Quand l’enfant se lasse de l’école à la maison. Perte de motivation


Il arrive un jour où l’enfant peut en avoir assez. L’enfant se lasse de l’école à la maison.

C’est comme tout. La routine peut user le plaisir.

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Bon. Mais, vous connaissez l’effet placebo ?

D’accord.

Mais vous avez aussi entendu parler sans doute de l’effet nocebo. Quel rapport, direz-vous ? Laissons-nous une minute pour vous expliquer ça.

Citons le courrier de ce matin, venant de Xavier Bazin.

« Si on vous dit par avance qu’une substance va vous faire du mal… eh bien vous avez plus de chance d’avoir mal que si l’on ne vous dit rien : c’est l’effet nocebo.

« Prenez cette étude spectaculaire, réalisée auprès de 13 enfants hautement allergiques au sumac vénéneux (une plante sauvage).

« Les chercheurs ont frotté l’avant-bras de chaque enfant avec une feuille de sumac vénéneux… en leur disant que c’était une feuille inoffensive.

« Aussitôt après, ils ont frotté l’autre avant-bras avec une feuille inoffensive… en leur disant qu’il s’agissait de sumac vénéneux.

« Savez-vous sur quel avant-bras les enfants ont subi une éruption cutanée ? Croyez-le ou non, mais une éruption a été constatée chez tous les enfants… sur l’avant-bras frotté par la feuille inoffensive !

« Encore plus étonnant : le vrai sumac vénéneux, lui, n’a créé de réaction allergique que chez 2 enfants sur 13 !

« On retrouve cet effet nocebo dans toutes les études évaluant l’efficacité des médicaments : des patients sous « placebo » se plaignent régulièrement des effets secondaires du médicament… alors qu’ils ne prennent qu’une gélule vide ! »

Vous voyez le principe: dire à l’avance quelque chose de négatif crée de l’inquiétude. C’est le principe du film d’horreur ou du film de suspense: on vous prépare pour que l’effet soit plus fort.

Maintenant, reportez-vous à l’école.

Que se passe-t-il lorsque l’enseignant(e) dit à ses élèves dès le premier jour:

« Avec moi, de toute façon vous n’apprendrez rien, ça fait des années que je fais ce métier, je n’ai jamais vu d’élève apprendre correctement. »

Ou même vous:

« De toute façon, tu dois aller à l’école. »

« Nous ne pouvons pas faire autrement. »

Vous comprenez bien que cela va avoir un impact négatif sur l’inconscient de l’enfant.

L’école est un effet nocebo à soi tout seul

Les générations précédentes de parents y ont mis leurs enfants en pensant que l’école allait instruire leurs enfants. Le résultat notoire est désormais le contraire. Si bien que l’école produit par avance une insatisfaction et des complications, avant même de mal agir !

Employer l’effet placebo

On va donc plutôt utiliser l’effet placebo: être positif, entraînant. Inutile de vous faire un discours là-dessus: vous comprenez bien que c’est par là qu’il faut creuser. Quelles phrases votre enfant va-t-il aimer ?

Toutes sortes, qui seront encourageantes. Mais voilà: au bout d’un moment, les « j’ai confiance en toi, je sais que tu peux y arriver » n’ont plus aucun effet. Au contraire, ils vont obtenir un effet inverse. C’est l’effet nocebo de l’effet placebo, en quelque sorte !

Qu’est-ce qu’on peut faire ? Beaucoup de parents sont dans cette situation. Ils ont tant utilisé les encouragements qu’ils ne marchent plus. L’enfant n’y croit plus parce qu’il a constaté que ces encouragements ne marchaient pas toujours et donc, il a perdu confiance.

C’est à ce moment-là que nous recevons des appels de détresse.

Le truc va consister à changer votre fusil d’épaule. On va retourner auprès de l’effet nocebo.

Quoi, l’effet nocebo peut nous servir ?

Oui ! il va nous servir et nous permettra d’obtenir des résultats très positifs. Aussi étrangement que cela paraisse au premier abord.

Mais tout d’abord, comprenons une chose[s2If !current_user_can(access_s2member_level1)] : tout a un effet compris entre 0 et 100: c’est relatif. Pour schématiser, disons par exemple que « Comment va ? » a un effet inférieur à « tu es radieuse, ce matin ».

Avant de faire cours, « On va y arriver ! » a un effet qui sera certainement supérieur à « Tu dois y arriver ! »

Et à plus forte raison, « tu n’y arriveras pas » pourrait produire un sentiment d’anéantissement chez l’enfant.

Sauf que… vous pouvez très bien dire ce genre de phrase avec un ton qui va amener l’enfant à réagir.

Si vous dites « on va essayer cet exercice mais je suis certain que tu n’y arriveras pas, tu es trop petit » avec suffisamment de légèreté nonchalante, l’enfant aussitôt aura envie de vous prouver le contraire. S’il y a dans votre ton ce je-ne-sais-quoi d’un peu provocateur ou même simplement de la drôlerie, votre effet nocebo va devenir placebo !

L’enfant va vouloir repousser ce négativisme. Et c’est là que vous aurez opéré une alchimie bénéfique.

"L'effet nocebo" et "Quand l'enfant commence à se lasser de l'école à la maison"

Du fait de ce qui précède, vous comprenez sans peine que l’on peut exprimer un sentiment négatif alors que d’évidence, un sentiment positif s’impose.

Dans un excellent épisode de la Petite Maison dans la Prairie, le couple de boutiquiers, Nels et Harriett Oleson, se disputent pour de bon et se séparent. Charles et Caroline Ingalls, les anges gardiens du village, interviennent auprès de l’un et de l’autre.

Croyez-vous qu’ils vont essayer la technique placebo ? En ce cas, ils essaieraient d’amener le couple à voir le bon côté des choses, ils positiveraient.

« Mais elle est formidable, retournez auprès d’elle ! » ou « Il est quand même un bon mari, rentrez auprès de lui. » « Il faut essayer de le comprendre, il faut essayer d’être compréhensif ». Variante plus moderniste: « Pas de problème, vous en trouverez une autre ! » « Un de perdu, dix de retrouvés… »

Ils ont écarté le principe d’encourager la séparation. Mais ils n’ont pas non plus essayé d’amortir les angles et essayant d’excuser l’autre.

Ils savent que ça ne marcherait pas car mari et femme justifieraient leur position, qu’ils ont d’ailleurs déjà exprimée: « Non, c’est un idiot, dégoûtant avec ses bottes qui tachent le tapis, et puis il ne connaît rien à la boutique » et « c’est une harpie qui ne cesse de me faire des reproches, il est hors de question que je me laisse traiter plus longtemps ainsi ». Voilà quelles seraient leurs réactions. Car il n’est pas question qu’ils perdent la face, ni l’un ni l’autre.

C’est un cas d’école

Voyons un autre qui nous est proche, dans un couple marié (détail important) : un papa apprend que sa femme a eu une relation. Il court, éploré, chez des amis (mais ça peut être des cousins, des collègues…). Que font ceux-ci ? Ils l’écoutent, avec sérieux et compassion. Grave erreur ! C’est la catastrophe. La famille va éclater car le sentiment de douleur a trouvé un étai, il s’est conforté à l’extérieur. Il y a désormais deux camps : à la maison et chez ces amis. Le foyer est brisé. Ayant ces appuis extérieurs, l’esprit du mari est en-dehors de son couple. Chez ces amis, le père a reçu un assentiment : cette faute, c’est grave, fatal, et bientôt dans son esprit ce sera définitif.

La compassion, ici, a été la source d’une destruction; on a encouragé la destruction d’une famille, et désormais la mère ne voit plus ses enfants. « C’est sa faute », diront ceux qui n’ont jamais fauté, qui jettent la première pierre. On ne se trompe que lorsqu’on vit. L’instinct compassionnel joue à fond la corde sensible. Ces amis se sont contentés de leur instinct « bienveillant », une facilité de comportement en fait. Un penchant. Ils ont voulu faire du placebo et ils ont fait du nocebo.

Quand l’enfant se lasse de l’école, qu’aurait-il fallu faire ?

Renvoyer le mari à son épouse.

C’est ce qu’écrit cette mère de famille: « Au début de notre mariage, mon mari s’est mal comporté vis-à-vis de moi. Je suis allée voir ma mère à qui j’ai tout raconté. Ce qui m’a stupéfaite, c’est qu’elle m’a aussitôt renvoyée chez moi en me disant: « C’est ton couple, pas le mien. Retourne auprès de ton mari et arrange-toi avec lui. » Et nous nous sommes arrangés, lui et moi. J’aime mon mari et il m’aime, nous avons trouvé un terrain d’entente et nous sommes heureux. Je n’oublierai jamais cette leçon de ma mère. »

Cette maman a aussi grandi: elle a appris que la vie ne tournait pas qu’autour de son mari et qu’elle avait à s’accomplir, elle, sur d’autres plans, bien davantage que de maintenir la ligne de flottaison réglementaire d’un mariage qui n’a jamais été et ne sera jamais un acquis. Ni une fusion.

Tout reflète ce que nous en faisons. Le couple tente parfois d’agir vis-à-vis des obstacles de la vie à la manière de la police anglaise, faisant un cordon devant la foule hindoue révoltée. Ce n’est pas la manière efficace. Ils risquent d’aller jusqu’à la rupture. Un couple n’est pas un musée immobile où l’on célèbre le jour du mariage qui a eu lieu 20 ans auparavant.

Les jeune époux ont une vision de la perfection: ils se jurent des tas de choses de l’ordre de « je ne ferai jamais ceci et tu ne feras jamais cela ». Mais ils ont oublié de se jurer de s’améliorer pour se mériter mutuellement. Le couple n’est pas une organisation fusionnelle, c’est un voyage à deux, pour le meilleur et pour le pire. Et on peut changer d’artiste préféré, détester les Beatles après les avoir idolâtrés. On change. Ignorer cela, c’est s’assurer d’aller dans le mur. Il est donc vital de (…) la suite est réservée aux membres accompagnés, pour activer votre accès membre, passez par ici. Déjà membre accompagné ? Connectez-vous dans le menu du site (en cas de souci, voir la FAQ). [/s2If] [s2If current_user_can(access_s2member_level1)]: tout a un effet compris entre 0 et 100. Pour schématiser, disons par exemple que « Comment va ? » a un effet inférieur à « tu es radieuse, ce matin ».

Avant de faire cours, « On va y arriver ! » a un effet qui sera certainement supérieur à « Tu dois y arriver ! »

Et à plus forte raison, « tu n’y arriveras pas » pourrait produire un sentiment d’anéantissement chez l’enfant.

Sauf que… vous pouvez très bien dire ce genre de phrase avec un ton qui va amener l’enfant à réagir.

Si vous dites « on va essayer cet exercice mais je suis certain que tu n’y arriveras pas, tu es trop petit » avec suffisamment de légèreté nonchalante, l’enfant aussitôt aura envie de vous prouver le contraire. S’il y a dans votre ton ce je-ne-sais-quoi d’un peu provocateur ou même simplement de la drôlerie, votre effet nocebo va devenir placebo !

L’enfant va vouloir repousser ce négativisme. Et c’est là que vous aurez opéré une alchimie bénéfique.

Du fait de ce qui précède, vous comprenez sans peine que l’on peut exprimer un sentiment négatif alors que d’évidence, un sentiment positif s’impose.

Dans un excellent épisode de la Petite Maison dans la Prairie, le couple de boutiquiers, Nels et Harriett Oleson, se disputent pour de bon et se séparent. Charles et Caroline Ingalls, les anges gardiens du village, interviennent auprès de l’un et de l’autre.

Croyez-vous qu’ils vont essayer la technique placebo ? En ce cas, ils essaieraient d’amener le couple à voir le bon côté des choses, ils positiveraient.

« Mais elle est formidable, retournez auprès d’elle ! » ou « Il est quand même un bon mari, rentrez auprès de lui. » « Il faut essayer de le comprendre, il faut essayer d’être compréhensif ».

Or, ils savent que ça ne marcherait pas car mari et femme justifieraient leur position, qu’ils ont d’ailleurs déjà exprimée: « Non, c’est un idiot, dégoûtant avec ses bottes qui tachent le tapis, et puis il ne connaît rien à la boutique » et « c’est une harpie qui ne cesse de me faire des reproches, il est hors de question que je me laisse traiter plus longtemps ainsi ». Voilà quelles seraient leurs réactions. Car il n’est pas question qu’ils perdent la face, l’un ni l’autre.

C’est un cas d’école.

Voyons un autre qui nous est proche, dans un couple marié (détail important) : un papa apprend que sa femme a eu une relation. Il court, éploré, chez des amis (mais ça peut être des cousins, des collègues…). Que font ceux-ci ? Ils l’écoutent, avec sérieux et compassion. Grave erreur ! C’est la catastrophe. La famille va éclater car le sentiment de douleur a trouvé un étai, il s’est conforté à l’extérieur. Il y a désormais deux camps : à la maison et chez ces amis. Le foyer est brisé. Ayant ces appuis extérieurs, l’esprit du mari est en-dehors de son couple. Chez ces amis, le père a reçu un assentiment : cette faute, c’est grave, fatal, et bientôt dans son esprit ce sera définitif.

La compassion, ici, a été la source d’une destruction; on a encouragé la destruction d’une famille, et désormais la mère ne voit plus ses enfants. « C’est sa faute », diront ceux qui n’ont jamais fauté, qui jettent la première pierre. On ne se trompe que lorsqu’on vit. L’instinct compassionnel joue à fond la corde sensible. Ces amis se sont contentés de leur instinct « bienveillant », une facilité de comportement en fait. Un penchant. Ils ont voulu faire du placebo et ils ont fait du nocebo.

Qu’aurait-il fallu faire ?

Renvoyer le mari à son épouse.

C’est ce qu’écrit cette mère de famille: « Au début de notre mariage, mon mari s’est mal comporté vis-à-vis de moi. Je suis allée voir ma mère à qui j’ai tout raconté. Ce qui m’a stupéfaite, c’est qu’elle m’a aussitôt renvoyée chez moi en me disant: « C’est ton couple, pas le mien. Retourne auprès de ton mari et arrange-toi avec lui. » Et nous nous sommes arrangés, lui et moi. J’aime mon mari et il m’aime, nous avons trouvé un terrain d’entente et nous sommes heureux. Je n’oublierai jamais cette leçon de ma mère. »

Effet nocebo

Cette maman a aussi grandi: elle a appris que la vie ne tournait pas qu’autour de son mari et qu’elle avait à s’accomplir, elle, sur d’autres plans, bien davantage que de maintenir la ligne de flottaison réglementaire d’un mariage qui n’a jamais été et ne sera jamais un acquis. Ni une fusion. Tout reflète ce que nous en faisons. Le couple tente parfois d’agir vis-à-vis des obstacles de la vie à la manière de la police anglaise, faisant un cordon devant la foule hindoue révoltée.

Ce n’est pas la manière efficace. Ils risquent d’aller jusqu’à la rupture. Un couple n’est pas un musée immobile où l’on célèbre le jour du mariage qui a eu lieu 20 ans auparavant. Les jeune époux ont une vision de la perfection: ils se jurent des tas de choses de l’ordre de « je ne ferai jamais ceci et tu ne feras jamais cela ». Mais ils ont oublié de se jurer de s’améliorer pour se mériter mutuellement. Le couple n’est pas une organisation fusionnelle, c’est un voyage à deux, pour le meilleur et pour le pire.

Et on peut changer d’artiste préféré, détester les Beatles après les avoir idolâtrés. On change. Ignorer cela, c’est s’assurer d’aller dans le mur. Il est donc vital de savoir s’adapter et de renouveler la réussite du couple. Avant qu’il ne soit trop tard.

De même, votre enfant change. L’école à la maison selon votre méthode, ça peut commencer à le barber.

Voyons la variante des Ingalls, aux prises avec le dépit de Nels et d’Harriet. Que font-ils, ces deux esprits réellement bienveillants et particulièrement perspicaces ?

Ils approuvent les critiques des deux époux: « Vous avez raison, Nels, Harriet est vraiment insupportable », conclut Charles. Et il en rajoute: « D’autant qu’elle tient très mal sa boutique et est une mauvaise mère. » A cela, Nels répond: « Elle est insupportable, c’est vrai. Mais pour ce qui est des affaires, elle est très forte, croyez-moi. Et puis, elle n’est pas aussi mauvaise mère que ça. Elle passe un peu leur quatre volontés aux enfants, certes, mais elle les aime, c’est le plus important. » A cela, Charles n’a plus qu’à répondre: « Ma foi, j’ai quand même l’impression que vous l’aimez toujours ». Et Nels retourne auprès de sa femme.

De son côté, Caroline abonde dans le sens d’Harriet: « Vous avez bien raison, Nels est grotesque, il ne pense qu’à s’amuser, et il est mauvais père, en plus ! » Harriet aussitôt réagit: « Ce n’est pas ça, il ne pense pas qu’à s’amuser: il travaille tout autant que moi, si ce n’est plus. Et avec les enfants, c’est un père adorable. Sévère, parfois, mais juste. » « J’ai l’impression, dit Caroline, que vous l’aimez encore… » Et Harriet se rabiboche avec son mari.

Voilà la grande leçon.

Nous sommes dans un monde sentimental qui ne réfléchit pas, qui se scandalise bien vite. C’est tellement simple; ça va alimenter les causeries. La crise étant là, on a pris l’habitude de se mettre en colère, de mal juger.

Mais notre monde se veut idéal. Qui veut faire l’ange fait la bête. L’enfer est pavé de ces intentions pures, qui en réalité ne tiennent aucun compte des limites de l’être humain. C’est parce qu’on a une vision bien trop idéaliste, hollywoodienne – et nous sommes complètement imprégnés de ce sentimentalisme absolu – qu’on est sans cesse dans la rupture, sur le fil, tendus comme des arcs. La société sentimentale fabrique des inadaptés de la vie.

C’est pourquoi nous disons ici qu’il importe, vis-à-vis de l’enfant, de ne pas abuser de l’intention première, de la sincérité, du « cœur ouvert ». Faites attention avec le cœur. Soyez parfois rusés. Employez l’effet nocebo s’il le faut, et de juste manière. Tournez en dérision l’abandon d’un enfant qui affirme être incapable de faire encore un effort: « Je crois que tu as raison, tu es trop petit pour réussir cet exercice ».

A discerner bien sûr car parfois, l’enfant est trop fragile, trop peu sûr de lui, trop fragile pour supporter cette critique. Mais dans 99% des cas, il est plus fort que vous ne pensez.

C’est bien plus efficace que du bon sentiment.


Une lettre de l’ISPN au sujet de l’effet placebo et de l’effet Hawthorne

Placebo, Hawthorne ou guérison spontanée ?

Chère amie, cher ami,

Vous connaissez sans doute la notion de placebo. En médecine, c’est une composante indispensable de la guérison ou du soulagement d’un patient.

On entend parfois que l’effet placebo joue à hauteur de 30 à 60 % dans la guérison d’un patient.

C’est à la fois considérable et… inexact !

Mais c’est suffisamment vrai pour que les médecins se méfient de ce phénomène qu’ils considèrent comme un concurrent. Les laboratoires pharmaceutiques aiment encore moins la notion. Pensez-vous ! C’est contre un placebo, c’est-à-dire un produit sans effet pharmacologique, que les médicaments sont testés. S’ils ne font pas mieux que le placebo, ils ne sont pas remboursés…

Le placebo a donc mauvaise presse chez de nombreux scientifiques.

Par ailleurs, il suscite des interrogations nombreuses, sans doute des fantasmes mais aussi des espoirs.

Vous allez comprendre pourquoi en lisant ce qui suit.

Préparez-vous tout de même à ne plus voir votre médecin ou thérapeute de la même manière…

Etes-vous prêt(e)? On y va !

Ce qu’en pensent les médecins…

Dans le monde scientifique, on utilise la notion de placebo dans deux situations : les études en double aveugle et l’amélioration de l’effet escompté d’un traitement.

Les études en double aveugle sont très appréciées des médecins. Elles se trouvent tout en haut de la hiérarchie des méthodologies prouvant l’efficacité d’un traitement. On forme deux groupes de patients. On donne à l’un un traitement, à l’autre un placebo. C’est une substance qui ressemble au médicament (goût, texture etc.) mais qui ne comporte aucun principe actif.

Ni le médecin, ni les patients ne savent qui a reçu quoi. Dans certains cas, l’évaluateur n’est même pas le prescripteur du traitement, on parle alors de triple insu. L’évaluateur ne sait donc même pas ce qui est testé et se contente de retranscrire les données.

Si l’effet du médicament est supérieur au placebo, on estimera qu’il est efficace. Il a de fortes chances en France de pouvoir être remboursé, en espérant que ses effets secondaires ne soient pas trop puissants.

L’autre utilisation de la notion de placebo chez les médecins désigne une amélioration chez le patient que l’on n’avait pas prévue. Le médecin a été informé par un visiteur médical de l’efficacité d’un traitement, ou alors (plus rare) il s’est lui même procuré les résultats d’une étude concernant ce traitement.

Il a une idée précise du résultat à attendre. Or le patient va beaucoup mieux que prévu. Ce bonus sera mis sur le compte de l’effet placebo.

Placebo et Hawthorne : deux effets aux causes différentes

Cette idée pourtant n’est pas exacte. Surtout, elle est obsolète.

En effet, les incroyables progrès en ingénierie médicale de ces dernières années ont permis aux scientifiques de préciser les choses en la matière.

Les scientifiques semblent accepter quasi-unanimement qu’il existe dans la guérison une part qui ne dépend pas du traitement et que cette part peut être (très) substantielle. Elle s’explique par le cumul de trois effets potentiellement positifs : l’effet placebo, l’effet Hawthorne et la guérison spontanée.

Selon le Pr Jean-Marie Berthelot, rhumatologue au CHU de Nantes et expert en la matière, “l’effet placebo correspond à une amélioration réellement induite dans le cerveau du patient par la libération de différents neuromédiateurs (endorphines ou dopamine). » (1)

Cet effet positif est mesuré grâce à l’imagerie cérébrale.

Il peut :

  • venir de l’expérience du patient : ce dernier a déjà testé le médicament dont il sait qu’il lui a fait du bien.

  • être produit par le seul optimisme du malade qui s’attend à ce que le traitement soit bon pour lui.

Dans les deux cas, le traitement fonctionne mieux grâce à la foi que le patient a dans le médicament.

L’effet placebo, c’est donc le bénéfice que peut tirer un patient de la confiance qu’il a dans un traitement donné. Ce bénéfice est parfois nul, parfois considérable. Il est cependant rarement mesuré seul.

Bien souvent, les études scientifiques prennent en compte l’effet placebo et l’effet Hawthorne. Ce dernier est lié à la relation thérapeutique. C’est le bénéfice (ou au contraire la perte) lié à la relation qui existe entre le thérapeute et le patient autour du traitement.

On le mesure à partir de ce que le patient exprime par rapport au symptôme. Il peut être négatif ou positif.

Par exemple, l’inquiétude ou le stress d’un patient qui attend un traitement peut augmenter la douleur qu’il ressent (effet Hawthorne négatif).

A l’inverse, un patient qui se trouve en présence du thérapeute en qui il a confiance peut ressentir moins de douleur que ce qu’exprime son cerveau.

On va lui demander : “Sur une échelle de 1 à 10 quel est votre niveau de douleur ? » Il dira « 4 ».

Et pourtant, l’activité hormonale de son cerveau, observée grâce à l’imagerie cérébrale, indique plutôt 5.

Le patient a gagné un point de douleur par la seule présence du médecin. Voilà l’effet Hawthorne positif !

La confusion entre les deux notions (placebo et Hawthorne) vient de ce que les études cliniques ne les dissocient pas toujours. Ils sont parfois mesurés ensemble et on appelle effet placebo la somme des deux.

La puissance cumulée des deux effets

Une étude de 2011 menée sur des patients perfusés a montré de manière convaincante la force cumulée de l’effet placebo et Hawthorne. (2)

Deux groupes de patients ont été formés. Ils étaient reliés à des perfusions électriques télécommandées et ne pouvaient en aucun cas savoir quel produit ils allaient recevoir, ni à quel moment la procédure serait déclenchée.

Les deux groupes ont reçu des antalgiques (pour soulager la douleur). Le premier a été informé du début et de la fin du traitement, mais pas le second groupe.

Conclusion ?

Les patients informés du lancement du traitement en ont ressenti les effets tout de suite. Sur une échelle de douleur de 1 à 10, ils sont passés de 7 à 4 en quelques minutes puis à 3 en une demi-heure.

Le deuxième groupe n’a rien ressenti au début, puis la douleur a baissé lentement jusqu’à parvenir au niveau 3 au bout d’une heure et demie.

Résultat :

L’effet Hawthorne et placebo ont permis d’améliorer l’efficacité du traitement de plus de 50% pendant plus d’une heure.

Par ailleurs, jusqu’à ce qu’il soit arrêté, le traitement a mieux fonctionné chez ceux qui avaient eu l’information : ils souffraient moins que le deuxième groupe.

La deuxième conclusion est également intéressante !

A la fin du traitement, le premier groupe a été informé mais pas le second groupe. Les effets de l’antalgique se sont arrêtés net chez le groupe informé alors qu’ils ont continué pendant plusieurs heures chez le groupe non informé. Il y a une justice !

La guérison spontanée : l’élément perturbateur

En dehors de toute question de perception du patient ou du soignant, il arrive que les symptômes d’une maladie disparaissent. Parfois, cela n’a rien à voir avec le traitement non plus. De manière brutale, inexpliquée, la maladie a disparu !

Le Pr Berthelot – encore lui ! – a publié un article scientifique (3) commentant les données relatives à la guérison spontanée. S’il estime que la science doit encore progresser dans ce domaine, notamment parce que les études sont perfectibles, il confirme néanmoins que le phénomène existe et que les améliorations spontanées ont même une part souvent plus importante que les effets placebo et Hawthorne (cumulés ou non).

Il est évident que ces données scientifiques, qui confirment l’intuition des malades et l’observation des thérapeutes depuis des siècles, ne facilitent pas la tâche de ceux qui voudraient que la médecine ne soit fondée que sur des preuves statistiques. Si ces dernières viennent confirmer la part de guérison aléatoire et naturelle… Où va la science ?

Toutefois, ces nouvelles sont rassurantes. Elles nous donnent des pistes importantes pour nous soigner. Elles rappellent que les maladies sont complexes, multi-causales et qu’elles se soignent par un cumul de choses, parmi lesquelles :

  • La confiance ou la foi dans son traitement et dans les choix thérapeutiques qu’il est amené à effectuer.

  • La relation entre le thérapeute et le malade joue un rôle central. Soignez-la, il vous soignera mieux !

  • Une part d’aléa qui nous échappe encore et qui, même dans les situations les plus difficiles, permet toujours de garder un espoir de guérison.

Car les médecins et thérapeutes, même talentueux, mêmes parfaitement équipés ou formés, même les plus dévoués, ne savent pas tout et ne maîtrisent pas tout !

Souvent c’est même à peu près le contraire. Et les meilleurs thérapeutes sont ceux qui en ont conscience.

Vous vous en doutiez peut-être déjà?

Dîtes-vous que désormais la science est d’accord avec vous !

Naturellement vôtre, Augustin de Livois

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