Le cours de musique, par Eric de l’école des Herbes folles
« Le sujet de la pratique d’un instrument de musique est une préoccupation assez courante des familles. Elles sont souvent dans l’embarras lorsqu’il s’agit d’aider un enfant à se plonger dans cette discipline, surtout évidemment lorsque les parents n’ont eux-mêmes aucune expérience dans ce domaine.
[/two_third_first][one_third_last]Battle of the vibes: si la musique n’est pas plaisir, elle n’est pas. Roy Ayers, le maître du xylophone, le premier instrument complexe de l’enfant.[/one_third_last]
L’idée d’en parler faisait son chemin mais c’est aujourd’hui à la demande de nos amis du site l’Ecole à la maison que je vous livre en détail ma propre perception de l’enseignement d’un instrument de musique. Cette perception personnelle vous apportera, je l’espère, des éléments de réponse que vous saurez ensuite [s2If current_user_cannot(access_s2member_level4)] adapter à votre propre philosophie de vie et à vos choix pédagogiques.
L’expérience
Jon Anderson, Steve Howe, Chris Squire, Rick Wakeman, Alan White et Bill Bruford, une explosion de talents pour un groupe appelé Yes. L’immensité imaginative rejoint le spirituel.
L’autre grand groupe, au même moment. Encore une rencontre improbable, entre Peter Gabriel, Phil Collins, Michael Rutherford, Bill Bruford, Steve Banks, et les prodigieux Anthony Phillips et Steve Hackett !
Lorsque l’on souhaite instruire ses enfants, on peut estimer que la première condition est d’avoir soi-même un niveau d’instruction très élevé, faute de quoi on n’est pas en mesure d’offrir à ses enfants une réelle instruction de qualité. Ce raisonnement simpliste s’appuie sur un postulat selon lequel on ne peut apprendre à nos enfants autre chose que ce que l’on connaît soi-même. En suivant cette démarche, on omet simplement de prendre en compte certaines composantes essentielles de l’instruction, à savoir la capacité de l’adulte à transmettre son expérience et continuer à grandir avec son enfant, la curiosité innée de tout enfant, son aisance à apprendre seul si on lui donne les outils nécessaires et enfin l’enthousiasme naturel que celui-ci peut montrer à la pratique d’une activité qui lui plaît.
Quand sort « If You Leave me now », Chicago, qui était d’habitude plus jazz, devient célèbre
Il s’ensuit que si asseoir son enfant à une table pour lui transmettre de façon magistrale des connaissances peut être une méthode, elle est cependant loin d’être la seule. Certaines méthodes plus douces pouvant se révéler d’une efficacité redoutable.
Je fais partie de ces personnes qui militent sans réserve pour un enseignement basé entièrement sur l’expérimentation, l’échange et le plaisir. Et ceci pour la simple raison que le premier objectif du musicien est à mon sens d’échanger, se faire plaisir et tenter de nouvelles expériences, non d’aller sur scène interpréter comme d’autres iraient au bureau le matin vendre des contrats d’assurance.
Académisme des cours de musique
Nous sommes nombreux à avoir en tête l’image très austère des conservatoires, lieux souvent élitistes dans lesquels l’enseignement de la pratique musicale serait soumis à des règles strictes, basées sur une intellectualisation à outrance et dont l’objectif serait systématiquement de « produire » de futurs musiciens professionnels.
Je peux témoigner que cette image est assez proche de la réalité, même si des progrès ont été effectués ces dernières années. Je vais me permettre, si vous le voulez bien, de vous parler de mon expérience et d’en faire ressortir les réussites et les échecs. Ceci vous permettra de comprendre les motivations qui m’amènent aujourd’hui à repenser totalement l’instruction musicale de mes enfants et avoir des exigences importantes dans ce domaine vis-à-vis des professionnels de cette discipline.
Dans ce morceau de Jean Constantin, les sonorités intriguent. On ne parviendrait pas à les reproduire, alors qu’elles n’ont que 60 ans
René Cloërec, génie ou chanceux inspiré par un inconnu ? Il n’a jamais refait ça. A enregistrer, réécouter, entretenir. Beaucoup d’émotion
Lorsque j’ai eu 5 ans, il a été décidé que je perpétuerais en ma qualité d’aîné la tradition familiale des violonistes. Le choix ne m’a pas été permis. Au bout de huit années de violon, l’échec semblant flagrant, il m’a été accordé de changer d’instrument : il a alors été décidé que je me mettrais à la flûte traversière. Si ce n’était toujours pas mon choix, il semble qu’il s’agissait néanmoins d’une bonne idée dans le sens où cette seconde activité a été pour moi une réussite. J’ai envisagé un temps d’en faire mon métier.
Mais qu’est-ce que la réussite ?
Diamond Dust, de Jeff Beck. De faux airs de musique de film pour un grand moment d’ambiance
Pour moi, la réussite a consisté à pouvoir lire couramment les 7 clés musicales, être capable d’interpréter des compositions demandant un niveau technique élevé, une vélocité toujours plus grande, une maîtrise rythmique totale, etc… je suis devenu capable de jouer à peu près tout ce que l’on (…) la suite est réservée aux membres accompagnés, pour activer votre accès membre, passez par ici. Déjà membre accompagné ? Connectez-vous dans le menu du site (en cas de souci, voir la FAQ). [/s2If] [s2If current_user_can(access_s2member_level4)] adapter à votre propre philosophie de vie et à vos choix pédagogiques.
L’expérience
Jon Anderson, Steve Howe, Chris Squire, Rick Wakeman, Alan White et Bill Bruford, une explosion de talents pour un groupe appelé Yes. L’immensité imaginative rejoint le spirituel.
L’autre grand groupe, au même moment. Encore une rencontre improbable, entre Peter Gabriel, Phil Collins, Michael Rutherford, Bill Bruford, Steve Banks, et les prodigieux Anthony Phillips et Steve Hackett !
Lorsque l’on souhaite instruire ses enfants, on peut estimer que la première condition est d’avoir soi-même un niveau d’instruction très élevé, faute de quoi on n’est pas en mesure d’offrir à ses enfants une réelle instruction de qualité. Ce raisonnement simpliste s’appuie sur un postulat selon lequel on ne peut apprendre à nos enfants autre chose que ce que l’on connaît soi-même. En suivant cette démarche, on omet simplement de prendre en compte certaines composantes essentielles de l’instruction, à savoir la capacité de l’adulte à transmettre son expérience et continuer à grandir avec son enfant, la curiosité innée de tout enfant, son aisance à apprendre seul si on lui donne les outils nécessaires et enfin l’enthousiasme naturel que celui-ci peut montrer à la pratique d’une activité qui lui plaît.
Quand sort « If You Leave me now », Chicago, qui était d’habitude plus jazz, devient universellement célèbre
Il s’ensuit que si asseoir son enfant à une table pour lui transmettre de façon magistrale des connaissances peut être une méthode, elle est cependant loin d’être la seule. Certaines méthodes plus douces pouvant se révéler d’une efficacité redoutable.
Je fais partie de ces personnes qui militent sans réserve pour un enseignement basé entièrement sur l’expérimentation, l’échange et le plaisir. Et ceci pour la simple raison que le premier objectif du musicien est à mon sens d’échanger, se faire plaisir et tenter de nouvelles expériences, non d’aller sur scène interpréter comme d’autres iraient au bureau le matin vendre des contrats d’assurance.
Académisme des cours de musique
Nous sommes nombreux à avoir en tête l’image très austère des conservatoires, lieux souvent élitistes dans lesquels l’enseignement de la pratique musicale serait soumis à des règles strictes, basées sur une intellectualisation à outrance et dont l’objectif serait systématiquement de « produire » de futurs musiciens professionnels.
Je peux témoigner que cette image est assez proche de la réalité, même si des progrès ont été effectués ces dernières années. Je vais me permettre, si vous le voulez bien, de vous parler de mon expérience et d’en faire ressortir les réussites et les échecs. Ceci vous permettra de comprendre les motivations qui m’amènent aujourd’hui à repenser totalement l’instruction musicale de mes enfants et avoir des exigences importantes dans ce domaine vis-à-vis des professionnels de cette discipline.
Dans ce morceau de Jean Constantin, les sonorités intriguent. On ne parviendrait pas à les reproduire, alors qu’elles n’ont que 60 ans
René Cloërec, génie ou chanceux inspiré par un inconnu ? Il n’a jamais refait ça. A enregistrer, réécouter, entretenir. Beaucoup d’émotion
Lorsque j’ai eu 5 ans, il a été décidé que je perpétuerais en ma qualité d’aîné la tradition familiale des violonistes. Le choix ne m’a pas été permis. Au bout de huit années de violon, l’échec semblant flagrant, il m’a été accordé de changer d’instrument : il a alors été décidé que je me mettrais à la flûte traversière. Si ce n’était toujours pas mon choix, il semble qu’il s’agissait néanmoins d’une bonne idée dans le sens où cette seconde activité a été pour moi une réussite. J’ai envisagé un temps d’en faire mon métier.
Mais qu’est-ce que la réussite ?
Diamond Dust, de Jeff Beck. De faux airs de musique de film pour un grand moment d’ambiance
Pour moi, la réussite a consisté à pouvoir lire couramment les 7 clés musicales, être capable d’interpréter des compositions demandant un niveau technique élevé, une vélocité toujours plus grande, une maîtrise rythmique totale, etc… je suis devenu capable de jouer à peu près tout ce que l’on me présentait. En revanche, pour ce qui concerne le développement d’une créativité personnelle, ce fut le grand désert.
J’étais devenu un musicien passionné et techniquement très sûr de lui mais incapable d’improviser et de s’exprimer musicalement.
Un échec ? Non, puisque je dois à mon éducation musicale d’être la principale passion de ma vie. Mais cette passion qui m’anime s’est construite dans la douleur alors qu’il aurait à l’évidence été possible d’atteindre le même objectif en s’appuyant sur mon plaisir, mes envies d’enfant et ma créativité. Je m’interroge sur cette méthode dont on a usé avec moi.
Quelles leçons en tirer ?
Où se situe exactement l’erreur de l’enseignement académique ?
Bach nous donne sa paix. La splendeur
Prenons l’apprentissage d’une autre discipline artistique : le dessin. Un enfant qui dessine n’a pas conscience des lois de la perspective, des effets de contraste des couleurs. Aucun adulte, à ma connaissance, ne lui interdit cependant de dessiner au prétexte qu’il devrait apprendre la théorie avant d’envisager la pratique. La théorie viendra en son temps si l’enfant veut aller plus loin et qu’il atteint des limites. Et rares sont les adultes qui auront comme premier réflexe d’arrêter un enfant dans son élan pictural sous prétexte qu’il commet une erreur grossière.
En matière de musique, c’est exactement l’inverse qui se produit dans la plupart des cas : l’enfant doit commencer par apprendre le solfège avant d’avoir le droit de toucher l’instrument de musique ; ce n’est que rarement, et souvent par esprit de conciliation avec les parents, qu’un enseignant acceptera — du bout des lèvres — de commencer l’instrument en même temps que le solfège.
G.T. Stomp, au piano Earl Hines. Un homme qui ne savait pas son solfège. Le piano appris dans la rue (Georges Dixon à la trompette)
Par ailleurs, j’ai toujours trouvé très surprenante cette habitude qu’ont certains musiciens d’intervenir, certes avec un fort sentiment de bienveillance, pour arrêter un enfant qui commet une erreur d’interprétation.
Cosme, lancé dans sa découverte de « Frère Jacques » au piano, commet systématiquement l’erreur d’oublier les dièses et les bémols que je lui ai pourtant apprises. Mais Cosme aime les touches blanches, il n’aime pas les touches noires, c’est comme cela. Il ne joue pas exactement Frère Jacques. Mais il éprouve un plaisir immense à jouer. Il tente spontanément des expériences en jouant à deux mains; et je sais déjà que son cheminement musical va l’amener à avoir envie d’entendre ce qu’on peut faire avec les fameuses touches noires qu’il redoute pour l’instant.
Si ma première réaction d’adulte avait été de l’interrompre pour lui expliquer son erreur, il est évident qu’il aurait perdu l’intérêt de la découverte, songerait à abandonner ce petit plaisir de jouer du piano ou se contenterait d’appliquer sans imagination ce que je lui dis de faire. Non seulement je lui ferais perdre le goût du piano mais je le contrarierais aussi dans l’acquisition de son autonomie.
L’enseignement académique de la musique souffre principalement de ces deux maux :
- l’absence de confiance dans la capacité de l’enfant à progresser par l’expérimentation.
- l’objectif d’excellence technique au détriment de l’excellence créatrice.
L’effet de cet enseignement est dramatique pour nombre d’enfants qui jetteront l’éponge relativement tôt, s’ils ne sont pas forcés à continuer par leurs parents. Ne ressortiront du conservatoire que des musiciens techniquement excellents mais peu formés à la créativité et à l’expression personnelle.
Se laisser guider par l’envie de l’enfant
Je ne reviendrai pas sur l’importance primordiale du goût de la musique comme première étape indispensable à son apprentissage.
Un enfant qui n’aime pas la musique, qui n’y est pas sensible, ne pourra être qu’un technicien d’une part, et ne deviendra d’autre part compétent que contraint et forcé, n’y éprouvant justement aucun plaisir. La première chose importante à comprendre est donc de ne pas forcer son enfant à se lancer dans la pratique d’un instrument de musique.
Maynard Ferguson: une trompette servie par une excellente orchestration
L’instrument de musique doit être proposé, non pas imposé. Chez nous, la proposition a été faite sous forme d’une simple mise à disposition : nous avons un piano que nous laissons en « libre service » dans le salon. Au début, Aliénor et Cosme tapaient furieusement avec leurs petits poings et y éprouvaient un plaisir évident, plaisir auquel nous mettions gentiment fin de temps en temps, avouons-le, pour la sauvegarde de notre santé nerveuse.
En grandissant et en voyant leur papa et leur maman jouer de temps en temps, ils se sont mis à nous demander de leur apprendre à jouer eux-mêmes certaines comptines. Enfin, de la simple application de ce que nous leur montrions, ils sont naturellement passés à l’étape de l’expérimentation.
Jean-Luc Ponty, un violoniste exilé, irréconciliable avec l’enseignement académique français
Nous les avons donc inscrits en éveil musical et avons observé leurs premières réactions : devant l’enthousiasme évident qu’ils exprimaient à s’y rendre, nous avons décidé de prolonger l’expérience puis, lorsque Aliénor a atteint ses 7 ans, je lui ai demandé si elle souhaitait essayer de pratiquer un instrument de musique.
Sa réponse a été celle de bon nombre d’enfants : lequel ?
Je lui ai alors montré des vidéos afin qu’elle voit et écoute différents instruments, j’ai observé ses réactions pour l’aider à se décider puis lui ai enfin permis d’essayer les instruments qui semblaient la séduire (soit en contactant des enseignants, soit en utilisant mes instruments personnels). Ainsi, après avoir essayé le saxophone, la trompette, le piano et la guitare, son choix s’est porté sur la trompette.
Choisir un instrument
Le choix de l’instrument peut être un sujet délicat à gérer et il me paraît indispensable de ne pas le négliger. Cela est trop souvent oublié alors que les paramètres à considérer sont nombreux.
Ces paramètres les plus courants sont selon moi :
-
La place occupée par l’instrument
La problématique posée par un enfant qui a envie de commencer le violon est loin d’être la même que celle d’un enfant qui choisira la batterie, la contrebasse ou la harpe. Si le violon se range aisément après chaque utilisation, il en est tout autrement d’autres instruments qui poseront un réel problème d’organisation pour l’ensemble de la famille. Malheureusement, les solutions sont assez rares et rarement satisfaisantes. Celles qui passent par l’artifice de l’électronique dénaturent le son et la sensation de toucher. Mais elles sont des pis-aller qui peuvent convenir, un temps. Une batterie électronique plutôt qu’une acoustique vous permettra de gagner en place (et de diminuer l’effet de nuisance sonore, voir plus loin) tandis qu’une guitare basse fretless ou même une contrebasse électrique, par leur absence de caisse de résonance, permettront également d’accéder au désir de votre enfant sans devoir « pousser les murs ». -
Le coût
Disons-le sans ambage, un instrument de musique coûte et le montant des cours, sans être prohibitif au regard de ce que coûtent les autres activités, représente néanmoins un budget conséquent. Il me faut bien admettre que la musique fait partie de ces activités qui ne peuvent se satisfaire d’économies de bouts de chandelle.
La location d’un instrument a comme seul avantage de permettre aux parents de ne pas surinvestir dans un matériel qui risque d’être abandonné au bout de quelques mois ; si l’enfant montre un intérêt durable pour l’instrument, la question de l’achat doit alors se poser car la location est onéreuse sur le long terme.
Le marché de l’occasion peut être abordé mais je n’y suis personnellement pas favorable, pour des raisons spirituelles essentiellement : mon avis sur la question est qu’un instrumentiste construit avec son instrument de musique une relation très particulière. Il n’est pas rare d’entendre un instrumentiste dire que « son instrument se fait à lui, et réciproquement » ou que « tout instrument de musique a une âme ». Ces deux remarques militent à mon sens pour l’acquisition d’un instrument de musique neuf afin que l’enfant et l’instrument construisent une relation dispensée de toute vie antérieure de l’instrument. Mais j’admets qu’il s’agit ici d’une perception personnelle qui peut être soumise à de nombreuses objections ; chacun doit donc gérer ce point selon sa propre relation à la musique et à l’instrument de musique [on peut envisager de l’occasion pour éviter un investissement trop important et se garder la possibilité de faire un beau cadeau à un enfant passionné, ce qui pourrait favoriser sa motivation, ndlr].
Quoiqu’il en soit, si vous choisissez de vous orienter vers le marché de l’occasion, deux solutions s’offriront alors à vous : faire de réelles économies ou obtenir pour un coût équivalent à du neuf un instrument d’occasion de meilleure qualité de fabrication. -
La rareté
Si votre enfant opte pour le sousaphone, la cornemuse, le didjeridoo ou encore la harpe, il me semble important d’essayer de comprendre d’où peut venir ce choix car ces instruments, du fait de leur rareté, peuvent poser problème à l’enfant sur le moyen terme.
Lors d’une promenade à Poitiers, nous passons devant une harmonie fanfare en pleine représentation. Nous nous arrêtons évidemment et j’observe que Cosme est en admiration devant le sousaphone. Tout enfant de 6 ans tombe en admiration devant cet instrument pour des raisons toutes simples : c’est un très gros instrument, qui fait des sons très graves et qui a une forme extrêmement « rigolote ». Cosme me lance un enthousiaste « je veux faire ça !!! ». Loin de vouloir l’en dissuader, j’ai cependant été attentif au sérieux de cette demande du fait des implications qu’elle aurait sur nous : cela nous aurait posé un problème de place à la maison, de coût, de disponibilité de l’instrument (il me paraît peu probable de le trouver en location dans une ville de 60 000 habitants) et enfin, sauf à imposer à Cosme l’apprentissage du tuba pour sa similarité technique, la recherche d’un professeur aurait été difficile.
La rareté d’un instrument de musique est donc un sujet relativement difficile à traiter lorsqu’il se présente car il faut arriver à faire comprendre à l’enfant les contraintes et difficultés pour l’ensemble de la famille, éléments qui se basent parfois sur des concepts que l’enfant ne maîtrise pas encore (notion financière, difficulté à s’intégrer dans un groupe ou un orchestre, etc…).
Dans une telle situation, je reste persuadé que seuls les parents, par la connaissance qu’ils ont de leur enfant, le dialogue et la relation qu’ils ont tissée avec lui sauront aboutir à une décision partagée qui aille dans le sens des désirs et des intérêts de l’enfant. -
Le niveau de tolérance de la famille qui va devoir vivre avec un instrumentiste débutant
Vaste question enfin que celle-ci. Combien de fois ai-je entendu cette réflexion : « mon enfant veut faire de la batterie, cela va devenir invivable à la maison ! » ?
Ne nous voilons pas la face sur ce sujet non plus : un enfant qui apprend la batterie à la maison, c’est nerveusement difficile pour toute la famille. Mais j’affirme qu’il en est de même d’un enfant qui débute le violon, le hautbois, la clarinette, la trompette et beaucoup d’autres encore, bien que ces instruments ne se situent pas dans le même registre en termes de niveau sonore.
Plutôt que de redouter cet aspect en se demandant si l’on doit sacrifier son confort au développement de l’enfant ou au contraire le frustrer, je préfère voir ici un excellent moyen de sensibiliser l’enfant au respect du calme dont a besoin autrui.
Un enfant qui est conscient que la musique peut gêner l’entourage est un futur adulte qui respectera la tranquillité de ses voisins, ne gérera pas sa relation à la musique de façon égoïste. Supporter le travail musical de son enfant en oubliant de se préserver soi-même n’est pas une solution, pas plus que ne l’est celle consistant à lui dire crûment « si tu veux faire de la musique, tu vas à l’autre bout de la maison ou tu attends que je sois dans le jardin ». Il me semble beaucoup plus constructif de déterminer, avec l’enfant, les conditions dans lesquelles il pourra pratiquer (l’endroit et l’heure, par exemple), par une discussion centrée sur le « vivre ensemble » qui permettra d’amener l’enfant à se responsabiliser.
Supertramp a réussi de merveilleuses mélodies, appuyé par un célèbre saxophone. « Lord, is it mine »
Un apprentissage réussi : laisser l’enfant libre de ses choix et ne pas perdre de vue l’essence de l’art musical
Revenons à Aliénor : à l’issue d’une année durant laquelle elle a aimé découvrir la trompette, pratiquer sur des play-backs en y éprouvant manifestement du plaisir, elle nous a demandé de ne pas continuer l’année prochaine, ses centres d’intérêt se situant ailleurs.
Improvisation d’une maman qui a du génie: Sophie Veronique Cauchefer Choplin
Ai-je été déçu, tenté de la forcer, ou au contraire soulagé de ne plus entendre cet instrument à la maison ? Rien de tout cela et il me semble important de le préciser : je vois énormément de parents éprouver un sentiment d’échec personnel lorsque leur enfant leur demande d’arrêter une activité, plus particulièrement la musique. C’est selon moi une erreur : l’enfant qui veut arrêter la musique n’est simplement pas intéressé par ce domaine mais nombre d’adultes, regrettant de n’avoir pu se réaliser par cet art, projettent beaucoup d’espoirs dans la chance qu’ils ont l’impression de donner à leurs enfants.
Or, la seule chance qu’a eue Aliénor est celle de pouvoir approcher ce domaine. Le fait en lui-même de pratiquer la trompette n’a été ni une chance ni une souffrance ; il s’est simplement agi d’une étape dont elle tirera les enseignements sans pour autant avoir souhaité aller au bout de la démarche.
Preuve, s’il en est, qu’il n’est pas besoin de maîtrise absolue pour réussir de belles choses. Peter Skellern, You’re my Lady
Quant à Cosme, le constat est encore plus rapide : à l’issue d’un an d’éveil musical, il admet s’être bien amusé mais n’est pas intéressé le moins du monde par l’apprentissage d’un instrument de musique. Il aime certes passer régulièrement de longues minutes au piano, mais cela suffit pour l’instant à son bonheur.
La bonne méthode est donc, selon moi, de laisser l’enfant choisir la façon dont il veut apprendre, en particulier en ne proposant des cours réguliers que lorsque c’est le moment, si et seulement si ce moment arrive. Le fait qu’aucun de nos enfants ne prenne des cours de musique l’année prochaine ne signifie pas qu’ils n’en prendront jamais plus, ni même qu’ils arrêtent toute activité musicale à titre personnel ; cela signifie simplement que ce n’est pas le moment pour eux de suivre un apprentissage construit comme ils en suivent dans d’autres domaines.
Un harmonica plein d’émotion, pour quelques secondes : celui de Stevie Wonder
Mais lorsque ce moment de l’apprentissage se présente à l’enfant, la question à se poser est la suivante : comment vais-je lui permettre d’atteindre le but que se fixe chaque jour un musicien ?
La réponse devient évidente dès lors que l’on comprend que l’objectif d’un musicien n’est pas de faire des gammes ou d’avoir un son meilleur que ses collègues. Le but du musicien est de participer à des moments musicaux, en général collectifs, et d’offrir ces moments à un public. C’est en prenant conscience de cette évidence que l’on appréhende dans le même temps l’absurdité d’un enseignement basé quasi-exclusivement sur un travail rébarbatif dans une chambre d’enfant, sans perspective de beauté musicale ou de représentation ?
Qu’y-a-t-il en effet de plus ennuyeux que de monter et descendre des gammes seul dans une pièce fermée ? Comment un adulte peut-il penser un seul instant qu’un enfant, rentrant de l’école, peut avoir envie de passer ne serait-ce que 10 minutes à ce type d’occupation ? La musique est un art éminemment social qui, pour cette simple raison, doit être pratiqué en groupe ou avec le support d’un accompagnement enregistré. Il suffit, pour s’en convaincre, d’assister à un concert (peu importe le style musical pour lequel vous opterez) et de constater qu’une connexion s’établit entre les musiciens d’une part, et d’autre part entre eux et leur public.
Cette notion de pratique en groupe doit donc être proposée à l’enfant dès que possible, sans pour autant l’imposer car certains enfants n’y trouvent qu’un stress plutôt qu’un plaisir. Dans ce dernier cas, proposer par exemple de jouer en s’accompagnant d’enregistrements sonores pourra peut-être séduire l’enfant, lui laissant ainsi le temps qu’il jugera nécessaire avant d’aller vers les autres pour une collaboration musicale.
Or, lorsque j’expose cet avis à des enseignants, il m’est systématiquement opposé que la pratique en groupe requiert un niveau technique minimum.
C’est selon moi faire preuve d’un grand manque d’imagination et de psychologie de l’enfant car il est évident que l’enfant tirera son plaisir du fait de jouer avec d’autres, non de la performance technique qu’il réalisera. Pour le démontrer, il me suffit de voir le plaisir d’Aliénor lorsqu’elle joue à la guitare des notes au hasard alors que je cale moi-même des accords judicieusement choisis et que, en laissant faire les choses, elle finit naturellement par comprendre ce qui se passe et essaie alors de construire des mélodies ou des rythmes. Elle n’a aucune technique à la guitare et joue donc uniquement des rythmes lents et simples, mais ses notes s’intègrent bien dans l’accompagnement que je construis moi-même. Et si vous n’êtes pas vous-mêmes musiciens, sachez qu’il existe quantité de play-backs qui permettront à votre enfant de l’expérimenter. Il sera certes seul, physiquement parlant, mais découvrira la musique directement par ce qu’elle a de plus réjouissant, non par ses aspects les plus rebutants.
La technique
Mes propos précédents ne signifient pas pour autant que la technique instrumentale ne doive pas être abordée et maîtrisée. L’enfant qui progresse dans la joie et qui développe une certaine créativité musicale va avoir besoin assez rapidement d’une certaine maîtrise technique lui permettant d’appliquer ses idées.
Si vous n’êtes pas vous-mêmes musicien ou si vous faites appel à un professeur, il va être nécessaire d’acquérir une méthode. Et si vous êtes musicien, il vous faudra néanmoins donner de la matière à votre enfant pour qu’il puisse progresser techniquement.
Sur ce point également, je m’interroge souvent sur ce postulat couramment admis qui voudrait que l’apprentissage de la technique se fasse sur la base d’exercices tous plus ennuyeux les uns que les autres. Car enfin, pouvez-vous me dire honnêtement ce qu’il y a de plus « anti-musical » qu’une gamme ? Depuis des décennies, nos charmantes petites têtes blondes qui veulent apprendre la musique entendent régulièrement une consigne ressemblant à celle-ci : « Pour la semaine prochaine, tu me travailleras la gamme de ré majeur, attention aux deux dièses à la clef !! » Or, savez-vous que Jean-Sébastien Bach a écrit quantité de compositions sur la gamme de ré majeur, ne faisant en fait qu’agencer ces gammes avec un talent certain pour en faire des œuvres autrement plus appréciables que de vulgaires exercices ? Et je peux bien l’avouer à mon professeur de flûte aujourd’hui : si j’ai progressé si bien durant mon adolescence, c’est surtout en refusant chez moi de faire les gammes qui m’étaient demandées et en préférant jouer pendant des heures des morceaux de Bach, Mozart, Cherubini et consorts, que je trouvais beaucoup plus excitants et qui me permettaient tout autant de progresser techniquement.
Vous, parents, devez retenir que la quantité phénoménale de compositions laissées par nos plus grands compositeurs suffit aisément à travailler la technique instrumentale et qu’elle a l’énorme avantage d’entretenir, et même accentuer, la motivation de l’enfant.
Aider l’enfant par des méthodes simples
On m’objectera que pour appliquer ces conseils, il faut avant tout être musicien soi-même, et c’est très certainement la vérité pour certains aspects. Mais, sans être capable de se substituer au professeur, tout parent peut devenir un bon répétiteur pour son enfant, simplement en appliquant des principes simples issus parfois d’autres pédagogies.
Je viens de citer l’intérêt de travailler sur de vraies compositions plutôt que sur des gammes et exercices rébarbatifs. Les professeurs de musique qui me lisent me diront, à raison, que je rends la tâche plus difficile en obligeant l’enfant à travailler simultanément sur des aspects mélodiques et rythmiques. Et je l’admets : nombre d’exercices musicaux sont construits pour traiter uniquement du rythme ou de la mélodie.
Je réponds que cela peut parfaitement être appliqué aux compositions classiques : j’ai dans ma jeunesse eu l’occasion de donner quelques cours de flûte traversière et j’appliquais un principe simple pour traiter les points de blocage technique de mes élèves. La méthode en question, qui m’avait été soufflée par un collègue, était terriblement efficace : il s’agissait de dire à un élève d’ignorer la mélodie ou le rythme d’un passage et de travailler uniquement l’autre aspect. Par exemple, si un passage particulier me pose une difficulté rythmique, je le travaille d’abord en jouant les notes régulièrement, à la vitesse normale du morceau, sans tenir compte des modulations de rythme. Cela me permet de maîtriser totalement, au bout d’un moment, les enchaînements mélodiques. Lorsque je maîtrise la mélodie et que je n’ai plus à me concentrer sur cet aspect, je la travaille en respectant alors les difficultés rythmiques. Il s’agit d’une méthode qui devrait simplement vous rappeler la pédagogie Montessori qui conseille de ne travailler qu’une difficulté à la fois.
Il se peut cependant que cette méthode ne convienne pas à tous les élèves et, dans ce cas, il convient de réfléchir à d’autres solutions plus adaptées. L’essentiel est bien ici de mettre l’accent sur le fait que la créativité en matière de pédagogie peut largement s’appliquer à l’enseignement de la musique, comme à toutes les autres disciplines.
Je pense donc que vous, parents non musiciens, êtes en mesure d’accompagner votre enfant dans son apprentissage musical, non par votre maîtrise instrumentale mais simplement par l’attention que vous portez aux apprentissages de votre enfant. Il suffit souvent d’écouter son enfant, de lui demander où il identifie lui-même la difficulté puis de réfléchir ensemble à des solutions, souvent simples mais très logiques, qui lui permettront de progresser. Cela aura de plus l’énorme avantage de donner à la musique la place d’une discipline totalement intégrée à votre démarche d’instruction en famille.
Accorder à la musique la place que l’enfant souhaite lui donner ; en retour savoir recevoir ce qu’il nous offre
Enfin la musique, comme les autres disciplines artistiques et beaucoup d’activités manuelles, est systématiquement considérée comme une activité devant être pratiquée en « arrière-plan », lorsque le travail relatif aux matières jugées fondamentales (les mathématiques, le français, etc.) a été terminé. Pour beaucoup d’adultes, il s’agit d’une « gentille » occupation, une espèce de complément pour faire voir à l’enfant autre chose que l’école.
Or, l’enfant peut considérer au contraire que cette activité est primordiale pour lui. Il devient alors important que vous accordiez à sa progression toute l’attention qu’il attend ; en particulier, sa motivation passera par votre capacité à profiter avec plaisir de l’aboutissement de son travail, en assistant par exemple avec enthousiasme aux concerts auxquels il pourrait participer. Si votre enfant s’investit réellement dans cet art, ce qu’il vous offrira n’aura pas dans son esprit la même portée qu’une bonne note décrochée à un devoir de mathématiques.
En réussissant en mathématiques, un enfant éprouve en général la satisfaction de répondre positivement à une demande des adultes.
Mais par l’art, un enfant nous offre une part de lui-même. Ne manquons pas ce moment.
Eric, le papa des Herbes Folles »
En lisant cet article, alors que nous pensions devoir y ajouter quelque chose, nous avons convenu Cécile et moi qu’il n’y avait guère qu’à mettre en gras les points centraux. Remarquable article, assurément, car il reprend les points vitaux d’une bonne transmission de la pratique musicale.
Plaisir, pratique, autonomie, progressivité, tout ce que nous défendons ardemment avec nos amis.
Chapeau Eric ! Permettez-nous de vous faire remarquer un décollage dans votre réflexion, un élargissement de l’horizon, on sent que quelque chose prend son essor !
La musique demande encore plus aux parents de veiller à la délicatesse, car elle est ce qui se rapproche le plus de la sensibilité de l’enfant.
L’enseignement de la musique doit procéder d’une réflexion préalable. Quelle sorte de langage est-ce ? Un langage indéchiffrable, complètement à part, qui est directement relié au cœur. Un langage qui s’appuie très peu sur la rationalisation. Il est donc simplement aberrant de penser qu’on peut la faire entrer dans le cœur en la passant au moulinet de la raison.
Au contraire, la musique partira du cœur pour aller au cerveau, en temps utile. le travail consistera à faire venir une organisation après que le plaisir et la pratique se soient ancrés; mais jamais, comme le souligne Eric, la raison ne devra-t-elle diminuer ou atrophier la sensibilité.
On aurait pu dire, de la même manière, que le sport est d’abord une sensation du corps et qu’il est vain de vouloir faire un sportif du cerveau ! C’est le corps d’abord. Eh bien, la musique, c’est le cœur d’abord, et d’ailleurs tout de suite après le corps, car la rythmique et l’harmonie emportent le corps.
Par ailleurs, la musique va énormément vous servir pour enseigner des matières, figurez-vous. La poésie se nourrit très bien d’une illustration sonore, personne n’ignore l’édification d’un enfant qui entend Pierre et le Loup.
Mais vous pourrez aller plus loin et expliquer des maths avec de la musique, si vous connaissez un peu votre partition. Et l’Histoire profitera très bien de morceaux choisis: le Baroque sans la musique serait eunuque ! Le Débarquement sur fond de Beethoven a été fait par le cinéma hollywoodien, mais vous pouvez rejouer la chute de Berlin sur fond de Wagner, ou les 6 femmes d’Henri VIII avec du chant grégorien. Vous avez toute latitude pour composer un cours, même étrangement si cela vous chante, pourvu qu’il y ait un sens. On veillera bien sûr à ce que la musique ne soit pas omniprésente et ne distraie pas trop.
On se demandera peut-être comment faire avec un enfant qui voudrait renoncer alors qu’il ne le faudrait pas. Supposons qu’une dynastie ne puisse envisager une rupture de la lignée, parce que l’instrument est rarissime. Au Japon, on joue du koto de mère en fille et il n’est pas envisageable qu’un maillon de la chaîne en fasse à sa tête. Dans certaines familles juives, on est violoniste de père en fils et il n’y a pas non plus de place pour une renonciation. La possibilité de faire ce qu’on veut est une exception dans l’histoire, qui a bien sûr des intérêts (c’est la liberté) mais qui a aussi des inconvénients, et notamment la perte de savoirs, et donc aussi de libertés. Plus largement, l’enfant peut ne pas avoir envie d’apprendre tout court, est-ce pour autant qu’on le laisse faire ? Non, n’est-ce pas? C’est donc un principe plausible qu’on puisse ne pas avoir le choix du libre-arbitre. Comment obtenir qu’un enfant ne renonce pas à un parcours musical, comment faire en sorte qu’un enfant, qui ne voudrait pas, persiste à pratiquer ? Cette question paraîtra peut-être une hérésie sur des blogs où sont privilégiés la motivation et le libre-arbitre. Mais il y a des cas de force majeure. Nous voulons dire que s’il existe, dans la vie, une possibilité qu’on soit contraint de faire ce qui ne nous plaît pas, la question devient: comment y parvenir tout de même ? Pourtant, il nous semble intéressant d’explorer cette voie car nous pourrions alors découvrir que le bon-vouloir de l’enfant et son éloignement viennent peut-être de ce que l’enseignement n’a pas été aussi attrayant qu’il l’eût pu être. Nous laisserons cette question tourner dans les esprits…Nous n’avons rien de plus à ajouter.
Peut-être que ce sera le cas après que vous aurez apporté vous-mêmes vos commentaires !
NB: Nous avons mis en gras les mots qui nous semblent importants. De même, nous avons fait le choix des vidéosMusique: un support
Pour des cours à distance, contactez shirleyk20 @ hotmail.com
Il y a aussi un support proposé par Gwenaëlle:
« une méthode vraiment géniale pour l’éveil à la musique (et au piano) : c’est la méthode Mélopie.
Mon seul regret : qu’il n’y ait que trois boîtes (3 années) ! Je vous la recommande sincèrement (j’ai personnellement fait 20 ans de conservatoire – et cela n’a jamais été aussi agréable !) »
Méthode Mélopie de musique pour enfants
solfège pour enfants
partitions de comptines pour enfants
les instruments de musique
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