Élever l’enfant en liberté: le gros malentendu


Il est de mode de prétendre inventer des enseignements "en liberté". L'enfant, désormais, serait libre. L'on se pense "à contre-courant" en proposant la "liberté" de l'enfant. Intention apparemment louable. Mais dans cette idée d'élever l'enfant en liberté, il y a un gros malentendu. Si gros que pour finir, les promoteurs de cette idée se retrouvent dans un système de pensée qui débouche à leur insu sur l'exact contraire de ce qu'ils voulaient. Comment courent-ils à chaque fois à la catastrophe, c'est ce que nous allons voir.

Et c'est d'ailleurs tout le drame des sociétés européennes qui prônent la "liberté" depuis deux cents ans et qui sont des systèmes désormais largement... totalitaires.

Quel est le problème, quelle est la mécanique ?

Cette maman nous dit:

J'ai toujours voulu accompagner mes enfants en liberté pour mieux acquérir une bonne éducation et l'instruction que je juge utile. J'ai créé un groupe où nous avons aboli les choses obligées et où l'enfant est complètement libre, à contre-courant de ce qui se fait ailleurs.

On nous le dit souvent. La première partie est sujette à caution et la seconde inexacte.

Déjà, pour le dire vite parce que ce n'est pas l'essentiel, sur le plan historique, cette proclamation d'une ère de liberté, qu'on entend à chaque génération depuis Spartacus, nous laisse toujours mi-amusés, mi-affligés.

Cette prétention à l'instruction "libre" présentée comme "nouvelle" est fort répandue, spécialement depuis 1920, avec des pics vertigineux en 1950-1970 où l'on a vu presque une école de ce genre créée par jour, devenues par la suite des établissements tout ce qu'il y a de classique, voire des lieux de perdition et de destruction des intelligences. Prétendre que le phénomène est nouveau est simplement l'expression d'une ignorance - fort répandue, il est vrai.

Proclamer l'ère d'une liberté de l'enfant est un peu comme proclamer que désormais l'enfant pourra boire de l'eau. Cela existe depuis toujours. Depuis 100.000 ans, les mamans et les papas font l'école à la maison et certains d'entre ces parents ont laissé une liberté totale à l'enfant. Des écoles ont choisi ce mode par dizaines de mille, on en a des exemples partout et tout le temps depuis 2.000 ans, dans la Haute Antiquité, dans la Basse antiquité, au moyen-âge, au dix-septième siècle sur l'Ile Bourbon, communautés religieuse de tous temps, monastères, écoles de l'expédition de Cortès, écoles d'îles éloignées, écoles fondées par des mères courage par centaines, communautés pirates même, et bien sûr au 19ème siècle où l'une de nos ancêtres a créé une école devenue célèbre, et puis dans les années 1950-1960 où c'est l'épidémie d'écoles dites "en liberté", "libres", "sans autorité" ou déclinant toutes les variations de la liberté supposée, de tous temps on a fait l'expérience de laisser "toute liberté" à l'enfant. Nous n'oserions pas prétendre inventer une quelconque forme de liberté de ce type, puisque tout a été fait.

Les écoles dites alternatives voire démocratiques versent elles-mêmes naturellement vers le système clos, puis répressif, parce que leurs postulats de départ sont faux. Ils sont partis d'une "bonne idée" bien gentille, et en fait destructrice. Par exemple, elles se trompent en évoquant le "respect de l'enfant".

Voir aussi

Mais venons-en à la question que nous n'avons encore pas poussée à fond, ce que nous faisons aujourd'hui : comment élever l'enfant en liberté ?

De quelle liberté parle-t-on là ?

L'on ne parle là que de liberté de choix. Choisir ce qu'on veut, par exemple abolie les obligations, ce n'est rien d'autre qu'une liberté de choix entre un mode d'enseignement ou un autre.

Ce qui n'est pas le millième de l'autre liberté que nous allons voir plus loin.

Tout ce qui est fait durant ces expériences relève de la seule liberté de choix.

Quel est le résultat de cette Histoire assez riche dont la moitié des acteurs tente de faire mieux que les expériences antérieures et où l'autre moitié, n'ayant pas cherché à savoir ce qui précédait, prétend inventer ?

Une question qui est au cœur de notre site, qui hérite volontiers de toutes les expériences, y compris celles qui déplaisent aux modernes, et qui rappelle la nécessité de retrouver la liberté véritable, qui n'existe actuellement nulle part: de quelle liberté parlez-vous ? Quand on nous répond, dans 100% des cas, on nous propose en fait la liberté de choix.

Cette question révèle que les Occidentaux ont une conception serve des choses et que par conséquent il parlent d'une chose dont ils ne connaissent pas la vraie nature.

En fait, tous les "inventeurs" actuels se situent

  1. en négatif d'un système qu'ils n'aiment pas
  2. parce que ce système ne donne pas de bons résultats à leurs yeux.

Or,

  1. Ce n'est pas cela, la liberté. La vraie liberté (dont oui, oui, nous parlerons plus loin) est celle qui développe la liberté de l'enfant. Ce n'est pas la liberté de faire les choses comme il veut au moment présent, c'est celle qui lui donnera une liberté étant adulte, au moment où il en aura besoin. Vous apprenez le chinois, vous acquérez une liberté. Mais c'est une contrainte !
  2. En rejetant un système déplaisant, on oublie que les gens de ce système n'ont plus les qualifications et donc in jette le bébé avec l'eau du bain.
  3. De même, en rejetant un mauvais système, on ne fait que refléter à l'envers ce système: on agit encore dans l'emprisonnement de ce système: d'où toutes les écoles dites démocratiques qui sont presque toutes sur le modèle de l'école. Ce sont des écoles qui se veulent "en mieux" mais on ne voit pas où il y aurait là un concept plus "libre".

Repartons de la base

L'être humain a besoin de cette liberté de choix, c'est-à-dire choisir entre ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas, c'est vrai, mais entre Chirac et Jospin, entre Hollande et Sarkozy, entre Macron et le Pen, avouez que vous n'avez qu'un choix limité. Vous êtes libres de choisir, certes... Sauf que vous n'avez pas la liberté de proposer votre pharmacien qui serait un président extraordinaire et bien meilleurs que tous les autres réunis.

Vous comprenez le piège ?

Par ailleurs, pour acquérir la liberté du chinois, qui me donne la liberté de vivre en Chine (que je n'avais pas avant), je passe par la contrainte de l'apprentissage de cette langue.

Par conséquent, la liberté a besoin aussi de guide, il a besoin aussi d'obstacles et de carcan, tant que c'est un carcan d'amour et qui élève (pensez aux jeunes sportifs dont l'entraîneur conduit les entraînements), il a besoin de rejeter, d'accepter, de tester, de ne pas tester, il a besoin de routine et d'improvisation, il a besoin de tout ce qui construit un être humain et tout cela en des proportions différentes selon l'enfant, et chez chaque enfant différemment selon l'humeur, selon l'envie, selon la santé, selon l'âge et les expériences, selon les challenges qui lui sont proposés, et bien sûr selon l'enseignant lui-même, selon ses talents, selon le contexte social, historique, les circonstances, la fortune et les moyens, et toutes sortes de choses.

Tenez, quand nous disons "l'enseignant lui-même, selon ses talents", nous pouvons faire faire 5 heures de travail écrit d'affilée à des enfants avec un sujet de rédaction, là où un enseignant classique ne réussira pas 20 minutes ! C'est bien ici une question de savoir-faire.

Par conséquent, bien peu de gens sont à même de dire quelles sont les contraintes à rejeter. On en juge toujours aux fruits, aux circonstances et aux personnes. Là où une contrainte peut être horrible, elle peut être un plaisir immense avec quelqu'un d'autre. On a tous connu de bons profs et des profs moins bons, dans les mêmes matières. Et ce n'est pas du tout la sévérité qui faisait qu'on se sentait bien ou pas bien. Nous avons eu des profs sévères qu'on n'aurait surtout pas échangés et des profs mous avec qui on ne se sentait pas "libres" mais en prison mentale.

Nous avons vu beaucoup d'expériences mais les plus belles pour nous sont d'une grande humilité face à ce grand univers de l'éducation et de l'instruction et, par ailleurs, promeuvent la véritable liberté, encore inconnue dans le monde de l'éducation dite libre.

Élever l'enfant en liberté

Élever l'enfant en liberté : la liberté véritable

La liberté véritable, donc, c'est bien plus que la liberté de choix.

« Je suis libre, je peux choisir ! » Le contraire de la liberté, c’est d’être obligé. Voici une définition courante du mot liberté, qui paraît plus satisfaisante que cette autre affirmation spontanée : « Je suis libre, je fais ce que je veux », car ici, il nous semble que c’est l’illusion d’une liberté tout entière assujettie à la tyrannie des désirs de toutes sortes, égoïstes et changeants, à la façon d’une revendication immature d’un enfant rétif. L’expérience montre que la liberté s’éduque, s’apprend. La liberté sans apprentissage est un lionceau qui un jour dévorera.

Bien sûr, définir la liberté comme la possibilité de choisir, c’est induire l’idée d’une volonté plus maîtrisée, mais le choix a besoin d’être éclairé.

Supposons que, ne connaissant rien à la batterie mais voulant en faire, vous vouliez en acheter une et que vous revendiquiez la liberté de choisir celle qui vous plaît ? Lorsqu'on ne sait rien de la batterie, quelle liberté a-t-on ? Aucune ! on est prisonnier de ses petites exigences qui dans quelque semaines nous auront faut regretter notre précipitation.

C'est pourquoi tout demande lumière..

On a donné de la liberté de choix en 1789 et cela a donné une liberté qui s'est crue souveraine par les possibles qui s’offraient à elle, mais elle était dépourvue des lumières nécessaires ! D'où un peuple qui en quelques générations a été dépossédé de tout, y compris de son propre argent et même de sa santé. Libres ! mais entièrement ruinés, jusqu'à l'os.

D’autre part, plus déconcertante, il y a aussi cette phrase d’un grand maître spirituel, saint Augustin : « Aime et fais ce que voudras ! » Là, le champ de la liberté paraît soudain trop ouvert, indéfini, incertain. Il peut faire peur. La liberté comme liberté de choix, c’est plus raisonnable, mieux balisé.

D’ailleurs aimer, on se dit que c'est encore choisir entre tel ou tel, c'est largement attendre que l'être aimé apparaisse. En fait, cette liberté dispose de ce qui se présente, elle choisit mais surtout elle attend quelqu'un à choisir.

C'est très limitatif.

Exercer notre liberté par notre capacité à choisir, nous en avons une expérience immédiate dans un monde centré sur une logique de consommation. Comme les produits sur les rayons d'étalage, c’est à notre portée. C'est facile à comprendre.

Pourtant, il nous faut poser la question de notre liberté de façon plus fondamentale; la liberté de choix peut-elle être vraiment l’expression la plus haute de la liberté ?

La liberté de choix recouvre pratiquement toute les libertés que l’on se donne aujourd'hui. Mais quel genre de personne, en moi, choisit ? Et est-ce vraiment à moi que l’on s’adresse ?

La personne interpellée par un choix est un être de tentation, ce n'est pas forcément moi, pas forcément mon être le plus vrai.

De fait, on peut facilement découvrir que cette grisante liberté-là, de choix, s’adresse à un homme quantifié (à l’aune du politique, du social, de l’économique, c'est le choix du consommateur)… et, pourrait-on prolonger, du religieux : chacun peut choisir sa religion, pourvu que cela reste du domaine strictement privé.

Cette liberté, c'est l'enfer d'une prison bien délimitée

« C’est mon choix ! », et voilà l’individu fermé sur lui-même, ou enfermé dans un rôle, dans une fonction, en dimension réduite, mais aisément repérable et analysable : toutes les statistiques et les estimations peuvent s’emparer de ce choix, l’analyser, l’orienter, le manipuler aussi.

Lorsque la liberté de choisir résume toute liberté, elle rend l’homme à la fois autonome et saisissable.

Il y a un paradoxe étonnant : l’homme "sans lien" est saisissable. Si tout relève du choix, je suis d’une certaine manière suspendu à moi-même et dessaisi de ce qui m’appartient en propre. Mon choix devient une donnée politique, sociale, économique ; une donnée disponible.

Je dépends de ce qui m'est extérieur.

Élever l'enfant en liberté

Ma liberté est comme en roue libre, mais c’est une liberté vide, ou plutôt une liberté pour remplir un vide : choisir, pour exister un peu plus…

Plus je peux choisir, plus j’existe, ce qui me renvoie par exemple à mes revenus : plus je suis riche, plus je suis libre etc. Les gens vraiment libres sont forcément riches, se dit-on. Il y a un pouvoir de choix comme il y a un pouvoir d’achat.

Ainsi, ne voir en la liberté qu’une liberté de choix nous projette violemment dans un règne du quantitatif, de l'avoir. Il est paradoxal de voir des écoles dites libres se situer uniquement dans cette vision et, de ce fait, en venir à l'exact contraire de ce qu'elles prétendent, puisqu'elles se réclament de l'être: discours, mais discours qui ne correspond pas à leur réalité ? Elles sont dans une liberté de choix, c'est-à-dire une liberté quantitative.

Souvent, quand on tente de définir la liberté, on pense d’emblée à une sorte de degré zéro de l’existence, un peu comme "le carré blanc sur blanc" de Malevitch (une toile vide, vendue des millions), degré zéro de la peinture… Notre liberté, point de départ absolu du sens de notre existence… Alors, l’appel à être serait de façon absolue l’appel à être libre : l’important n’est pas de devenir, de s’accomplir. Ce qui passe au premier plan, c’est le fait d’avoir choisi ce que nous sommes devenus. Cette liberté-là se nourrit seulement de l’accumulation des possibles dans un choix donné. Plus il y a de voies possibles, plus forte semble la liberté qui se détermine pour l’une de ces voies. Nous nous reconnaissons libres parce que nous avons choisi : "c’est mon histoire".

On se croit libre.

Ainsi, plus nous aurions d’amis entre lesquels choisir, plus nous serions "libres". La liberté serait une multiplication des possibles. Le coq qui a 30 poules serait plus libre que celui qui n'en a que 5. L'homme qui a 50 concubines serait plus libre que celui qui n'a qu'une femme...

Mais là nous butons sur un sentiment étrange : notre regard sur l’autre et sur les choses est falsifié.

Car je me rappelle soudain, au cours des crises, que rien ne peut faire nombre dans le regard que je porte sur ceux que j’aime.

Peut-il y avoir un seul lien vrai s’il en est besoin de dix mille pour faire éclater au grand jour la souveraine autonomie de mon choix, que sont ces dix mille amis s’ils ne permettent de faire surgir qu’une seule véritable amitié ? Nous savons bien que les véritables amis sont nécessairement très peu nombreux. Celui qui dit "j'ai 10 amis" est un menteur ou ne sait pas ce que c'est qu'un ami.

Et puis, qu’est-ce que cette liberté qui se concentre autour du moi ?

Impasse

Et si la liberté était d’un tout autre ordre ? Nous savons qu’il est une liberté qui ne se déploie pas dans l’euphorie des possibles à partir desquels nous pouvons déterminer un choix, nous déterminer, nous limiter en fait.

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