Dans cet article consacré à l'autorité, nous avons parlé de sagesse. Voyons aujourd'hui ce que peut être une bonne erreur.
Il est bien établi depuis des siècles que l'erreur est utile et féconde.
Une erreur peut être une bonne erreur
Les parents ne savent pourtant pas toujours comment accueillir cette erreur. L'enfant se trompe, la réponse du parent est souvent: "Non", ou "faux", et rien d'autre. L'enfant est invité à trouver d'autres réponses. Il arrive même que le parent s'agace, ce qui va amener l'enfant à noter qu'il détient le moyen d'agacer son parent et s'en servir.
On peut faire en sorte qu'une erreur sans gravité, juste sans intérêt, devienne une bonne erreur, passionnante.
La première des choses est de vous montrer très tolérant vis-à-vis d'une erreur. Une erreur violemment rejetée va avoir tendance à favoriser la dissimulation ou le mutisme chez l'enfant, pour ne pas subir vos foudres. Il va éviter de se retrouvé cloué au pilori par tous les moyens, et un enfant a beaucoup d'imagination: l'enfermement par exemple, ou la réponse délayée, ou la bonne excuse pour ne pas savoir etc. Évidemment, se faire sanctionner pour une erreur va aussi lui faire ressentir un déplaisir à travailler avec vous et cela va vous coûter plus d'efforts. Enfin, il ne va pas récolter les fruits succulents d'une erreur bien accueillie, autrement dit une bonne erreur ! Car une erreur devient bonne selon ce que vous en ferez du bien.
Accueillir l'erreur
Disons-le tout de suite, il y a lieu d'accueillir l'erreur. Sans ironie, avec joie.

Si c'est une simple erreur de date en histoire par exemple, il n'y a pas lieu de déboucher une bouteille de champagne, il n'y a pas grand chose à dire voire rien, évidemment. Il faut simplement indiquer que ce n'est pas la bonne réponse etattendre, voire donner des indices à l'enfant pour qu'il puisse la retrouver.
Mais si c'est une erreur de raisonnement ("la surface du triangle est égale à la somme de ses côtés" par exemple), une erreur historique ("le roi de France avait absolument tous les pouvoirs, c'est pour ça qu'on disait qu'il avait un pouvoir absolu"), ou une erreur conceptuelle ("l'être humain, ça sert à polluer la terre"), alors vous avez une merveilleuse occasion de faire progresser votre enfant. Il y a lieu, non pas de rejeter la proposition mais de l'accueillir: "Très intéressant", pouvez-vous dire, ou "je trouve ça très intéressant", et vous pouvez enchaîner par "Pourrais-tu développer cette réponse ?" ou "Je voudrais te poser une question..." avec une question ciblée pour l'inviter à reprendre son raisonnement depuis le point de départ. Ou depuis le point d'arrivée d'ailleurs, car aller jusqu'au bout d'un raisonnement est un excellent moyen de le démonter. Quand l'enfant dit que "les hommes ça pollue la Terre", demandez-lui s'il vaudrait mieux qu'il n'y ait plus d'hommes sur Terre, automatiquement il va dire "non, mais..." il va élaborer une réflexion qui va au-delà d'un énoncé un peu court.
Ensuite, vous allez laissez l'enfant, avec des indices, aller vers la bonne réponse (ou une bonne réponse). A ce moment-là, ne passez pas tout de suite à (...) la suite est réservée aux membres accompagnés, pour activer votre accès membre, passez par ici. Déjà membre accompagné ? Connectez-vous dans le menu du site (en cas de souci, voir la FAQ)
Bonjour,
Je suis éducateur spécialisé du côté de MONTPELLIER.
Merci pour l’article…
Quelques petites citations:
– « L’erreur est humaine, admettre la sienne est surhumain » (Doug Larson)
– « Quel homme est sans erreur ? Et quel roi sans faiblesse ? » (Voltaire)
– « Il arrive que l’erreur se trompe » (Georges Duhamel).
Je pense que l’erreur est en effet source d’apprentissage et c’est pourquoi l’accompagnement dans et après l’erreur est essentiel. Elle n’est donc pas un » échec absolu ». Dans la vie, on ne perd jamais, des fois on gagne, des fois on apprend !!
A bientôt,
Cordialement,
Anthony Lecomte.
Cécile, vous avez tout juste ! Y’a pas d’erreur !
J’ai travaillé sur les stades de développement cognitif de l’enfant selon Piaget et les ai expérimentés avec des élèves. Après les tout petits, il y avait le stade préopératoire, puis celui des opérations concrètes de 7 vers 12 ans, enfin celui des opérations formelles. Effectivement, c’était en général exact. Un peu de bon sens nous fait éviter de poser des questions trop complexes ou abstraites à des petits. Mais on peut être surpris ! Quand je serai grande je serai une fée dit une petite de quatre ans. Les fées ça n’existe pas rétorque son frère. Si ça existe explique la grande sœur de huit ans, ça s’appelle un psychologue, ça aide à faire grandir ! Ne croyez pas que je sois fan des psy absolument mais c’est une belle définition. Et puis on aimerait tant que ce soit vrai ! Ainsi d’un coup de baguette magique ils changeraient nos petits ignorants en génies !
Le prof doit se demander aussi s’il n’a pas une part de responsabilité dans la manière dont il a expliqué aux élèves et dans la manière dont il a posé la question. Il peut lui-même introduire l’erreur. Le parent aussi peut se le demander. Il y a de mauvais profs, mais j’ai entendu des parents compliquer des notions très simples, tellement ils voulaient bien faire.
Puis il faut voir si le môme s’est trompé en croyant ferme avoir raison comme Dimitri, 7 ans, qui écrivait « fleure » parce que l’on disait une, et « anniversair » parce que l’on disait un ! Et têtu comme la mule ! On est allé chercher le dictionnaire, qu’auriez-vous fait à ma place ?
Ou bien l’enfant s’est trompé par manque de maturité : « Je sais les faire les problèmes avec les oranges, il faut faire une addition » (Sarah 6 ans). On peut se demander si l’adulte n’a relié les additions qu’à des oranges, mais j’en doute.
Encore une erreur fréquente, le môme en a jusque-là des questions et il répond n’importe quoi pour clore la séance. Des fois ça marche. L’adulte ne supporte pas une réponse à la noix, mais il lui arrive à lui aussi d’en avoir par-dessus la tête de la mauvaise foi. Il peut souffler à l’enfant une réponse encore plus fausse, délirante, et si on en rigole ensemble, on a gagné !
Et surtout Cécile, je suis d’accord avec vous, il ne faut pas lui dire à cet enfant que l’on « s’est trompée en choisissant son mari ! » (puisque, pire qu’une erreur, c’est un mensonge…).
Bel article, merci!
Je crois également qu’une erreur est toujours prétexte à progresser! Les artistes en sont de bons exemples.
J’aimerais vous raconter une anecdote.
J’aime avec mon petit de 4 ans et demi prendre ses erreurs comme point de départ pour inventer des histoires simples qui facilitent l’apprentissage . La semaine dernière par exemple, il mélangeait le « b » et le « d » minuscule en lecture, nous avons cherché ensemble ce qui les distinguaient, puis enfin… nous avons trouvé! Nous avons découvert que le « b » minuscule à tout simplement perdu la « boule » du haut qui lui permettait d’être Majuscule. C’est simple, mais avec de telles images, il ne se trompe plus!
C’est sympa d’avoir aposé ensemble ces deux mots : bonne erreur. L’erreur comme point de départ.