Isabelle Filliozat et les limites du troisième degré


Isabelle Filliozat Retour sur l'ellipse de la vie l-ecole-a-la-maison.com

Cet article https://www.les-supers-parents.com/faut-il-poser-des-limites-ou-pas-les-precisions-d-isabelle-filliozat/ est trop faible, trop peu.

La réflexion d'Isabelle Filliozat pour beaucoup rejoint les nôtres mais elle s'arrête en chemin... Nous vous invitons à le lire pour revenir en parler ici avec nous.

Voici ce que nous disons:

Interdits, selon Isabelle Filliozat

"Une structure, un cadre, des règles et des consignes : OUI. Des interdits et des limites : NON"

Voilà ce qu'elle propose.

Cette lecture pleine de bons sens nous dit: "Soyons plus intelligents, arrêtons de nous limiter à des comportements cassants et limitatifs". C'est tout à fait juste.

Au premier degré, on interdit: vous n'allez pas laisser à l'enfant de moins de 3 ans le loisir de se jeter de la fenêtre du cinquième étage. C'est non.

Au second, on retire les interdits. Une explication, un enseignement vaut, sur ce genre de sujet, tous les interdits: l'enfant va comprendre le danger.

Mais au troisième, on les remet et on sait pourquoi. Il y a par exemple des motifs purement sociétaux. Il est interdit de griller un feu rouge, un point c'est tout. Il y a une nécessité d'apprendre que des choses sont vraies même si on ne les expérimente pas: vous interdirez à l'enfant de toucher à la cocaïne parce que l'explication ou l'expérience n'aideront aucunement. Vous lui interdirez de vous insulter en public, même si son caractère joueur l'y pousse. Ou de vous frapper. Un enfant qui aura été entièrement accompagné d'explications et de bienveillance n'est pas du tout garanti contre des actes amoraux. Et l'adulte qui l'aura élevé n'étant pas parfait, il y aura toujours des failles, des imperfections, un moment où l'enfant amènera l'adulte à formellement interdire. On n'a jamais vu un enfant ne pas se voir interdire quelque chose. C'est de l'illusion de croire que cela existe.

De ce fait, l'adulte qui s'interdit lui-même de poser un interdit est certain se de confronter à des incidents.

Or, si l'on va au-delà du troisième degré, on s'aperçoit que cela va bien au-delà de tout cela réuni, c'est au-delà du sociétal, de la morale et de la nécessité où trop d'éducateurs se cantonnent.

Il y a une dimension métaphysique. Les interdits sont indispensables pour créer l'être. C'est ce que nous expliquons dans l'article en référence.

Transgression ? elle est utile et nécessaire, contrairement à ce tabou ambiant (j'y reviens dans un instant). Il faut juste dépasser, là aussi, ce troisième degré.

La dimension supérieure de l'être humain se situe au-delà d'un simple regard "éducationnel", au-delà de la psychologie. C'est important de comprendre que le meilleur résultat en psychologie ne suffit pas.

L'individu ne peut atteindre cent que s'il pense à mille. Il a besoin de se nourrir d'absolu, d'au-delà du quotidien et de contingences. Personne ne peut l'ignorer.

Et puis, dans ces considérations, il y a jugement du parent. Le parent qui fixe des limites aurait en quelque sorte des problèmes. Isabelle Filliozat dit :

Du coté du parent : « mettre des limites » lui fait voir son enfant sous un angle qui déforme sa perspective. L’enfant est perçu comme débordant, incapable de dominer son énergie, de gérer ses comportements.

Oui au degré du parent qui fixe des limites pour freiner l'enfant mais non à celui qui fixe une limite pour appeler à se dépasser ! Ce jugement méconnaît donc les parents qui usent des contraintes et des limites avec art. Pour eux, c'est le contraire qu'il faut dire.

Quand vous lisez le commandement "Tu ne tueras point", vous pouvez n'y voir qu'un interdit, si vous manquez complètement de philosophie, mais vous pouvez aussi y voir tout ce que cela sous-entend: "car toute vie est sacrée et mérite un amour inconditionnel."

Les limites dont parle Isabelle Filliozat ne sont en fait que le reflet de la vision qu'on en a: elle les voit comme mauvaises a priori. Or, on peut les voir exactement contraires à cela, elles sont peut-être justement la clé d'une définition, d'une identité, d'étapes parfaitement nécessaires, comme la terrasse de Bellevue est le point de vue indépassable au bas de Meudon qui permet de découvrir la région parisienne d'un regard.

De même, c'est parce que nous refusons que l'enfant soit considéré comme soi-disant "hyperactif" ou "hyperkinétique", ou ce genre d'étiquette farfelue imaginée par un adulte en mal de classements et de catégories, que nous donnons quant à nous à l'enfant ce don extraordinaire de la limite qui va être une étape à franchir.

Quant à l'interdit (à donner avec grande parcimonie naturellement, comme tout ce qui est absolu), il donne un sens du sacré, de l'absolu, et du dépassement. Le champion à qui on dit qu'il est "presque impossible" de faire tel chrono rassemblera ses forces pour l'atteindre. Mais il ne se battra probablement pas au maximum pour un chrono "impossible", il aura peur ou il respectera au fond de lui-même cet absolu et ne se prétendra pas au-dessus de tout, ou semi-dieu. A moins qu'il soit de cette race farouche. En ce cas, la limite sera un appel, un défi.

Va-t-il gagner ? Parfois, il faut gagner, mais pas toujours.

C'est cette nuance qui fait la différence. Il est bon que l'enfant téméraire réussisse et connaisse l'échec: trop d'échec lui nuit, trop de réussite aussi. De même l'enfant timoré. Songeons qu'un enfant timoré auquel on décide de ne donner que de la réussite, en abolissant toute limite, risque grandement de sombrer brusquement dans une confiance trop grande en lui.

On voit donc bien qu'il y a des "atteignables" moyennant une transgression (des auto-interdits, des croyances, des lois parentales, la Loi etc.) et cette transgression est parfois très féconde (les naturopathes aujourd'hui transgressent la loi médicale, il faut le rappeler) et il y a un "absolu inatteignable", qui est juste un phare; le bateau n'atteint jamais le phare mais se dirige vers lui.

Il est bon aussi, n'en déplaise aux tenants de l'éducation libertaire, que l'enfant ne comprenne pas toujours tout et qu'il ait en face de lui, parfois des interdits incompréhensibles. Même s'ils lui paraissent injustes. Nous en avons parlé par ailleurs.

Transgressions, selon Isabelle Filliozat

Elle dit: "Les limites et les interdits vont susciter l’envie de transgression, c’est pour cela qu’ils peuvent se montrer contre-productifs et parfois même dangereux".

Ainsi, le fait de susciter des transgressions serait forcément mauvais ? Voilà une frivolité bien contemporaine !  Or, aller au-delà des limites ou des interdits peut être excellent et constructeur, dans la mesure où l'enfant a reçu le bagage nécessaire et que les circonstances l'imposent. Nous disons même qu'il est nécessaire que l'enfant un jour transgresse toutes les limites qui l'ont encadré, ne serait-ce qu'un bref instant, comme le bourgeon explose ou que l'arbre dépasse son tuteur.

Comme le dit Shrî Aurobindo, la "limite est utile, la limite devient inutile".

C'est encore une fois, comme nous le disons sur ce blog, une question d'étape.

Isabelle Filliozat met les choses à plat dans le même temps et le même espace, ce qui n'est pas juste.

Les limites sont "extensibles", repoussées et mouvantes avec la maturation de l'être, ce qui est expliqué dans l'article maître sur ce sujet 😉 Quand nous lisons dans l'article

« on ne frappe pas » remplace un « chez nous il est interdit de frapper »

nous disons: attention. Certes, il vaut mieux dire à l'enfant "chez nous, on ne frappe pas", que "tu ne frappes pas" car l'enfant se sentira plus lié à un groupe, et non pas isolé.

Mais il y a un risque là aussi. Pour l'enfant, "chez nous, on ne frappe pas", ou "il est interdit de frapper", cela revient au même, c'est un interdit. Sauf que dans le second cas, "on ne frappe pas", ce n'est pas clair. La question de l'enfant de 8 ans sera "Pourquoi ?", suivie à 10 ans de "Qui dicte les règles ?" puis à 14 de "Etes-vous Dieu ?" et à 16 de "et si je faisais le contraire, qu'y pourriez-vous ?""Chez nous, on..." peut aider mais jusqu'à un certain âge, quand par exemple l'enfant raconte que des enfants extérieurs l'ont tapé; mais il arrive un âge où cela sera compris comme sectaire, tribal même, et donc un peu antisocial parce que ça veut dire qu'ailleurs, ça se passe autrement. Au pire, ça peut vouloir dire : "Ailleurs tu vas te faire démolir, mais ici, on t'interdit d'apprendre à te battre."

Enfin, on est dans le flou, le pire ennemi de l'enfance. Quelle est la référence ? L'opinion des parents ? Ce n'est pas une référence absolue. Ils ne sont pas des dieux, ils peuvent se tromper.

Nous disons: mieux vaut s'en remettre à un absolu, se dégager de la responsabilité ultime car nous n'avons pas créé le monde. Nous ne pouvons pas justifier de cette phrase "sois pacifique", car cela dépasse la bienveillance, le pacifisme, les règles du savoir-vivre ou du "vivre-ensemble" (comme on dit dans les salons du ministère...)

Cela renvoie à une loi intangible que les parents n'ont pas inventée: le respect de la vie.

Des parents qui donnent l'air d'avoir inventé les normes

Donc, dire "chez nous, on..." c'est affirmer que les parents ont inventé des normes. Et c'est faux. Mieux vaut dire: "Dans notre famille, comme dans la plupart des familles, on ne frappe pas" pour éviter un "chez nous" qui coupe l'enfant de l'absolu et de la société.

D'ailleurs, pourquoi est-ce qu'on "ne frappe pas" ?

C'est drôle, parce qu'il y a à la fois une envie de ne surtout rien dire de radical ou de fort et en même temps un esprit totalitaire. "Je ne dis pas que je t'interdis mais je te dis : on ne fait pas ça". Cela revient au même ! C'est dit autrement, d'un langage plus doucereux, mais c'est la même chose. C'est un peu comme sourire avec un gourdin dans les mains.

Allons, ne soyons point si craintifs de l'interdit et de la radicalité, en éducation.

Veut-on que l'enfant se retrouve démuni face à un agresseur, ou qu'il soit capable de le mettre hors d'état de nuire ?

La bagarre devrait plutôt être le recours quand tous les autres recours ont échoué, et si l'on veut que le jeune garçon ait un quelconque sens de la défense des plus faibles, on ne retire pas de son horizon la loi naturelle.

Malveillance ?

"La bienveillance me pose souci, elle soulignerait qu’on peut être malveillant", dit encore Isabelle Filliozat. Mais oui, évidemment, il y a des personnes malveillantes, consciemment ou non !

Nous croyons en la bienveillance parce qu'en effet, il y a une éducation malveillante, celle qui veille mal. Elle ne veille pas sur l'enfant.

Mais nous croyons bien mieux en l'éducation tout court. Car finalement "éducation bienveillante" est une expression qui suggère que l'éducation n'est pas forcément bienveillante, alors qu'elle l'est par nature: si l'on n'est pas bienveillant, on n'éduque pas.

"Education bienveillante" est un pléonasme, typique d'une époque qui perd le sens des mots.

On voit là des modes de langage et il faut toujours s'en méfier. Restons avec un langage pur, fuyons les snobismes, fuyons tout ce qui dit: "Nous avons inventé nos propres règles, ce qui nous précède est mauvais." Car on n'invente rien du tout.

L'éducation a débuté il y a 600 millions d'années et il s'en trouve qui imaginent vraiment inventer quelque chose. Oui, il y a ici une vanité. Qui du reste se transforme rapidement, chez les "bienveillants", en fureur et méchanceté, nous le constatons sur les réseaux sociaux. Parfois, nous faisons des expériences très amusantes.

Mais revenons à notre sujet.

"Il est important de sortir de ces notions de bien et de mal", dit encore Isabelle Filliozat. Oui et non. On veut sortir du bien et du mal, et on se retrouve dans le relativisme, tout se vaut.

Pourtant, ce sont des absolus qui existent et entre lesquels tout être naturel se situe. Il y a un bien et un mal. C'est le principe fondateur, pas le principe ultime, qui est en-dehors du manichéisme. Retirez les principes premiers et vous avez des meurtriers qui ne savent même pas ce qu'ils font.

Il ne s'agit pas de retirer bien et mal mais de cesser de juger l'enfant. C'est tout à fait différent.

Par ailleurs, bien sûr, tout n'est pas "bien" ou "mal" mais situé entre les deux à des degrés divers.

Prenons l'exemple des bonbons. Il est dit : "Il me semble important d’être ferme par exemple sur le nombre de bonbons, mais pas sur les comportements excessifs, qui eux ont toujours une motivation à entendre". Mais vous avez des parents dentistes qui disent "Non, aucun. C'est comme ça. Zéro bonbon." C'est un absolu. Ils ont peut-être raison. On ne peut pas les exclure du champ de l'éducation.

L'interdit doit exister, parce qu'il enseigne une autorité supérieure qui n'est pas d'ordre humain, sentimental, rationnel, malléable. Un absolu est nécessaire dans l'horizon mental de l'être humain. Pas dans son quotidien incarné. L'interdit s'appliquera subjectivement ça ou là, selon les parents, mais il existera dans l'esprit de l'enfant, ce qui le construira. L'absolu fait naître la quête d'une libération, c'est le sens du chemin dans le règne humain.

Voilà chère Isabelle Filliozat, pour le reste, nous vous rejoignons, il faut que les enfants apprennent, à un moment juste et pas trop tôt d'ailleurs, que leurs parents peuvent se tromper.

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  • Les contraintes stimulent notre imagination, mais les interdits n’arrêtent plus grand monde! Est-ce parce qu’il y en a trop?
    Je suis d’accord avec vous, il y a de grands interdits qui construisent notre vie sociale nécessaires.
    Mais nous sommes tentés parfois d’imposer un interdit par confort, par prévention abusive. Il y a quelque temps , j’ai accompagné deux de nos petites filles à une « aire de jeux » à Heidelberg. J’ai fait un gros effort pour rester calme et ne pas leur interdire de jouer! Là-bas les enfants ,même très jeunes, peuvent grimper sur des structures impressionnantes, sauter, se suspendre, au risque de se rompre mille fois le cou, et sous le regard bienveillant ou indifférent des adultes! J’en étais malade. J’ai respiré lorsque nous en sommes parties sans un bleu.
    Il y a des interdits pour chaque âge en éducation ,mais qui n’a pas observé un « bébé » de deux ans toucher à divers objets fragiles en disant: « non! non! « et en jetant un coup d’œil inquiet aux adultes présents. Transgression? Mise à l’épreuve de l’autorité?
    Soyez dociles, obéissantes, respectez les interdits nous disait une directrice de collège , à l’ancienne mode,. Vous êtes trop ignorantes encore pour vous rebeller. Obéissez! Sinon vous ne saurez jamais commander!
    Quand Mai 68 est arrivé nous en avons pleuré de joie. Peut-être à tort.

  • Séverine Loyer dit :

    Ce que vous dites sur le « chez nous, on… », je l’emploie fréquemment depuis que j’ai lu un bouquin sur les rivalités entre frères et soeurs. L’auteur suggérait d’utiliser le « chez nous, on ne frappe pas », pour que l’enfant se sente appartenir au groupe « famille » et c’est beaucoup moins culpabilisant que de dire « tu arrêtes de frapper ta soeur ». On peut cantonner les enfants dans un rôle quand on leur répète sans cesse l’injonction, dans le rôle de l’agresseur pour l’un et dans le rôle de la victime pour l’autre. Pour moi, la société démarre au sein de notre famille. Elle est une micro-société dans la société. Et les règles familiales s’étendent ensuite au reste de la société (dans la société, il est interdit de frapper sous peine de devoir payer des dommages et intérêts à la victime, sous peine de se retrouver incarcéré, etc.). Et cette règle formulée ainsi est importante pour tous les membres de la famille. Parce qu’on peut tous déraper. Chez nous, quand quelqu’un dit « non », « stop » ou « arrête », on s’arrête. Et cette règle, elle est valable aussi bien pour le papa qui continue de chatouiller sa fille alors qu’elle a dit « non », que pour la maman qui passe l’aspirateur au moment où l’aînée regarde une vidéo super intéressante. La règle ne s’applique pas qu’à l’enfant mais aussi aux autres membres de la famille. L’enfant peut lui-même rappeler la règle familiale aux parents. D’ailleurs mes enfants ne se privent pas de rappeler les règles ainsi formulées. Si on dit à un enfant « tu ne dois pas frapper », ça peut vouloir dire « toi tu n’as pas le droit, mais pour les autres, c’est permis ».
    Je ne suis pas d’accord quand vous dites : « « Chez nous, on… » est en plus antisocial parce que ça veut dire qu’ailleurs, ça se passe autrement, ce qui veut sire: « Ailleurs tu vas te faire démolir, mais ici, on t’interdis d’apprendre à te battre. » ». Il y a des familles qui n’ont pas la règle « chez nous, on ne frappe pas » et qui ne savent pas résoudre un conflit autrement qu’en frappant. Cela ne veut pas dire qu’ailleurs l’enfant se fera démolir, il aura au contraire appris la maîtrise de soi, la négociation, il aura appris à gérer ses émotions, son stress, son mécontentement… Saura exprimer les choses avec des mots plutôt qu’en ripostant avec des coups. Il saura qu’il y a des lois qui interdisent de frapper et que si quelqu’un l’agresse, il y a la justice pour régler cela et qu’il peut déposer plainte. Parce qu’en société, ça se passe comme ça, ce n’est pas la loi du plus fort qui l’emporte mais des lois sur le respect d’autrui. Si dans un cas extrême, une personne doit se battre pour se défendre, ça s’appelle dans ce cas de la légitime défense, et là c’est autre chose. On peut enseigner à l’enfant toutes les nuances qui existent, lui apprendre le self défense mais il doit savoir aussi que frapper, ça ne se fait pas (parce qu’entre frère et soeur on se respecte autant que faire se peut entre autres, parce qu’il y a le respect des parents, le respect de l’individu, etc.).

    • Rémy et Cécile dit :

      Vous avez raison Séverine, c’était mal formulé. Cette fois-ci, corrigé, cela vous convient-il mieux ? En effet, le « chez nous » peut être utile. Jusqu’à un certain âge. Nous donnons des pistes. En fait, nous pensions au-delà.
      « il y a la justice pour régler cela et qu’il peut déposer plainte » Hm, attention. Une plainte ne servira probablement à rien, car justement il n’y a plus de justice. Nous faisons donc en sorte que l’enfant ne se retrouve pas à compter sur une autorité publique inexistante ou injuste, qui éventuellement se retournerait contre lui. Nous lui apprenons plutôt à éviter de se retrouver dans ces situations ou s’en tirer à bon compte, après avoir immobilisé l’adversaire. Et si l’un d’eux soit être blessé, ce sera l’autre.
      « Il saura qu’il y a des lois qui interdisent de frapper » La loi interdit d’attaquer, mais pas de se défendre, au contraire, on est tenu d’assumer sa défense dans la mesure de ses moyens: on ne peut pas mettre un policier derrière chacun et on doit assister autrui, en principe. Vous le dites, d’ailleurs.

      • Séverine Loyer dit :

        Oui, ça me convient mieux. J’ai lu le texte en prenant mes propres références, ma propre sphère familiale où mes enfants n’ont pas encore dépassé l’âge de 6 ans. J’aurai peut-être une autre vision quand ils grandiront. Mais connaissant Filliozat, le fait de formuler « chez nous, il est interdit de frapper », c’est aussi parce qu’elle dit souvent que l’enfant ne comprend pas la négation avant un certain âge et qu’il vaut mieux ne pas utiliser « ne…pas » avec un enfant. Le « il est interdit de frapper » est sans doute mieux compris par l’enfant.
        Je comprends bien ce que vous voulez dire par le fait qu’il n’y ait plus de justice en France et ailleurs, mais c’est encore un peu trop tôt pour que mes enfants comprennent cela. Si je dois leur dire tout ça dès maintenant, ils vont être un peu dégoûtés trop tôt de ce monde. Je préfère préserver encore leur part de naïveté. lol

  • violaine dit :

    Je suis d’accord avec l’article,je n’adhere pas aux modes d’education qui refusent de placer le parent en tant qu’autorité reconnue,ou tout passerait par l’amour,l’amour c’est aussi de donner de bonnes bases pour le futur,de faire comprendre a l’enfant que sur cette terre il ne pourra pas faire tout ce qu’il veut meme si ça lui aurait plu,l’interdit me parait inevitable si on veut que l’enfant soit respectueux des gens qui l’entourent,quand je dis a mon enfant « tu n’as pas a frapper qui que ce soit « je ne m’attends pas non plus a ce qu’il s’en prive,je serai utopiste,par contre il saura qu’il aura franchi une limite et qu’il aura a en subir les consequences,

  • merci pour cet article. après avoir été une fervente supportrice d’isabelle filliozat dans mes premières années de mère (très séduite par ses idées ), j’en suis pour ainsi dire « revenue » au moment de la mise en pratique au quotidien. je me sens mal à l’aise avec sa vision des choses même si beaucoup de choses sont vraies dans ce qu’elle dit (besoins et réactions des enfants). en effet, je trouve que ses réflexions ne passent pas dans la « vraie vie », celle que l’on vit tous les jours et au long des journées avec ses enfants. j’essaierai de formuler cela mieux quand ce sera plus clair dans ma tête. en tout cas chaque fois que je reviens à ses livres et tente d’essayer ce qu’elle préconise, c’est le bazar complet chez nous et ce n’est pas tout à fait à l’avantage des enfants d’après ce que j’observe… je vois dans ce courant de pensée sur l’éducation un refus du bien fondé de l’autorité du parent (comme l’écrit violaine), ou tout au moins une remise en cause, un affaiblissement, qui je pense n’est salutaire ni pour l’enfant ni pour sa famille. de plus, je trouve que ce qu’elle dit sur l’attachement encourage les parents à développer et entretenir un amour fusionnel avec leurs enfants, ce qui comme vous l’expliquez dans votre article à ce sujet, n’est pas forcément la meilleure chose à faire…

    que notre bon sens nous garde d’erreurs trop importantes en éducation…

  • Dubois-Frère dit :

    J’aimerais que soit distingué les limites en cas
    – d’agressivité opposant une volonté contre une autre volonté (le gagnant /perdant)
    -de non prise en compte du réel (l’esprit d’observation; la pragmatique sociale : ce qui marche, ce qui ne marche pas dans un groupe.
    Je trouve que cette distinction n’est jamais clairement soulignée

    • Rémy et Cécile dit :

      Il faut pour cela regarder les articles sur la « cohésion » et de « territoire » qui abordent ces sujets différents (en tapant ces mots dans la fenêtre de recherche du site).

  • Carrasco dit :

    un grand MERCI pour cet article!!!

    je ne comprend même pas comment on ne peut « imposer » de limites à un enfant…pour moi c’est l’éduquer dans le mensonge pur et clair car la vie est faite d’interdits…! mais bon sang comment sera cette future génération…? une communauté anarchiste qui quand le patron de l’entreprise où l’on travaille nous demande de faire ce pour lequel nous sommes payer et nous de dire « bah non je n’en ai pas envie là de suite….!! » la bienveillance fait parti intégrante du parent car qui veut le meilleur pour son enfant si ce n’est son père ou sa mère (sauf cas de maladie mentale ou autre mais cela reste quand même exceptionnel…) BREF trop de business sort de cette mode de « Bienveillance » cela en devient pathétique….

  • clemence dit :

    Merci Rémy pour cet article. Comme toujours le côté « absolutiste » et tranché de vos articles est un vrai régal à lire.
    J’avais lu cet auteur après mon 3ème enfant. Cela m’avait aidée à comprendre mes réactions. Mais ça s’arrête là. Comme le travail d’un bon psy qui peut vous faire un diagnostic juste et précis. Mme Filliozat n’aurait pas du aller plus loin en voulant proposer ses solutions aux parents. Ce n’est pas son rôle. Et puis au delà de 4 enfants, ses conseils sont souvent inapplicables : )
    Par ailleurs votre article est très intéressant parce qu’une fois de plus vous pointez du doigt le cœur du problème : au nom de quoi, au nom de qui fixons-nous des règles aux enfants ? Une société qui veut faire abstraction des 10 commandements de Dieu se retrouve un jour ou l’autre obligée de bricoler des principes, des valeurs, des lois qui n’en sont pas et qui n’ont aucune légitimité. Il suffit de voir la taille du Code Civil pour se rendre compte que les lois humaines ne peuvent pas régir la société. Seule la loi de Dieu dans le couple, la famille et la société peut apporter l’ordre, l’harmonie, la justice et la vérité dans les relations.

    • cecileetremy dit :

      Chère Clémence, admirable ! combien vous avez raison, combien il est juste de dire que sans Dieu au centre de toute chose, toute adresse intellectuelle finit par se heurter à ses propres règles, comme on finit par s’écorcher les mains sur de mauvais clous dans un couloir lorsqu’on est aveugle. Sans Lui, comme il est dur de vouloir tout prévoir, tout affirmer. Et comme Il nous donne aussi plus de discernement et plus de confiance.
      L’exemple du Code civil est l’exemple parfait de la folie réglementaire, du besoin de combler tous les vides, de nomenclaturer tous les comportements, et cette même logique ne peut que combler les attentes vaines en donnant des femmes ou des hommes en plastic à des gens qui estiment que leur besoin est légitime. On n’en aura jamais fini puisque la vie peut faire pousser n’importe quelle lubie. S’il n’y a pas un esprit juste qui gouverne l’Homme, il n’y a qu’une quête insatisfaite; comme pour l’enfant, qui sans limites osera tout, y compris sa propre destruction.
      Il y a aussi là cette idée, qui s’approche de la science, que si l’on ne tient pas les choses, avec une loi supérieure, on disperse. La matière se délite. On voit aussi très bien comment d’une société tenue, solidaire, équilibrée, on est passé à une société de la dispersion et de la déréliction. Ce passage se fait lorsque le monarque disparaît au profit de la masse. Voltaire disait d’ailleurs à Louis XV: « Sire, un jour, au lieu d’être gouverné par un beau lion comme vous, nous serons gouvernés par cent-mille chiens comme moi. » Rappelons enfin qu’Aristote disait décadente une cité dans laquelle le nombre de lois excédait 5.000.

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