La contestation est dans la culture maladive de la société française (et occidentale); la contestation de l’enfant est d’autant plus admise, quoiqu’en général, l’adulte s’arroge davantage ce droit. N’empêche, les enfants modernes sont plus contestataires.
- Si c’est simplement que l’enfant n’est pas d’accord avec vous sur l’école à la maison, ou si vous vous demandez s’il faut lui demander, voyez plutôt cet article. Nous voyons ici la contestation de l’enfant et l’ego.
- L’enfant est dans le jugement (y compris de lui-même ?). Voir L’enfant qui se juge
Au lieu que l’enfant apprenne ou fasse une chose de ses mains, il parle, il discute, il se regarde lui-même, il juge son travail, son apprentissage. On l’a amené à tout repenser.
A parler, au lieu de faire.
Vous savez que les maladies naissent souvent dans la tête. Or, c’est là qu’on plante du trouble, avec le choix et le droit de tout repenser.
Qu’est-ce qu’un psychotique ? Quelqu’un qu’on a trop encouragé à juger, repenser, contester. La folie de penser pouvoir être un être sans limites, détruit les limites de la folie qui alors s’engouffre dans ces pensées.
Alors, en préalable, disons qu’il est excellent et nécessaire que l’enfant s’exprime. Un petit enfant qui conteste a des choses à dire. Pour autant qu’il ne s’agisse pas d’un déni, d’une remise en cause. Dialoguer n’est pas se rebeller. De plus, il a besoin de s’approprier les idées et de concevoir son propre jugement.
Il ne faut pas confondre discussion et contestation. Distinguez. Il en va de la santé intérieure de votre enfant. Freud arrive dans la société occidentale après la première Guerre mondiale et c’est à partir de là qu’on a le suicide de masse. Lui-même confiait à Jung en arrivant à New-York, voyant la foule qui les acclamait: « Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste. » C’était prophétique. La peste mentale allait faire des ravages.
Certes, il y a d’autres facteurs. Mais la révolte intérieure, la perte d’une sagesse naturelle, d’un équilibre tranquille, y sont pour quelque chose. On commence à se disséquer intérieurement. Et c’est forcément désespérant si l’on n’a pas… d’espérance, justement.
Obtenir de votre enfant qui est dans l’intellectualisation et l’analyse permanente est devenu une torture. Pour vous, mais pour lui aussi. Parce qu’il passe par la case mentale « validation » ce qui devrait être naturel.
On arrête l’enfant dans son élan lorsqu’on parle de ce qu’on est en train de faire. Faisons sans débattre.
Nous avons amené l’enfant dans le monde fou de Freud. L’enfant psychote. Et nous avec lui.
Quand cela a-t-il commencé ? Quand vous-même avez amené des débats intérieurs. Ce n’est pas votre faute, c’est dans la culture. L’introspection est excellente. Mais psychologiser, « psychoter » comme on dit – et c’est ce que fait la majorité des gens sur Facebook -, c’est nocif et vain.
En Occident, on est beaucoup trop dans l’égo, le regard sur les autres, sur soi.
Les bons maîtres de karaté, jadis, ne permettaient jamais qu’on discute. Ils imposaient. On exécutait mille fois et ensuite, éventuellement, dans les vestiaires, on pouvait causer une minute ou deux. Mais le reste du temps: au boulot et en silence ! Pas un mot sur le tatami.
Au lieu d’exécuter simplement et sans contestation préalable, il y a débats, négociations, justifications. On est dans la société soi-disant « sans Dieu ni maître » et archi-entravée par des revendications, des acquis, des réflexes, des us et coutumes compliqués, des impossibilités de toutes sortes. Comme tout le monde a forcément le « droit à l’écoute », on fait du « consensus » qui empêche les progrès: d’où la fossilisation générale.
Le mot obéissance est rejeté violemment, pas question d’obéir, contestons ! faisons des manifs ! Tout cette agitation rend malade la société, ne sert évidemment à rien et crée l’idée que chacun peut juger ce qu’il veut.
De là, on commet cette erreur dramatique de confier le choix à l’enfant. Il le porte sur lui et ça l’écrase. Pensez à vos hésitations devant un étal de supermarché où il y a trop de choix: vous remuez des pensées confuses, ce n’est pas clair, c’est même perturbant. Ou quand vous prenez un billet d’avion, au moment de payer, on vous demande si vous voulez une assurance-annulation, et vous hésitez: si quelque chose vous empêchait de partir ? Cela distille du trouble. Redoutable !
La contestation de l enfant est inéluctable… s’il doit choisir !
Si vous donnez le choix à chaque fois, vous amenez un trouble, un dilemme pour être exact.
L’enfant dans ce cas a des blocages, qu’il résout en choisissant la solution de facilité dans presque tous les cas. Or, cette solution ne vous plaît pas et vous voilà en conflit. Blocage.
Les adultes font la même chose. Ils vont plus facilement faire un procès à leur employeur que d’aller le trouver une fois, deux fois, trois fois, pour essayer de s’entendre, pour essayer de lui pardonner; trop dur pour eux. Ils vont plutôt se retrouver dans un procès qui leur coûtera 5 ans de vie et 15.000€. On choisit une voie de facilité qui en fait complique tout.
L’effort est plus dur au premier stade. Il facilite ensuite les choses dans la mesure où il vous apporte moins d’embarras. La vraie facilité, c’est donc en fait l’effort. C’est lui qui va vous libérer. L’effort ne coûte que quelques instants. Regardez l’image de l’accouchement. Vous préféreriez que l’accouchement dure un an, avec des douleurs plus étalées, ou qu’il ait lieu en quelques instants et qu’on en finisse ? Et oui, on préfère que les choses en finissent, on n’a pas envie de payer éternellement.
Les contestations et les remises en cause ne font que reporter le problème, diluer mais sans rien arranger. Ce serait bien plus simple de faire les choses en se déconnectant. Quand vous passez l’aspirateur, ne vous dites pas « je passe l’aspirateur et je déteste ça », déconnectez-vous en faisant les choses tranquillement. Sans essayer d’aller vite.
De même, déconnectez l’enfant. Qu’il ait totalement l’habitude de s’y mettre. Discuter bousille tout.
Les petits Chinois ou les petits Japonais ne connaissent pas ça. Ils apprennent cent fois ce que les petits Occidentaux apprennent, sans se poser de question. Ils sont dispos, leur cerveau est dispo, ils reçoivent comme des vases. Nous, on a des enfants bouchés. On a des petits syndicalistes à la maison. On leur a appris à « penser par eux-mêmes » et ils ne font plus.
Alors, oui, nous souhaitons que l’enfant acquière une maturité et une autonomie mais cela passera par une obéissance. Il aura une liberté à l’intérieur de règles. Comme dans n’importe quel sport ou n’importe quel art.
Il apprendra non pas à contester l’ensemble mais le particulier: il ne rejette pas l’exercice mais il peut remettre en cause la méthode pour résoudre l’exercice: pourquoi pas ? S’il a une autre option, voyons-la, qu’il expérimente sa propre méthode.
Évitons de psychologiser.
Tout passe beaucoup trop par le mental et pas assez par les mains, le corps. Au lieu de dessaisir, de lâcher prise, on implique son mental, sa fierté, son bon-vouloir. C’est là que ça devient la guerre. Pourquoi l’Occident est-il belliqueux et fait-il la guerre à tout le monde ? Parce qu’on commence par le bon-vouloir des bambins. Il a un choix là où il ne devrait pas forcément l’avoir. Non pas que la discussion ou le choix soient néfastes en eux-mêmes, ils le sont au mauvais endroit. On peut bien discuter de « comment vais-je étudier l’Histoire de Marie Curie » mais on ne le devrait pas de « vais-je étudier Marie Curie ? » Il y a des questions qui ne se posent pas. De même qu’on ne discute pas gentiment de « est-ce que je vais essayer la cocaïne ? » Il y a des choses irrémédiables.
Où admettre la contestation de l enfant ?
Il peut y avoir une contestation au sujet de la présentation d’un problème ou d’un interprétation historique: cela n’en enrichit que plus l’enseignement. Mais pas sur le fait d’enseigner ou d’apprendre. Ou de suivre des consignes.
Les discussions ne peuvent donc exister que dans l’acceptation initiale: oui, je me dois de travailler, d’apprendre, d’avancer, de découvrir. Et cette acceptation ne doit pas recommencer chaque matin. C’est ancré, c’est acquis. Le parent doit le considérer comme totalement acquis. C’est dès la racine du mal, dès que l’enfant tente une esquisse d’essai de brouillon de schéma de semblant de remise en cause, que vous devez être là et dire: « Non ! » N’attendez pas qu’il ait dit les mots fatals: « Je ne veux pas travailler ! »
Alors, s’il en est là, sans doute savez-vous aussi que votre méthode n’est plus adaptée. Nous en parlons par ailleurs.
Mais nous en sommes maintenant à un stade avancé où vous devez être à un bon niveau et où il n’y a plus de remise en cause, de révolte totale. Il peut ne pas être très en forme ou rechigner, mais tout remettre en cause, non.
Imaginez que vous êtes partis en famille en haut de la montagne. Il est normal, une fois arrivés à 20 mètres du sommet, que l’enfant dise: « Je n’en peux plus, on fait une pause » mais il serait anormal qu’il dise « Je ne veux pas faire cette ballade ! » Voyez-vous ?
Imposez ! Soyez le capitaine du navire et non pas le délégué syndicaliste qui amène la division à la maison avec des bons sentiments. Les bons sentiments amènent le conflit, nous vous le disons souvent. Il vaut mieux être net que gentil. La vraie bonté n’est pas gentille. On n’est pas là pour juger et sentimentaliser ce qu’on fait mais pour faire. L’enfant a besoin d’avancer. La pratique, c’est la main, pas la bouche.
Imposez avec joie et plaisir, bien sûr, mais imposez. Nous vous montrons comment faire tout au long de l’accompagnement. Comme l’enfant en vient à apprendre vraiment et avec plaisir.
Vous allez faire du propre. Chasser tout ce qui est psy et autocontemplation. Chasser les bavardages et les négociations.
Que de blabla en Occident !
On préfère le blabla à la discipline, les classes sont des champs de bataille, hors de question de faire de la discipline ! Mieux vaut que tel bambin se fasse harceler que d’intervenir. S’il se suicide, pas grave, personne ne sera inquiété, les encadrants ne sont jamais responsables (incroyable tout de même de leur confier nos enfants, non ?). On a évacué l’ordre, l’autorité, le respect, les règles, et donc très vite la grammaire, l’orthographe (c’est si douloureux, vous comprenez…) et tout le reste. Les Chinois et les Japonais apprennent des dizaines de milliers de cas particuliers mais nos enfants, après en avoir appris 10, les pauvres, ils ont besoin de vacances. Surtout ne rien demander de trop.
C’est quasi-obligatoire dans le monde de l’éducation alternative : ne plus rien imposer, se laisser bercer par le plaisir de l’autosatisfaction de n’être plus un maître, le plaisir de ne rien imposer: c’est de l’orgueil. Et il est interdit d’interdire. Contradiction. L’enfant ne compte plus, on se fait plaisir avec ces méthodes, en réalité. Beaucoup d’éducations dites alternatives ne sont que de l’autopromotion égoïste de méthodes dites nouvelles (en fait éculées depuis les années 60) où l’on ne demande plus rien à l’enfant pour satisfaire un libéralisme total et stérile. Il y a là une influence américaine, une fois de plus.
Et cela vient des villes, où on a le temps de « penser ».
Comme le dit cette maman, vous croyez que la maman lionne fait douze fois le tour de la savane pour expliquer pourquoi on croque les gazelles à ses petits, et comment on le fait ? Ou qu’elle leur dit: « Les pauvres, c’est malheureux, mais on est bien obligé ! » ? Eh bien ! non, figurez-vous, elle emmène les petits et attrape la gazelle devant eux. Elle fait. Elle exécute. Et ils s’y mettent dare-dare sans causer. Ils font leur boulot. Faites votre boulot. Apprenez à l’enfant à faire son boulot. La causette, ce sera la récompense.
Que fait l’école, royaume du désastre éducatif ? Du blabla. On a établi le blabla du consensus hypocrite et, bien sûr, les diagnostics, qui sont encore et toujours du blabla. L’enfant ne sait pas la conjugaison ? C’est qu’il est dys. Voilà comment on sauve les apparences.
Voilà la réalité dominante du système scolaire. Une imposture.
Nous nous occupons d’enfants qui ont des 16 et des 17 à l’école et qui ne savent absolument RIEN ! Rien de rien.
La faute à qui ? Ils sont dans une culture de l’autocontemplation, de l’autosuggestion, de la critique, de la révolution, de la psychanalyse totalement infertile. Tout ça appartient au même monde: c’est un poison qui vient de la politique et du monde médical. Le monde politique psy a amené la frigidité générale.
Moi, je. Moi, je ! On demande aux enfants de venir à l’école, d’être là, et de « communiquer ». Pas de savoir quoi que ce soit ou d’accomplir une vraie tâche, ni de faire quoi que ce soit de sérieux. Du moment qu’ils parlent, tout va bien.
Et vous faites pareil !
Mon fils est ci, ma fille est ça. Mon fils n’arrive pas à faire ceci et ma fille n’arrive pas à faire cela.
Stop ! Comment le pourraient-ils ? Qui le leur a appris ? Nous voulons dire: sérieusement appris ? On juge en permanence. « Mon enfant a telle maladie ». Vous direz que votre enfant est dysorthographique quand il aura fait 500 dictées. Combien en a-t-il fait ? 12. Peut-être 20. Ne dites pas qu’il en a fait 500, c’est inexact. Alors, ne dites pas qu’il est dysorthographique. D’ailleurs, voyez ceci:
Et on dit: « Il est dysorthographique. »
Ne plus arrêter à un instant T
Diagnostiquer, c’est juger. On arrête tout à un instant T et on observe. Non ! Vous n’avez pas à arrêter. La vie, c’est un déroulement, c’est une série de réussites et d’échecs. Vous n’avez pas à arrêter l’enfant et à le juger. Regardez-le en mouvement, en perspective, voyez ses progrès. Ne le disséquez pas.
On juge. Or, il est dit: « Tu ne jugeras point. » Et pourquoi donc le Christ dit-il ça ? C’est parce qu’il ne faudrait pas avoir ce regard accusateur sur l’autre ? essaie le judaïsme hébraïque. Non. Cela n’a rien à voir avec le problème, ou si peu ! Le problème, c’est qu’on regarde l’être pour ce qu’il est et non pour ce qu’il fait, non pour ce qu’il donne et donnera, non pour ce qu’il produit et produira. On arrête le temps, comme Dieu, on se pose en juge supérieur, on se veut Dieu en disant: « Qui es-tu ? » C’est la question que Pilate pose. Question que seuls peuvent se permettre les héros de l’Olympe.
Or, on est d’abord par ce qu’on fait. On juge l’arbre aux fruits. Et pas aux fruits verts. Aux fruits de la maturité.
De tous les mauvais usages que l’on peut faire de la prière et les sacrements, de tous les abus, de toutes les perversions de la prière et de l’usage des sacrements, aucun n’est aussi odieux que cet abus de paresse qui consiste à ne pas travailler, à ne pas agir, et ensuite et pendant et avant à faire intervenir la prière pour combler le manque (Charles Péguy).
Comment l’école ose-t-elle juger les enfants ? Comment ose-t-elle, elle qui refuse qu’on la juge ?
« Il ne faut pas de l’avoir mais de l’être » ? Même pas !
Les philosophes humanistes ne cessent de clamer « Vous jugez à l’avoir, jugez à l’être ! »
Non plus ! Jugez aux œuvres plutôt et fichez la paix aux êtres. Sentimentalistes béats, autosatisfaits, égocentriques maladifs ! Vous êtes dans le culte de vous-mêmes. Cessez de leur fouiller les entrailles, de les sonder, de regarder le bout de leur nez, de les dévêtir à la manière de Freud, ce grand malade mental dont Jung disait qu’il se comportait comme un enfant de 3 ans.
On l’a dit, il faut cesser de se concentrer sur l’être. L’être n’a en fait aucune importance. Il y a des milliards de gens et il en vient d’autres milliards. Arrêtez de vous regarder le nombril. Les œuvres seules comptent. Est-ce que votre grand-mère vous jugeait ainsi ? Passait-elle son temps dans les officines des « spécialistes » ?
Ainsi, vous voudriez juger l’enfant. Mais il n’a encore rien fait ! Aussi, nous disons aux mères: cessez de juger l’enfant à sa maladie et la couleur de son eczéma: l’enfant guérit de tout par l’envie de ce qu’il va faire. Quelle envie lui donnez-vous ? Que lui proposez-vous de faire ? Pouvez-vous cesser de tout arrêter à l’instant présent ? Laissez la vie continuer. Pouvez-vous faire cesser cette auto-contemplation suicidaire ? Cette auto-contemplation dont l’enfant se fout, parce qu’il a des rêves. L’enfant ne se sauve que par ce qu’il va faire.
Envoyez promener vos jugements personnels, donnez du projet, parlez de demain et ne vous arrêtez que le jour où il y a un pleur. Une minute ou deux. Vous, seul avec lui. Et personne d’autre. Ensuite, reprenez le chemin. Parce qu’on guérit de tout, oui, de tout, si l’on veut bien laisser faire la nature qui recommence tout, qui panse tout, qui rebâtit tout (exactement comme elle recoud la plaie faite à la main).
Démolissez vos jugements et vos égos.
Ne laissez pas l’égo posséder votre enfant en l’habituant au jugement. Soyez bon: fichez-lui la paix, gardez vos distances, envoyez paître les psys, éloignez les médecins et tous les polluants à deux pattes.
Donnez à faire et à accomplir.