Une lettre excellente pour défricher les malentendus !
Notre réponse:
Bonjour Laurence,
vous évoquez la précocité "testée et reconnue", mais par qui ?
Rien à voir avec les apprentissages, dites-vous ?
Rien à voir sans doute non plus avec une quelconque capacité ?
Mais tout relève de l'apprentissage, il n'y a pas une seule capacité cognitive qui ne vienne pas d'un apprentissage.
Ce n’est d’ailleurs pas la dessus que portent les tests mais sur les capacités de raisonnement.
Cela ne nous étonne pas car les tests sont tous, à notre connaissance, nuls et non-avenus.
La faculté cérébrale ne vient pas par les gênes, ou du moins la prédisposition favorable génétique ne concerne que 0.01% de la capacité totale de l'enfant. La part du génétique est pour ainsi dire inexistante. Ainsi, penser qu'un enfant "est comme ça" relève d'une croyance fondée sur rien, et vous ne pourrez produire aucun examen concluant. D'où l'inanité des tests.
Un enfant qui a de bons raisonnements a été sollicité convenablement. Cela ne vient pas de naissance mais de conditions qui lui ont été offertes, souvent par des parents plutôt au-dessus de la moyenne. Ou par lui-même: il s'est intéressé et a pu trouver des éléments qui ont aidé à cultiver sa capacité à raisonner.
"La capacité de raisonnement" s'entretient, elle se cultive. Et elle dépend toujours d'un apprentissage. On n'a jamais vu un bébé raisonner: cela vient plus tard, avec un entraînement, n'est-ce pas ? Donc, c'est de l'ordre de l'acquis, et non de l'inné. Apprentissage de tous les jours, mais aussi scolaires. Croire qu'on peut mettre les apprentissages scolaire de côté n'a pas de sens, ce sont des apprentissages comme les autres.
Votre idée, c'est de dire que l'enfant a une sorte de don.
Mais il n'a en fait qu'une capacité qui a été développé à cause de sollicitations. Et nous vous en félicitons: vous y êtes sans doute pour quelque chose, et ces sollicitations lui convenaient, à lui.
Vous dites:
Ce ne sont pas les enseignants qui font passer les tests. Encore moins qui peuvent déterminer une précocité. Les enseignants d’hier comme d’aujourd’hui ne savent déceler la précocité. Encore moins la gérer. Les exemples dans l’histoire ne manquent pas (Edison, Einstein ...)"
Ni aucun spécialiste ! Pour une raison très simple: la précocité n'existe pas dans 99% des cas. C'est une norme établie par besoin d'avoir des comparatifs.
Mais nous pouvons vous dire que beaucoup d'enseignants parlent bien de précocité, parfois à raison, parfois à tort.
Et puis, dans la quasi-totalité des cas, la capacité de l'enfant dit précoce ne dépasse pas celle de l'enfant moyen de 1950. Dire précoce un enfant qui en 1950 aurait passé pour tout à fait normal est sans fondement.
Ni Edison ni Einstein n'étaient précoces, justement !
Edison a été un enfant totalement normal, il a d'ailleurs eu un conflit avec Tesla, ce qui montra qu'il avait du retard plutôt que de l'avance.
Tesla, oui, on peut se poser la question.
Einstein ? Sûrement pas, c'était un élève moyen. Lui et Edison étaient totalement normaux. Einstein était plutôt faible et du reste, il doit tout à Henri Poincaré, Michele Besso et d'autres. Poincaré était-il un précoce ? C'est possible. Il est possible qu'il ait eu un gêne un peu spécial. Mais nous sommes prêts à parier qu'il a été sollicité de manière convenable pour en être là, avec une alimentation et des expériences ad hoc. Voilà le secret essentiel de la "précocité".
Einstein n'a su faire essentiellement que du marketing scientifique, c'est-à-dire vulgariser des découvertes faites par d'autres, et il le dit lui-même.
Vous dites aussi: "Mon second 3 ans et demi, Il compte, lit, s’interesse à tout. Cela ne le rend pas précoce intellectuellement"
En effet, il est comme tous les enfants. Comme son aîné. Même s'il vous semble différent: vous notez des capacités de l'aîné mais ne voyez pas celles du second soit parce que vous ne les voyez pas du fait que vos critères sont spécifiques, soit parce que vous ne les sollicitez pas, soit parce qu'elles sont encore en sommeil.
C'est soit l'un soit l'autre cas parmi ces trois.
Le concept de précocité est une imposture. Tous les enfants peuvent dépasser votre enfant dit précoce après 3 mois de sollicitations justes. A part les sujets pathologiques, évidemment.
Tous les enfants sont, dans ce cas, des précoces. Autrement dit aucun.
Et tous les précoces déclarés sont comme les autres: le reflet des sollicitations qu'ils sont subies.
Puis: "même si une précocité d’apprentissage sur ses pairs est indéniable"
Mais ses pairs ne sont pas des modèles, le niveau étant exécrable. Vous êtes en 2017: le niveau est horriblement nul, comme nous le disons dans l'article.
Que se passerait-il avec des enfants de milieux mieux sollicités ? votre enfant, en présence des nôtres, vous paraîtrait-il précoce ? Doutez-en. Et les nôtres ne le sont pas.
Bref, avez-vous vu un enfant qui ait parlé 8 langues à 6 ans sans qu'il ait été spécialement sollicité ?
Annexe:
Effusion de tromperie sur le net. Les enfants surdoués, par exemple.
On nous envoie ceci, un extrait de texte racoleur:
"L’enfant provocateur, un créatif anticonformiste
L’enfant provocateur est un enfant surdoué dont la personnalité est marquée par une forte propension à penser de manière divergente par rapport à la normale."
Puis: "Ce type d’enfant fait généralement montre d’un haut degré de créativité et peut paraître obstiné, manquer de tact, ou faire preuve d’un mauvais esprit par trop sarcastique."
Là, des milliers de parents se disent: "C'est exactement ça !"
Voici ce que nous répondons, et il nous semble que cela intéressera tout le monde:
[Déjà, quand vous lisez ce genre de choses: "L’enfant provocateur est un enfant surdoué dont la personnalité est marquée par une forte propension à penser de manière divergente par rapport à la normale", méfiez-vous.
Pratiquement tous les enfants ont tendance à penser de manière divergente.
Et nous, nous pensons de manière divergente par rapport à ce genre de discours facile.
On vous flatte, dans ce genre de propos. Vous avez l'impression d'avoir trouvé une explication.
Or, un enfant provocateur n'est pas forcément surdoué, il est peut-être tout simplement mal élevé, on l'a laissé faire trop souvent ce qu'il voulait.
Récemment, une maman réagissait vivement l'un de nos articles, qui parle d'éducation bienveillante.
Elle disait: "C'est l'article de trop !"
Elle expliquait que son enfant était devenu très dur, et qu'elle essayait d'éviter des "accrochages".
Elle en avait marre qu'on lui parle de bienveillance alors qu'elle avait des conflits à la maison.
Nous lui disions aussitôt que l'éducation bienveillante se situe bien sûr à un degré où l'enfant ne remet pas en causes ses parents. Il est totalement illusoire de penser qu'un enfant qui est en guerre contre ses parents va être réceptif à une éducation bienveillante.
En ce cas, l'enfant est tout simplement naufragé et il va falloir aller le repêcher, avec énergie et autorité.
Nous lui disions qu'il était hors de question de se mettre en situation d'avoir des accrochages avec l'enfant ! Il n'a pas à nous combattre, à nous remettre en cause. Vous êtes le capitaine à bord. Sinon, vous écoutera-t-il lorsque, traversant le passage clouté devant un camion, vous lui direz "demi-tour !" ?
Il en va de sa vie, de son équilibre. Il a besoin de vous en tant que référence.
Or, sur ce point, tout le mouvement dit "bienveillant" déserte totalement.
Cette maman avait raison, en nous lisant rapidement: elle en avait "marre" de ce discours qui va sans cesse excuser l'enfant, tout en démissionnant, en réalité.
L'enfant provocateur serait-il donc surdoué ? Quelle ironie ! L'enfant provocateur est peut-être surtout un enfant qui cherche des limites, qui est en quête d'une autorité, d'un modèle. Et cela, il n'a pas fallu attendre 20.000 ans pour le savoir.
On voit l'impact de certaines théories politiques nées de l'ignorance publique : la rébellion serait bonne par essence. C'est le mythe des gentils révoltés. L'enfant qui serait provocateur aurait un "plus".
Eh ! bien, non, pas forcément.
Nous parlerons tout-à-l'heure des vrais surdoués, mais finissons-en ici avec ce discours démagogique.
Car tous les enfants sont possiblement provocateurs et surdoués, selon les sollicitations qu'ils vivent. C'est là de la catégorisation vaine qui cache sans doute du marketing ou de la posture éducationnelle militante.
Ce type de choses va dans le sens de l'enfant libéré de toute obligation, c'est du libéralisme, sans réellement apporter de solution.
Surdoué ne veut rien dire non plus car on se situe là par rapport à un niveau contemporain, qui est extrêmement faible.
Les "surdoués" qu'on nous présente aujourd'hui sont à notre avis... plutôt en retard !
On est impressionné par un enfant qui multiplie à l'âge de 6 ans. Mais... c'est ce qui était requis il y a 35 ans chez tous les enfants.
Très souvent, nous avons des parents qui nous vantent les facultés de leurs enfants: jamais nous n'y voyons quelque exceptionnelle chose, simplement le résultat de bonnes sollicitations. Tout cela est naturel et non "sur"-machin-chouette.
Dans notre enfance, nous allions à l'école avec des enfants Mongolfier ou des descendants de Champollion, qu'on pouvait qualifier de surdoués, en effet !
Nous estimons, pensons-nous normalement, que la "surdouance" concerne ce genre de specimens, pas des enfants qui connaissent leurs tables de multiplication a 7 ans.
Qu'un enfant fasse des vidéos sur le phénomène des éclipses de lune est super-sympa, nous en avons mis un exemplaire sur le site; mais c'est naturel, non, juste, et venant d'un enfant équilibré, bien portant. Que demander de plus ?
Méfiez-vous de ces gens qui veulent à tout prix récupérer votre enfant avec des notions douteuses de surdouances ou de précocité.
Votre enfant fait des dessins technologiques cohérents avec des règles d'ingénieurs, à 7 ans ? Rien que de très normal, puisque vous l'avez intelligemment intéressé puis laissé faire.
Qu'un parent s'émerveille des exploits de son bambin, c'est très bien et adorable, mais de grâce, cessons de voir de l'exceptionnel là où l'enfant n'a pas découvert la trigonométrie ou composé un opéra, ni recomposé victorieusement la tactique de Bonaparte à Waterloo.
L'enfant est exceptionnel en soi. Tous les enfants sont uniques. Cela devrait suffire aux parents, qui ont à faire preuve d'un amour unique, d'un dévouement unique.
Nous ne demandons pas aux parents qu'ils soient des surdoués de l'éducation.
Nous demandons qu'ils fassent honnêtement leur travail, comme leurs ancêtres traçaient leurs sillons dans les champs sans essayer... d'avoir des flatulences au-dessus de leur ceinture, pour le dire poliment.
Nous avons vu de vrais surdoués qui parlaient 8 langues à 6 ans: là, d'accord, il y a des facultés cognitives exceptionnelles.
De même, des enfants avec une maturité sentimentale très avancée, capables d'analyser la situation de leurs parents.
Dans ces cas-là, on peut s'interroger 5mn et réfléchir à donner à l'enfant des sollicitations à la hauteur.
Bref. 99,9% des enfants qu'on prétend surdoués sont-ils réellement surdoués ? Non. Ils ont développé des capacités qui impressionnent leurs parents, parents qui n'ont qu'une très faible expérience et souvent peu de culture.
Les parents sortent de l'école publique, où, il faut bien le dire, ils n'ont rien appris. Quand on sort de l'école publique, on est impressionné par des choses extrêmement banales. On s'enthousiasme pour des choses de basse qualité. Et voilà toute notre société du produit de basse consommation, de séries télévisées…
Enfin, l'enfant qui réellement est surdoué et provocateur cherche des références, pas de la compassion ou de la compréhension. Il veut de grandes choses.
Votre enfant en est peut-être à ce stade, qui est un stade naturel auquel normalement tous les enfants devraient accéder s'ils étaient élevés sainement. Dire que cela ne concerne que des enfants dits "surdoués" est simplement ne rien connaître à la question.
Laissez-nous 100 enfants et au bout de 6 mois, 90% seront étiquetés "surdoués". Or, ils ne le seront pas. Ils auront été simplement sollicités de manière pertinente.
Ce genre de réflexion n'a pour nous aucun intérêt parce qu'il va dans le sens de l'enfant sans proposer de solution: c'est du commentaire compassionnel, et le commentaire compassionnel est inutile.
Un garçon comme F. a besoin d'énergie, plutôt que de larmes.
De projet, plutôt que de compréhension.
D'action, plutôt que de raisonnement.
Tout cela est trop tôt, il n'est pas à ce stade. Il trouvera la compréhension sur le chemin de ses tribulations ou aventures chez l'unique personne de son choix, généralement il s'agira d'un adulte formateur (prof de sport martial, d'escalade...) hors du cercle familial. Vous devez l'accepter.
Quand on écrit: "assurez-vous que votre enfant dispose d’une grande latitude pour exploiter sa créativité", sans évoquer la nécessaire discipline et le cadre, on assure des guerres intestines à la maison. On sème la tempête.
F. a sans doute des capacités intéressantes et il ne maîtrise pas ses réactions parce qu'il n'a pas appris à le faire. Mais cette énergie a besoin de temps et de mûrissement. En attendant, donnez-lui de l'aventure et de la discipline: cela seul vaut et le reste, mêlant le freudisme et le militantisme anti-instruction, ainsi que le libéralisme débridé, ne donnera pratiquement rien de bon.]