Nous voyons aujourd’hui l’argument de la désocialisation, celui qu’on entend toujours quand on parle de l’école à la maison.
C’est l’argument le plus employé quand on parle de l’école à la maison.
Vous faites l’école à la maison ? « Mais alors vos enfants, ils ne risquent pas d’être désocialisés ? » A chaque fois que vous dites que vous faites l’école à la maison: « Vos enfants, ils vont pas souffrir de désocialisation ? »
Nous avons entendu ça 1.000 fois. C’est la croyance la plus ancrée. Disons-le, cet argument est bateau, il relève d’une croyance obstinée.
Voir aussi
- Comment se faire des amis
- L’erreur de l’école qui amène la désocialisation
- L’école sociabilise moins bien que tout
Nous n’irons pas par quatre chemins. Si les enfants qui faisaient l’école à la maison étaient moins bien sociabilisés, ils seraient moins impliqués dans la vie sociale, les associations, le sport, ensuite les métiers, l’activité publique. Or, ils sont mieux insérés là que les autres enfants, comme l’indique cette page (où l’on voit qu’ils gagnent mieux leur vie aussi). Les autres enfants, ceux de l’école en général, sont plus désocialisés qu’eux. Cela, ce sont les études qui le montrent.
C’est pourquoi l’école à la maison décroche le Trophée de la Meilleure parade contre la désocialisation !
Si les enfants qui ont fait l’école maison sont des gens mieux insérés dans la société, c’est qu’ils sont mieux sociabilisés que les autres.
Nous allons donc voir ici cet argument point par point. Nous distinguerons socialisation et sociabilisation, deux mots qui servent une confusion entretenue.
Tout d’abord, il faut, quand on vous fait peur avec ça, inverser la proposition et demander à la personne: « Ne crois-tu pas plutôt que c’est en mettant ton enfant à l’école que tu risques de le désociabiliser ? » Car l’école désocialise énormément ; c’en est même frappant: combien de gens à la rue, dont des milliers meurent chaque année (répétons-le, dans la rue !), de gens qui dorment dans leur voiture ? Les enfants à l’école sont très largement en voie d’asocialisation, d’où la montagne de problèmes sociaux de nos sociétés.
Qui voyage toute l’année et qui est fixé à proximité de l’école ? Qui sort n’importe quel jour de la semaine et qui est claquemuré dans une classe sans en sortir huit heures par jour ? Qui rencontre du monde, visite les entreprises, a des activités extra-scolaire variées, et qui n’a affaire qu’à un enseignant durant toute son enfance, toute l’année le même, ou les six mêmes enseignants à partir de la 6ème ? Qui explore autre chose que le sacro-saint « programme obligatoire » et qui y est confiné ? Qui sera le mieux intégré des deux ? Qui trouvera plus facilement du travail ? Qui aura plus de culture et d’interactions sociales ?
Hyacinthe dit :
L’école public désocialise car il n’y a plus de valeur morale, les enfants rentrent en classe et s’assoient, pas de bonjour professeur, pas de chant commun, pas de prière. Les enfants se sentent abandonnés à leur sort. Les professeurs ne sont pas entendus, pas compris. Les parents méprisés et abusés. Tous chacun de leur côtés avec leurs blessures, ils pleurent et personne ne les entend.
Mieux encore: la socialisation est une contre-valeur ! Vous avez remarqué: on invente chaque année de nouveaux problèmes. Avec la socialisation, on est en plein dedans. C’est le mot d’ordre obligatoire qu’on vous brandit à chaque contrôle scolaire. Mais c’est purement politique et normalement, ça ne devrait pas prendre place à l’école.
Nous avons beau y réfléchir, nous ne voyons personne parmi les grands de l’Histoire qui ait été « socialisé ».
Le sculpteur Rodin ou le peintre Monet n’étaient pas socialisés.
Le Christ était tout sauf socialisé.
Jean-Baptiste n’est pas socialisé.
Saint Pierre non plus et pratiquement aucun saint.
Jeanne d’Arc était tout sauf consensuelle, elle n’était pas intégrée dans les combinaisons de son temps et renversait tout. C’est une figure qui bouscule la bien-pensance, les idées conformistes et l’ordre social bourgeois (les bourgeois prenaient justement de l’importance en son temps).
Louis XV était souverain, il n’avait pas à être socialisé.
Jean Bart était asocial. Surcouf et Tourville aussi.
Jacques Cartier, Bougainville, Colomb ou Magellan étaient désocialisés, ils préféraient prendre la poudre d’escampette plutôt que de rester à se morfondre dans leurs sociétés.
Poincaré, Sommerfeld, Einstein et les autres étaient la plupart des marginaux !
Le Duc d’Aussonne était au-dessus de tout, certes, et il était du monde. Il n’avait aucun besoin d’être ou d’avoir été socialisé.
St-Exupéry ou Santos Dumont, Guynemer ; Darlan, Leclerc ou Bigeard; Chateaubriand, Balzac, et ne parlons pas de Céline, étaient très mal socialisés, ils étaient des fortes têtes et on aurait dit d’eux, dans notre société psychiatriste d’aujourd’hui, qu’il sont bipolaires ou caractériels, ou malades mentalement. La moitié des héros de notre Histoire auraient probablement fini en prison ou à l’asile, selon les critères actuels des assistantes sociales ou des juges familiaux.
Et cela, rien que pour notre Histoire nationale. On irait voir l’étranger, ce ne serait pas différent. Garibaldi ? Charlie Chaplin ? Bourguiba ? Ne parlons pas d’Alexandre le Grand, de César ou de Pompée. Tous auraient été jugés comme misanthropes à tendance paranoïaque. Bref, tout ce qui a fait nos civilisations serait regardé aujourd’hui, avec l’actuel état d’esprit inquisiteur psychiatriste, au moins comme misanthrope. Imaginez ce que dirait le tabloïde « Le Monde » sur Vercingétorix: complotiste, ultra-droite, xénophobe, raciste (anti-Romain), anti-europe, frexit etc etc etc.
En revanche, certes, les hommes et femmes politiques et plein de journalistes radio-télé sont « socialisés ». Il faut voir comment ! Les politiques socialistes sont encore plus socialisés que les autres. Ils sont polis, badgés, décorés de la Légion d’honneur, ils sont convenables et bien en cour. Avec ça, détournement de l’argent public, comptes bancaires non-déclarés, refus de payer des impôts, vol de votes, trucage de la loi électorale, financent occultement des partis, abus sexuels et harcèlement, vente de l’Etat à l’étranger, trafic de sang contaminé, vrais-faux passeports, mensonges à répétition, irresponsabilité, naufrage général, dette publique, empoisonnement du public, trahisons via des traités, trahison des référendums, envisagent la vaccination obligatoire etc etc etc etc etc. Ils sortent tous de l’école.
Le modèle ultime de gens socialisés ? Les présidents américains: Obama et Clinton. Eh ! bien, ils ont tué plus d’Irakiens que Saddam Hussein et plus de Lybiens que Khadafi… Et si ce n’était que ça. Chapeau les socialisés.
Voulons-nous de cette sorte de « socialisation » ?
En fait, est-ce que quelqu’un a jamais été socialisé que nous puissions admirer et regarder comme exemple pour nos enfants ? N’hésitez pas à nous laisser des noms en commentaires. Mais le défi est lancé.
Alors que ceux qui sont passés par l’école à la maison s’en tirent bien, et parmi eux on notera Vincent Cassel, Agatha Christie, Vincent Cassel, Anne Queffélec, Blaise Pascal, Brigitte Bardot, Bruno Cremer, Christine Ockrent, Christophe Dechavanne, Jean d’Ormesson, Luc Ferry, Jean-François Chiappe, Michel Polnareff, Michel Poniatowski, Patrick Dewaere, Pierre Curie, Pierre-Gilles de Gennes, Sylvain Augier, Thomas Edison, Véronique Sanson ! S’agit-il de gens désocialisés ?
L’idée que la socialisation serait en soi une valeur est donc fortement discutable, on pourrait dire, avec autant de certitude, que l’asocialisation ou la misanthropie pourraient aussi bien en être, à en juger par les exemples célèbres. Reste la question: préfère-t-on un Vercingétorix et un Louis XV, ou la litanie Macron-Hollande-Sarkozy-Chirac-Mitterrand ? A chacun de se prononcer en son âme et conscience…
Vie privée et vie à l’école
Mais commençons par une objection qu’une maman a lue dans un article :
« Aller à l’école, lit-elle, c’est aussi ne pas mélanger les genres : la vie privée et la vie à l’école. A l’école, l’enfant a sa propre vie, il construit son intimité. A la maison, l’adulte assiste à tout. L’intime n’est pas respecté. » »
Ceci relève d’une vision remarquablement fausse.
Tout d’abord, il n’y a pas chez l’enfant de séparation entre vie privée et vie à l’école. L’enfant est partout et constamment « dans la vie privée », il n’a pas de vie « publique » puisqu’il n’est pas en mesure de composer un personnage destiné par exemple à son banquier ou à son patron. L’enfant est sincère, « brut de fonderie ».
En outre, les autres élèves (et même maintenant les profs) se mêlent sans cesse de la « vie privée » de l’enfant en mettant les pieds dans ses sentiments, sa vie intime même; on parle de sexualité à la maternelle, désormais !!
Il n’y a pas de vie privée à l’école. On est sans cesse entre soi, sous le regard des autres. Voilà pourquoi les enfants « soufflent » quand ils quittent l’école.
Bref, massivement, la vie privée est bien mieux respectée à la maison pour autant que ses parents soient des gens « normaux », c’est-à-dire respectant suffisamment leur enfant, ce que l’école ne fait plus.
L’enfant ne peut pas construire son intimité à l’école par définition puisque justement, il n’a pas d’intimité à l’école ! Il n’est jamais seul, il n’a pas de temps pour lui. Il n’a pas le temps de rêver, de contempler: cela lui est interdit de facto.
A la maison, l’adulte n’est justement pas toujours là: l’enfant a sa chambre et divers espaces où il peut avoir sa tranquillité, bien plus précieuse qu’on le croit.
Car l’enfance n’est pas forcément un moment à remplir avec 25 « amis » (en fait des camarades) croisés sur la cour de récré ni ailleurs. L’enfance est aussi et surtout le moment d’une lente maturation qui a besoin d’espace, de paix, de silence, et même d’inactivité, de rêv(asseri)e, ou pour dire mieux de… contemplation.
Bref, ce genre de propos reflète bien l’inversion actuelle.
« Pour le moment, tout se passe exactement comme vous le décrivez. J’avais peur de la désocialisation. Et bien, nous ne sortions pas autant avant !!! Je n’ai jamais vu autant de monde depuis que je suis mère au foyer. J’ai un autre rapport à mon enfant, plus épanouissant. Je lui ai encore demandé hier si l’école lui manquait et elle m’a répondu : »Non, Maman, ça m’arrange de rester avec toi, j’aime bien l’école à la maison ! »
La désocialisation, l’argument (bateau)
C’est l’argument le plus employé quand on parle de l’école à la maison. Vous faites l’école à la maison ? « Mais alors vos enfants, ils ne risquent pas d’être désocialisés ? » A chaque fois que vous dites que vous faites l’école à la maison: « Vos enfants, ils vont pas souffrir de désocialisation ? » Nous avons entendu ça 1.000 fois. C’est la croyance la plus ancrée.
La désocialisation, c’est le fait pour un enfant de perdre le lien à la société ou de ne pas l’aimer et de se garder volontairement à l’écart. Et c’est dramatique, a priori.
Alors, oui ou non, est-ce que les enfants qui sont à la maison se désocialisent par rapport à ceux qui sont à l’école ?
La réponse est nette: non ! les enfants qui font l’école à la maison ne se « désocialisent » pas, ils ne se désociabilisent pas non plus (désociabiliser plutôt que désocialiser qui a une connotation politique).
Le fait de faire l’école à la maison non seulement ne coupe pas le lien à la société mais en plus l’augmente en qualité.
Les études sont claires: les gens qui ont fait l’école à la maison sont mieux sociabilisés que les autres. Plus d’engagement social, plus de rencontres, plus de diplômes, et plus de revenus ! C’est sans appel. On le voit clairement sur cette page.
Voilà pourquoi les parents qui font faire l’école à la maison à leurs enfants disent tous à peu près ceci:
« Ils sont confiants et épanouis. N’ont aucun problème d’adaptation aux diverses communautés enfantines (activités extrascolaires, colonies…). En plus, ils ont beaucoup de facilités dans la relation aux autres adultes. Ils sont également très autonomes et entreprenants. Tout cela, je ne l’observe que très rarement avec des enfants scolarisés. » (Véronique Q.)
Elsa, l’une de nos chères mamans :
« Nous avions observé que les enfants d’une famille amie, instruits en famille depuis des années, comptaient parmi les plus sociables et les plus épanouis que nous connaissions. L’école à la maison n’était donc pas un obstacle à la « socialisation », contrairement à ce que beaucoup veulent bien dire. Les enfants apprennent à s’ouvrir au monde et aux autres par le contact avec les adultes, pas en restant entre eux, confinés dans une « tranche » d’âge ! Le cloisonnement des âges empêche les enfants d’accéder à la personne des autres : ne les intéressent que les choses qui intéressent les autres, les personnes ne sont pas perçues comme une richesse indépendante de l’âge. »
Des témoignages allant dans ce sens, nous en avons des centaines. Et le nôtre est sans appel: nos enfants sont spécialement bien sociabilisés et nettement plus que la moyenne des enfants de leur âge.
Pourquoi cette réussite ?
Déjà, s’il faut prendre le problème à l’envers, le fait d’être un peu à la maison donne énormément à l’enfant l’envie d’en sortir et d’aller voir ailleurs; ça lui donne envie de rencontrer des gens. L’enfant qui est à la maison veut voir autre chose, il est attiré vers l’extérieur. Sa vie sociale en sera d’autant plus facilitée, ce qui ne sera pas le cas d’un enfant qui est malheureux à l’école et ne pense qu’à rentrer chez lui… ou à rentrer en lui-même.
En outre, les parents qui font l’école à la maison ont des enfants mieux socialisés que les autres pour une raison que vous comprendrez : ils ont des exigences qualitatives, ils ont conscience de la valeur d’une vie bien construite et même souvent ils ont retiré leur enfant d’une école dont ils pensent qu’elle désocialisait les enfants.
Enfin, comme l’a dit Elsa, la rencontre de personnes d’autres tranches d’âge aide beaucoup mieux à la maturité des relations humaines. La cour de récré infantilise !
La préoccupation des parents IEF (instruction en famille)
Les parents IEF, c’est-à-dire qui font l’école à la maison, sont plus préoccupés que les autres, en moyenne, de la qualité des relations de leurs enfants. Ils prennent donc très souvent des décisions qui permettent à l’enfant de faire une ou des activités dans lesquelles non seulement ils s’épanouiront, mais où ils feront également des rencontres.
Ils vont sur cette page où ils trouvent des trucs qui leur permettent de donner à leur enfant les meilleures relations possibles avec les autres enfants.
Et s’ils cherchent des amis, ils vont ici.
Isolés ?
Certains parents qui font le homeschooling, nom anglais de l’école à la maison, expriment au début qu’ils trouvent qu’ils sont trop isolés en tant que parents faisant l’école à la maison. Mais ils ne sont pas plus nombreux que les parents qui mettent l’enfant à l’école. Et cela témoigne qu’ils voudraient que ça change. Il n’est pas facile de rencontrer d’autres parents faisant l’école à la maison mais cela se fait quand même. Internet y aide.
Beaucoup de parents isolés qui mettent leur enfant à l’école ne se rendent pas compte qu’ils sont isolés et ne s’en préoccupent pas. On peut donc dire que le sentiment de l’isolement est signe d’un rapprochement des autres plutôt qu’un éloignement. Les parents qui se sentent isolés et qui en souffrent ne vont pas rester longtemps dans cette situation. C’est pour cela que s’organisent tant de piques-niques, de visites de musées ou de sorties entre parents, qui font l’école à la maison ou pas d’ailleurs.
C’est l’école qui désocialise les enfants
L’autre grand volet de cette question, c’est la responsabilité de l’école. En empêchant un enfant d’acquérir les savoirs indispensables pour réussir dans la vie, ou du moins faire son chemin, l’école désocialise des générations entières. Jamais on n’avait vu un tel naufrage social, avec des centaines de milliers de personnes à la rue, des centaines de milliers d’autres logées par l’Etat dans des hôtels réquisitionnés, comme en temps de guerre. Sur le marché du travail, il y a un décalage entre une offre de travail et une absence de candidats à ces postes.
Pourquoi ? Parce que l’école ne prépare plus vraiment les enfants à la société moderne. Elle les formate, certes, mais plus pour leur permettre de s’épanouir, comme c’était encore à peu près le cas il y a 30 ans. Car en 30 ans, l’école a changé de visage. Certes, elle est très bien pour les tout-petits, mais à partir du CP, c’est le début de la fin ! Les méthodes ne sont pas les bonnes, résultat: les dyslexies commencent à apparaître. Mais nous en parlons déjà par ailleurs. Bref, à de (trop) rares et notables exceptions près, l’école a oublié son rôle premier.
Jamais on n’avait vu non plus autant de solitude, signe le plus évident de désocialisation. Tous ces gens sont bien passés par l’école ?
D’où vient la désocialisation?
Les enfants désocialisés de notre société sont des enfants qui sont passés par l’école, donc l’école ne vous protège pas forcément de la désocialisation. Parfois même, au contraire, elle coupe votre enfant des autres à cause de fonctionnements rigides, à cause de la brusquerie qu’elle laisse faire entre enfants, à cause de programmes ou de méthodes qui portent atteinte à la pudeur ou la sensibilité de l’enfant.
Si nous regardons nos enfants, ainsi que tous ceux que nous avons accompagnés à la maison, ils ont plein d’activités, ils sont ouverts aux autres, et même délicats, attentionnés. Ils sont tout sauf désocialisés.
Le meilleur agent de la désocialisation, c’est la dyslexie. Et la dyslexie, c’est à 99% à l’école qu’elle s’attrape ! Elle s’attrape à cause des programmes qui ne sont pas adaptés à l’enfant. Nous en parlons dans cet article.
La désocialisation est-elle d’ailleurs un argument pertinent ?
On peut se poser la question. Les enfants qui font l’école à la maison ayant de bien meilleurs résultats scolaires que les autres, on ne voit pas comment ils pourraient se retrouver à la rue à cause de ça.
En revanche, il est question d’être élevé à l’écart des autres. En partie, car les enfants font aussi du sport en club, vont à des activités en associations etc.
Mais sur le fond, être élevé à l’écart est-il une tare ? Faut-il à tout prix faire partie du groupe (ou parfois du troupeau, quand on voit le comportement des foules ou même des groupes d’enfants). L’instinct grégaire est-il obligatoire ?
Nous ne le pensons pas. Peut-être même au contraire. Cette vision de faire partie obligatoirement du groupe fait penser à une obsession marxiste-léniniste: la masse serait supérieure à l’individu. C’est oublier que la masse n’est qu’une addition d’individus.
Car il est certain que les parents qui font l’école à la maison refusent souvent que leur enfant fasse partie de la masse.
Nous voyons là bien plutôt une tentative totalitaire des Etats modernes à fondre les esprits indépendants et créatifs dans le broyeur à personnalités. Les grands esprits novateurs sont presque tous indépendants, ils vivent loin de la foule. Ils n’ont pas l’instinct du supporter de foot qui se presse dans les stades.
Les moines sont éloignés du monde, dans leurs monastères. Ils ont permis de sauver la civilisation lors des périodes troubles des invasions barbares. Et des tas de gens ont vécu seuls, dans l’Histoire. Le Japon médiéval est plein d’ermites célèbres, le Tibet a compté une quantité de célèbres ermites aussi, sont-ils pour autant des gens méprisables ? Au contraire, ils furent les lumières de leur temps !
Dans le fond, qu’est-ce que cet argument de la désocialisation ? La socialisation est garante de quoi ? On peut avoir un emploi et se retrouver dans la rue. Aujourd’hui, au contraire, il y a une énorme quantité de propositions de travail pour les petits génies de l’informatique, et beaucoup d’entre eux sont des geeks qui ont beaucoup de mal à communiquer (ils sont passés par l’école); ça ne les empêche pas d’avoir un travail, souvent très bien rémunéré !
Sur le plan moral, le fait d’être élevé à l’abri des autres est plutôt bénéfique. La rue ou la cour de récréation n’offrent pas que des spectacles très réjouissants.
On considère souvent qu’il est indispensable que l’enfant se socialise et cette exigence devient extrême: on ne doit plus élever un enfant loin de la société. Pourquoi ? Il y a eu des milliers d’ermites, de petits bergers, dans l’Histoire. Un peu d’équilibre semble trop demander. Longtemps les enfants ont appris auprès de leurs parents et n’ont pas pour autant produit plus de générations d’incapables ou de barbares.
Mais le rapport à la société ne nous semble pas avoir autant d’importance que le prétendent les tribunaux qui affirment que la socialisation est absolument obligatoire. Certains tempéraments porteront des enfants à vivre une vie érémitique, ou celle de berger, ou de misanthrope et cette obsession de vouloir faire entrer l’enfant dans le groupe, assez nouvelle, paraît un impératif bizarre, qui fait fi de la variété des parcours, d’ailleurs fluctuants. Je ne citerai pas les personnages qui, ayant apporté beaucoup à la société, s’en sont détachés le plus souvent, ni ceux qui s’étant éloignés sont revenus, et inversement.
D’ailleurs ces impératifs produisent presque toujours le contraire de ce qu’ils affirment et on a rarement eu autant de solitude qu’aujourd’hui.
Nous vous invitons donc à laisser de côté un argument qui semble surtout plus politique que sérieux.
Reste que c’est l’argument qui revient automatiquement dans les bouches et c’est cela qui nous interpelle: comment cela se fait-il ? Comment la manipulation a-t-elle pu être aussi efficace ?