des grandes découvertes que nous avons faites, tout au long des dix ans d’école à la maison, c’est qu’au départ, on n’est pas très fort pour aider ses propres enfants. Cela, nous l’avons vécu, nous nous sommes rendu compte que sur des problèmes bien précis, des amis faisaient mieux que nous. Et puis, ouf ! nous nous sommes aperçus qu’ils pensaient la même chose que nous, de manière réciproque: ils nous trouvaient bons pour les problèmes de leurs enfants.

Élever les enfants des autres, c’est plus facile

En fait, et c’est important de le savoir, nos enfants sont d’extraordinaires observateurs, et il ne leur faut pas 5 ans pour déceler nos failles. C’est avec eux que c’est le plus dur. Chaque parent a plus de mal avec son enfant. Posez-vous la question: pourquoi ?

Votre enfant connaît vos failles

Dès lors, ils vont jouer avec, comme le chat avec la souris cabossée. Ils vont jouer avec nous. Ils vont chercher la limite et mettre le doigt là où ça fait mal. Et ça marche très bien. Vous réagissez au quart de tour. Vous vous emportez. Vous criez. Vous “pêtez un câble”, comme disent nos plus grands. Pour eux, c’est un spectacle des plus amusants. Ils orchestrent la mise en boîte, ils font des paris: “Je te parie 5 euros que papa s’énerve dans les deux prochaines minutes.” Ce sont des experts… de la mise en boîte.

Alors, est-ce que nous sommes condamnés, est-ce un malheur ?

Non. C’est une bénédiction. D’abord, nous allons vous expliquer pourquoi et ensuite, nous allons vous livrer quelques parades imparables.

Et c’est tant mieux !

Si les enfants sont si difficiles à nos yeux, c’est parce qu’ils procèdent par nos faiblesses et nos péchés. Colère, jalousie, complexes de toutes sortes, frustrations variées: ils montent tout ça en épingle, ils le mettent en scène, en font des statues monumentales, bien visibles. ça nous déplaît. Mais, songeons-y un instant: n’est-ce pas génial d’avoir des détecteurs de nos faiblesses ? Quoi de tel pour nous améliorer ?

Cette capacité qu’ils acquièrent année après année à vous tester, vous coincer, vous énerver, vous combattre au milieu de moments agréables et pleins d’amour, c’est une bénédiction.

Pour eux, parce que cela les habitue à ajuster leur jugement, la situation, savoir quand aller assez loin et où ne pas aller trop loin. C’est un exercice vital. Cela fait travailler leur cerveau et leur cœur. Cela les polit intérieurement.

Ils savent très bien que si vous rentrez un jour en pleurs à la maison, ce n’est pas le moment de vous charrier: ils ont acquis le sens de la situation, du discernement. Instantanément, ils vont être sympas. Franchement, votre enfant ne va pas se mettre à ricaner si vous pleurez, si ? (si c’est le cas, appelez-nous d’urgence parce que vous avez des mesures à prendre).

En principe, ils s’adaptent. Si vous êtes trop cool, ils vous charrient. Si vous êtes mal, ils vont être sympas. Si vous êtes grave, ils vont être joyeux. Si vous êtes sévère, ils vont être plus prudents. Premier truc donc , au passage: sachez faire comme eux, et jouez; pas toujours, mais de temps en temps.

Le jeu est un art bénéfique

Comme le dit l’immense Lawrence Olivier dans Le Limier (1972) (un chef-d’œuvre à acquérir grâce au lien chez Amazon, ci-dessous), le jeu est un art, une manière d’être, un visage de vous-même, et non forcément un mensonge. Il peut être profitable. Vous vous dites: “Non, je ne veux pas jouer, je veux toujours être vraie avec ma fille.” Mais lorsque vous êtes très malheureux ou très malheureuse, est-ce que vous allez le dire à votre fille systématiquement, pour qu’elle se retrouve avec un poids sur le cœur ? Bien sûr que non. Vous allez jouer à “tout va très bien, madame la Marquise”. Et c’est juste, comme attitude.

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C’est important de préserver votre enfant. De même, sachez que vous jouez tout de même un personnage avec elle car vous êtes autrement avec vos amies ou votre banquier. Le jeu est naturel. Eh ! bien, s’il est juste et pertinent, moralement fondé de protéger votre enfant, il l’est tout autant de lui présenter une attitude qui va contribuer à le grandir.

C’est une forme du jeu, appelé ainsi en psychologie. Il ne s’agit pas de mentir; le mensonge est à proscrire. Entendons-nous bien, ce n’est pas le jeu infantile où l’on est dans la dissimulation ou la tromperie. Nous parlons de jeu assumé, volontaire, pour préserver l’autre et l’amener plus haut. Le capitaine du bateau assume son « rôle », le commandant de bord aussi. Lorsque vous allez au travail, vous revêtez un costume pour le jeu “travail” et votre attitude est totalement différente de celle que vous avez à la maison. Et c’est ce qu’il faut. A responsabilité différente, jeu différent. C’est grâce à cette adaptation automatique et instinctive que les relations et les responsabilités s’exercent.

La société sait très naturellement tout ça, elle joue l’officialité en revêtant les gendarmes d’un uniforme alors qu’il n’est pas indispensable pour dresser un PV. L’uniforme est une manifestation d’un jeu sérieux, dans lequel il y a un rôle assumé de l’autorité publique. De même, vous allez parfois vous investir d’un rôle.

Pour vous aussi, leur capacité à détecter vos faiblesses, c’est une bénédiction, car vous allez justement travailler votre attitude et vos mots. Vous n’allez plus vous laisser aller. Et vous allez voir, votre mari (ou votre femme) verra très vite la différence.

Donc, désormais, lorsque votre enfant vous charrie, vous ne vous énervez plus, vous savez qu’il fait ça dans le cadre de son apprentissage de la vie, et pour obtenir de votre part des signaux, tantôt d’amour, tantôt de sagesse, tantôt de joie, etc.

Prendre les devants

Mais vous pouvez aussi prendre les devants: échanger avec votre enfant une discussion. Proposez-lui de prendre votre place dans la conversation et vous la sienne, demandez-lui de défendre votre point de vue et vous défendez le sien. Mais sérieusement, pas dans la caricature. Il veut un I-Pod, vous allez défendre son point de vue (même si vous n’y croyez pas), et il va défendre le vôtre (même s’il n’y croit pas).

Vous pouvez aussi jouer sur l’auto-dérision, avec les plus grands. Ils vont aimer. Et cela leur dira: “Tu vois, ta mère sait bien qu’elle a des défauts, elle n’est pas idiote.” Savoir rire de soi-même est une source de plaisir interminable.

Vous ne devez pas être toujours de la même manière

Dans la relation avec l’enfant, dès qu’il a le sentiment de vous “connaître par cœur”… vous êtes “cuit” ! (si vous nous permettez cette familiarité): il n’aura plus rien à apprendre, il saura tout ou croira tout savoir, vous ne l’étonnerez plus et vous savez très bien que sans faculté d’étonnement, un être humain devient beaucoup moins avenant.

Un enfant qui se sent blasé, las de ses parents, est pratiquement irrattrapable, il est déjà parti. Le moment en est peut-être venu, mais pas forcément.

Donc, étonnez-le, diversifiez-vous, rencontrez du monde, entendez d’autres point de vue, cultivez vos vertus, ouvrez votre cœur, pratiquez des langues, des arts, instruisez-vous, commencez des activités qui n’ont RIEN A VOIR avec ce que vous faites d’habitude. Bref, changez de monde, décloisonnez, faites travailler votre cerveau, votre meilleur allié dans la relation aux autres.

Parfois, vous avez l’impression qu’il resfuse ce qu’il y a de mieux en vous

Faites appel à quelqu’un d’autre

Mais comme nous le disions plus haut, il y a des impasses pour vous. Ces problèmes les plus récurrents que vous avez avec votre enfant, sont ceux qui ne s’arrangeront pas tout seuls, sinon ils seraient derrière vous depuis longtemps. Depuis le temps que vous y pensez ! En fait, vous n’avez pas les moyens de régler ces problèmes et si vous ne faites rien, ils resteront à vie.

Votre enfant dira: “Maman et moi (ou papa et moi), on a toujours eu un problème sur le plan de […]” Est-ce ce que vous voulez ? Non, bien sûr. Eh ! bien voici le secret: consultez un excellent accompagnant. Il va vous aider, vous poser des questions, vous allez vous apercevoir que votre manière de voir manquait de quelque chose et vous allez trouver une solution.

Nous ne sommes pas très forts pour régler les problèmes de nos enfants, disions-nous, sauf… sauf si quelqu’un nous permet de voir clair. Lorsque nous voyons clair, alors nous sommes les meilleurs du monde pour nos enfants !

Donc, il faut prendre conseil. Pas n’importe qui, quelqu’un qui ait de l’expérience et en qui vous avez confiance. Prendre un accompagnant, c’est comme prendre un père spirituel, mais dans un domaine spécialisé. Ce n’est pas facultatif ou à décider quand tout va mal. Ce n’est pas permanent non plus, ça peut être une fois par an. Mais c’est souvent indispensable. Vous demandez votre route quand vous êtes perdu ou vous consultez une carte ou le GPS, pourquoi refuser de prendre une aide sur le chemin de la vie ? Parce que vous craignez de dire “je suis perdu ?” C’est moins problématique de dire “je suis perdu” que de dire “je ne suis pas perdu”. Parce qu’avec son enfant, on n’est jamais sûr d’être sur le bon cap. Refuseriez-vous de dire, naturellement et comme tout le monde “il m’arrive d’être perdu et avec mon enfant, c’est évident que parfois je le suis ?” Tout accompagnant personnel se fait accompagner, ce n’est pas pour rien.

Vous savez ce qu’il vous reste à faire. Bonne chance, capitaine !

UN article qui vous donne un point de vue différent: Les valeurs de l’école à la maison

A tel congrès entre écoles dites « alternatives », après des heures de discussion et de remarques acides, on entend cette phrase qui se veut apaisante : « Finalement on peut dire que nos méthodes sont totalement différentes mais le point commun, c’est le respect de l’enfant. »

Satisfaction générale de la salle. On peut se quitter heureux. Fermez le ban.

Nous n’allons pas vous dire qu’il ne faut pas respecter un enfant. Il le faut, certes. Et nous n’allons pas vous redire ce qu’est le respect de l’enfant au sens classique du mot.

Nous allons voir quelles sont les limites de cette vision un peu… facile, finalement. Et parfois même fausse.

Quand l’enfant fait « ce qu’il veut »

Souvent, nous avons des messages de personnes qui témoignent de familles où l’enfant « fait ce qu’il veut ».

Il prend le ballon des voisins qui le cherchent pendant des heures et s’entendent dire quand ils le retrouvent dans les mains du chapardeur : « La propriété privée, c’est capitaliste ». Encouragement au vol. Il y a aussi la petite fille qui laisse tout faire à sa maman, qui ne se baisse pas d’un centimètre après avoir renversé son bol, celle qui mord dans la plaquette de chocolat quand elle le veut, le garçon qui casse la clôture, ou qui entre chez les voisins, qui parle aussi grossièrement qu’il le veut. Un jour, un enfant est trouvé avec une morsure énorme dans le dos. C’est sa sœur qui l’a mordu au sang. Pour les parents, rien d’anormal.

Bref. Des fous. Dangereux, d’ailleurs. Ces gens qui laissent tout faire aux enfants ? Un quart d’absence d’éducation et d’ignorance, un quart de paresse, un quart d’égoïsme, un quart de désamour.

C’est plus facile de ne rien faire que de s’occuper de son enfant. Et puis, l’enfant est un choix politique: une « liberté », l’objet d’une vision spécieuse qu’on instrumentalise en fonction d’une lubie libérale voire libertaire. Enfin, la note affective dominante, c’est le désamour. Ces gens n’aiment pas leur enfant, quoiqu’ils disent.

On constate dans le même temps que ces familles sont socialement à la dérive, souvent pauvres, avec toutes sortes de problèmes. Comme dirait l’autre, « tu m’étonnes ! »

Elles ne doivent pas être votre modèle.

Qu’est-ce que ce respect ?

Qu’est-ce que ce respect de l’enfant, exactement ? Ce respect qui semble le point de jonction absolu et qui se révèle le plus petit dénominateur commun entre toutes ces écoles. « C’est cela qui distingue, disent-elles, leur méthode de celles de l’école classique et celles du passé. »

Parce qu’à les en croire, dans le passé, on ne respectait pas l’enfant, du moins pas aussi bien, pas aussi complètement… On en est sûr et certain. On dit ne pas détenir la science infuse mais au moins ça, c’est certain: « nous prônons le respect de l’enfant, mieux qu’à l’école et mieux que dans le passé. »

Deux affirmations bien audacieuses. Disons même, pour aller au plus court, qu’elles sont bien prétentieuses, et illégitimes. On a là une illustration de l’ignorance complète de l’Histoire de l’éducation et de l’enfance. Ces gens sont convaincus qu’ils ont inventé le respect de l’enfant. Car, naturellement, on n’a jamais respecté l’enfant avant eux aussi bien qu’eux. Exit tous les récits sur l’enfance depuis 2.500 ans qui prouvent le contraire. Ces gens croient qu’à Rome, l’enfant était fouetté du matin au soir; en Grèce, il était esclave; chez les Spartiates, soldat tout le jour; au « moyen-âge », il était continuellement aux champs à labourer, affamé. Bref, ils n’ont aucune culture et c’est normal: ils sortent de l’école publique.

Mieux que jadis ?

La grande caractéristique de notre époque, c’est l’inculture. N’importe qui a une opinion définitive sur des faits historiques qu’il n’a jamais étudiés. Chacun s’exprime sur le « moyen-âge », la Seconde guerre, Pétain ou les Croisades, sans avoir jamais lu le moindre ouvrage un peu fouillé sur la question.

C’est terrible. Et ainsi, on est dans une certitude d’être meilleur, au-dessus. Les régimes politiques ont besoin d’entretenir cette ignorance. Les Nord-Coréens sont officiellement tenus de considérer que jamais la Corée n’a été plus grande qu’aujourd’hui. Les Israéliens de même, les Américains, et tant d’autres ! Les Français sont dans l’obligation de croire qu’ils sont dans « le pays des Droits de l’Homme ».

Y aurait-il un « respect » nouveau, différent du respect de jadis ou des autres écoles ?

Non. Non parce qu’on trouve dans le passé, dans les bonnes écoles, et dans maintes bonnes écoles actuelles, un immense respect de l’enfant. Et pour beaucoup de ces établissements, un respect plus élevé que dans certaines écoles dites alternatives (l’école de la fille de Pierre Rabhi en est une tragique illustration).

Le respect dont parlent ces personnes n’est pas le même que le nôtre.

Leur « respect » est en fait essentiellement un vieux laisser-agir: l’enfant est une sorte d’être intouchable, théoriquement sacralisé et dans les faits négligé, livré à lui-même. Il ne faut pas intervenir, il faut « le respecter », autrement dit en langage clair

  • le laisser se débrouiller,
  • ne surtout pas faire preuve d’autorité,
  • le laisser conduire ses études,
  • ne pas juger ce qu’il dit ou fait.

S’il y a de justes idées de départ, il y a des inversions complètes à l’arrivée.

Déjà, intervenir moins est moins coûteux. Certaines de ces écoles font ainsi de juteuses économies sur le personnel. Dans cette cour d’école démocratique à la ferme, les enfants se battent violemment, personne ne s’en occupe. C’est « respecter » ces comportements, en effet. Reste à savoir s’il le faut. En outre, c’est plus reposant que d’avoir une exigence ou un programme: il y a bien moins de travail à laisser l’enfant baguenauder sans but que de prendre en main de vrais beaux enseignements (qui n’empêchent nullement de laisser aussi l’enfant seul quand il le faut, de respecter sa tranquillité).

Nous avons dit que l’erreur de l’enfant pouvait être bonne et qu’il ne fallait pas le bloquer ; l’erreur peut produire une bonne culture de la recherche et enseigner l’humilité, elle invite à mieux apprendre par des voies différentes, sans s’arrêter au sentiment d’échec.

Mais ce n’est pas pour autant que l’erreur n’est pas une erreur. On voit la glissade. Nous ne sommes pas dans le culte de l’erreur. Si vous voulez progresser en langue étrangère, rien de mieux qu’un natif qui vous corrige à chaque fois que vous faites une faute: rien n’est plus rapide ni efficace.

Mais dans le relativisme de cette génération, tout se vaut, il n’y a pas d’erreur en fait.

Déjà, en 1892, on établissait que la criminalité sortait à 89% des écoles laïques et à 11% seulement des écoles religieuses.

Quoi que fasse l’enfant, c’est toujours respectable. C’est l’a-priori intangible. L’enfant a raison, quoi qu’il fasse. Il n’y a pas d’œuvre plus belle réalisée par un enfant qu’une autre. Et puis, il n’y a pas de différence de sexe, il n’y a pas de distinction. On a à la place un syncrétisme de « valeurs » en pêle-mêle, totalement incomprises de « zen », de « bouddhisme », de coolitude américaine et une pincée de psychologisme à la Françoise Dolto, à laquelle on rajoutera une culture urbaine et du bonheur dans le pré.

Dans ce climat, oser dire qu’il y a une erreur est hérétique. C’est « fasciste ». L’erreur est cultivée.

Ce n’est pas ce que nous disons: si nous aimons l’erreur en ce qu’elle apporte de bon, nous lui trouvons une réponse qui est juste et elle disparaît.

Concurrence, compétition

De même, la concurrence entre enfants est considérée comme l’horeur absolue, il ne saurait y avoir la moindre compétition. Or, si la compétition n’est pas non plus une valeur, pas plus que le respect, elle peut être un outil, tout comme le respect. Et même parfois un outil extraordinairement motivant. Même le Club Med le sait, lorsqu’il organise des joutes de tir à la corde entre vacanciers…

Le respect en tant que valeur essentielle

C’est extrêmement réducteur. Allez donc dans une école d’aviation et dites aux élèves qu’ils auront leur diplôme de pilotes s’ils travaillent leur respect: vous serez à côté du sujet. Il y a des tas d’excellents pilotes… irrespectueux, qu’on essaie d’aider à se corriger certes, mais là n’est pas l’exigence première. Il y a de talentueuses grandes gueules, n’en déplaise aux « bisounours » qui s’effraient et bloquent, en se montrant parfaitement intolérants d’ailleurs, les gens qui s’expriment vertement sur les réseaux sociaux.

Cette insistance à vouloir du « respect » est en fait un formatage digne de l’Education nationale: si tu n’es pas « respectueux », tu sors. » On exclut l’irrespectueux. En fait de tolérance, c’est une tolérance qui n’admet que certains. C’est ce qu’on appelle l’intolérance, en réalité.

Des tas de gens, « irrespectueux » ont pu être dans leur droit, dans leur art, dans leur vérité du moment. Pagnol était irrespectueux en attaquant la corruption des élus dans Topaze, Zola et Hugo l’étaient sans cesse, Bonaparte manquait totalement de respect envers ses congénères mais c’est un mauvais exemple car il fit massacrer la moitié des Français; Garibaldi ou Einstein l’étaient, et beaucoup d’autres.

Depuis quand se permet-on de juger quelqu’un à l’aune de son « respect » ? Le respect ne fait pas l’individu.

Ne « rien imposer »

On trouve, dans la même veine, une énorme mode de « ne rien imposer ». Ni Dieu ni maître, finalement. « Je respecte mon enfant et donc je ne lui impose rien, il ne sera pas instruit/formatté/baptisé »: affirmation tellement courante et populacière qu’on ne peut pas ne pas l’avoir entendue. Nous y avons répondu: « En ce cas, ne donnez pas à manger à l’enfant puisque vous allez le manipuler, façonner ses goûts, le changer malgré lui. Ne lui apprenez pas votre langue, cela va le conditionner, ne lui parlez pas du tout. Ne faites rien en fait car toute action est manipulation. »

Le plus incroyable, c’est que certaines personnes, nous lisant, ne voyaient pas que nous faisions de l’ironie et trouvaient que nous avions raison !

C’est la culture de l’ignorance ; l’idiocratie en marche.

Ces gens ignorent qu’il ne s’agit pas avant tout de « respecter » l’enfant, mais de l’aimer. Et aimer, c’est donner.

Ils préfèrent « respecter » qui est moins engageant.

Car donner, c’est s’investir, assumer, prendre des décisions, faire des choix, discriminer entre diverses options (et oui !), encourager, aider, s’abstenir, blâmer, sévir, nourrir, changer, improviser, élever, fortifier, aguerrir et bien d’autres choses, et dans de justes proportions, avec discernement. Il n’y a pas de mot supérieur, de règle absolue. En éducation, nous citons à nouveau l’excellent Korczack, « il n’y a pas d’opinion définitive ».

Comment se fait-il donc que ces écoles, dont celle de cette fille de Pierre Rabhi, pratiquent à ce point l’excklusion, la menace, l’arrogance, le mépris des parents d’élèves, dont ces deux abonnées qui ont été expulsées parce qu’elles avaient eu le malheur de poser des questions ?

Certains diront: « comprenne qui pourra ». Nous disons: « Logique évidente de postulats faux dès le départ ».

Ce « respect » donne ce qu’on voit fréquemment à l’école, y compris démocratique: vacuité, désespérance, niveau effroyable.

Un dogme

Le respect, qui est pour beaucoup de gens un véritable dogme, une sorte de religion, n’est pas une valeur en soi. Il n’est qu’une conséquence – éventuelle – d’une bonne éducation. Il y a des tas de choses qu’il ne faut pas respecter. Des gens qui agissent mal non seulement ne sont pas respectables en cela mais de plus, ils doivent être combattus. Mais dans ce fatras de bons sentiments qu’on rencontre fréquemment dans le monde de l’IEF, où la sauvagerie et les aggressions sont le quotidien, les choses n’étant pas nettes et toutes faites de sentiments flous et de sincérité pusillanime, on a ce chaos, ces déchirures, ces violences. C’est le grand paradoxe: on juge, on établit des règles fondées a priori sur de bons sentiments, en ignorant totalement ce que cela peut donner (et c’est d’ailleurs une preuve que ce petit monde manque profondément de culture).

Ce n’est pas nouveau

Nous avons déjà montré l’inanité de ces postulats et combien ils ont déjà sévi. Car non seulement ces idées sont fausses mais cela fait des centaines d’années voire des milliers d’années, qu’elles ont été essayées. On a vu en Grèce des expériences de ce genre. L’Afrique en a été pleine, de même que l’Amérique des colons, les communautés villageoises de l’Europe médiévale, les kibboutz en Israël, les communautés pirates des îles marquises ou de l’île Bourbon… Les exemples pullulent.

L’admirable, c’est que des gens sont persuadés d’inventer. Il est tout de même fascinant de les voir déclarer publiquement leur fierté d’avoir prétendument découvert quelque chose. Nous en sommes affreusement gênés pour eux. Rien de nouveau sous le soleil. L’ignorance éducative est en fait une grande constante, spécialement dans le monde laïcard dont le caractère particulier est de faire surgir à chaque génération des bataillons de gens qui, ignorant tout de ce qui les précède, croient avoir inventé quelque chose…

De plus, l’école fonctionne de la même manière !

Cette manière de fonctionner est en réalité calquée sur le schéma de l’école publique. Car ce qu’ils semblent ignorer, ces prophètes du « respect », c’est que c’est exactement aussi le discours de l’Education nationale. Il suffit de lire. Les ministres sont avant tout des « pédagogistes », qui estiment que l’enseignant n’a pas à délivrer un savoir et que son rôle doit surtout se contenir dans de l’animation. Ces gens, en fait d’opposants au système, sont en réalité complètement dans sa logique. Il faudrait tout changer, changer de déterminismes etc… Rien de nouveau, c’est l’obsession du changement et du neuf, avec de la matière vieille comme le monde.

A l’école publique aussi, on fait de grandes déclarations, de grandes réformes, en remettant à la mode de vieux trucs repeints à neuf.

Et pas toujours en mieux.

Le respect de l’enfant, qu’est-ce donc ?

C’est tout d’abord pour eux un respect de l’adulte vis-à-vis de l’enfant, mais ce ne doit pas trop être un respect de l’enfant vis-à-vis de l’adulte. On constate aussi que ce n’est guère un respect des enfants entre eux.

Les enfants de ces écoles étant circonscrits à cette seule valeur, ils baignent la plupart du temps dans une culture à mi-chemin entre l’amitié et le désintérêt pour les autres. Nous le voyons distinctement. Et cette cote mal taillée débouche assez vite sur le mépris. Dans toutes les écoles où le mot d’ordre est le respect de l’autre, sans l’émulation de groupe, il n’y a pas d’esprit de corps. La cohésion est inexistante. N’imaginez plus des réseaux de résistance: l’individualisme a transformé la génération de 40 en celle de 2000, qui n’a rien de plus pressé que de contester son frère.

C’est le libéralisme à l’aune de l’individualisme. Evidemment: si chacun a raison est est fondé à faire tout ce qu’il fait ou ne fait pas, chacun est le roi. Donc personne ne l’est.

De là, on a un désanchantement. Tel enfant est triste. La maman s’en inquiète et va en parler avec la directrice de l’école alternative: « Mais madame, votre enfant est triste, oui, mais c’est parce qu’il veut plus que les autres, il veut dominer, il veut être au-dessus des autres. Nous, on sait pas faire. C’est pas dans notre charte ».

Ce langage bureaucratique illustre une incompétence. L’enfant n’a pas besoin de « dominer », il a besoin d’exister, en tant qu’être unique. S’il est sans cesse traité comme les autres, il n’existe pas. Ainsi, ces écoles reproduisent le modèle anglais du XIXème, qui est LE modèle haï du Cercle des poètes disparus.

Le « respect de l’enfant », sorte de valeur autocontemplative et satisfaite: les enfants en miroirs neutres les uns des autres…

Distingué

Tout enfant a aussi besoin d’être distingué parmi les autres. Il a besoin d’élévation, d’enchantement. Or, ces structures, par définition, ne peuvent proposer d’enchantement qu’en groupe, de manière collectiviste, autrement dit incompatible avec l’enchantement véritable.

Ce serait le groupe qui définirait la norme. C’est aussi ce que dit l’Education nationale, là encore.

Or, l’émerveillement n’est pas réellement partageable. La dimension essentielle de l’être est unique. Et non collective. C’est aussi ce qui distingue l’être pensant de l’idéologie.

On a certes une culture de fête en groupe, des ambiances de « sorties de stade », de célébrations footbalistiques. Cela reste pauvre, infiniment loin de suffire.

Ce n’est pas d’abord de respect que l’enfant a besoin

Ce n’est pas essentiellement de respect dont l’enfant a besoin. Pas essentiellement. Le respect ne peut venir qu’après, qu’en aval, à condition qu’un certain nombre de choses soient faites, que des conditions soient remplies.

Passe avant par exemple l’admiration. Un enfant qui a admiré quelqu’un peut le respecter véritablement. Mais le respect avant l’admiration ou l’amitié est une pure vue de l’esprit.

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