"Question de Foi. Je ne l'ai pas. Pensez-vous que ce point puisse rendre la communication entre nous impossible ?"
Quand même, quelle question ! Et quelle belle question ! D'abord, croyez-vous que notre Foi, quand bien même elle affleurerait dans nos propos, puisse nuire à une communication ?
Ce serait une bien triste Foi que celle qui ne donne pas l'esprit ou l'énergie de parler à tous, de manière universelle (vous savez sans doute comment se dit universel en grec ?).
N'imaginez-vous pas que des milliers de parents nous écrivent, et de tous bords imaginables (il y aurait là-dedans des anthropophages, que nous n'en serions pas étonnés).
Croyez-le, vous ne serez pas les plus étrangers. Par ailleurs, puisque vous nous posez cette question, il faut bien dire que ce que nous pensons et vivons, et que vous approuvez, naît de ces principes. Vous ne pouvez nous en séparer. Nous avons opéré notre conversion.
Mais nous nous gardons bien de le mettre sous le nez de nos aimables visiteurs en disant: "C'est notre Foi ou rien". Il est curieux qu'on nous parle de notre Foi car nous avons l'impression de n'en parler jamais. S'il fallait en parler, ces 300 articles n'y suffiraient pas et croyez bien que votre mari serait sacrément secoué, car tout le reste, c'est du léger pour le public, en comparaison. Ce serait la différence qu'il y aurait entre aller au cinéma et jouer dans le film avec ces acteurs qu'on adore.
On n'a pas la Foi en naissant. Elle vous arrive parce que des choses se produisent. Et plus vous avez reçu, plus ces choses sont capables de vous ébranler. Il faut plus d'énergie pour ouvrir une plus grosse fleur.
La Foi ou la philo n'ont de raison d'être qu'en tant qu'arbres qui donnent du fruit, n'est-ce pas ?
"J'ai peur que mes filles n'apprennent pas bien. La plus grande va être gênée par les deux autres, sa sœur et son frère, déjà cela m'exaspère. Cela dit, je suis exaspéré par pas mal de choses, notamment ces allers et retours entre la maison et l'école."
Vous exposez des difficultés d'apprentissage et de relations entre enfants. Problème: la plus grande va être gênée par les deux autres. Question: comment vais-je faire pour que cette exaspération n'apparaisse pas ? Vous voyez, c'est beaucoup plus facile ainsi. C'est déjà réglé car vous savez, si nous vous posons la question, comment vous allez la résoudre. Question de temps, de silence, de réflexion. Une attitude conquérante, positivement engagée, concentrée, résout tout.
Ne croyez-vous pas que 10.000 mamans n'aient pas eu ce problème (et tous les autres imaginables) et n'y aient apporté aucune réponse ? Avec votre culture, vous devez savoir une chose: toutes les réponses ont été apportées. Il n'y a que la connaissance de ces réponses qui manque. De même que Colomb est parti sans rien savoir des vitamines, parfaitement connues des Romains: le scorbut n'est rien d'autre qu'un oubli.
Vous allez faire autre chose, s'il vous plaît, de vos journées, que des allers-retours stériles pour constater que l'école, ce n'est pas ce que vous vouliez pour vos enfants. Nous ne disons pas cela à toutes les mamans; nous le disons à celles qui nous expriment autant de peine que vous le faites, sans vouloir le faire. Ou alors, vous vous retournerez sur votre parcours, un jour, et murmurerez: ce n'était pas ce que je voulais. Et là, il n'y aura que vous à blâmer car, figurez-vous, nos difficultés nous ont été données de manière spécifique, rien que pour nous, pour nous édifier. Ce que vous supportez, personne ne le supporterait à votre place et pour rien au monde, vous ne prendriez les difficultés de telle autre maman qui va chaque jour à l'hôpital pour son aîné qui est sous poumon artificiel depuis 10 ans.
La vie. Déjà une victoire inespérée
Vous avez une vie, n'est-ce pas ? il suffit de vous lire. Vous avez tout ce qu'il faut, c'est à l'intérieur. Alors, bien sûr, vous pouvez très bien dire "je n'y peux rien" et attendre de rencontrer cette Vérité absolue qui vous dira: "Regarde, et vois si je ne t'ai pas donné toutes les armes, pour mener tes combats. Mais toi, qu'en as-tu fait ? Est-ce moi qui suis à dédaigner et à blâmer ? Ce n'est pas ce que je voulais pour toi, d'ailleurs, tu te souviens, tel jour, où je t'ai donné tel signe. Et cet autre ? Et cet autre encore ? Cent fois, je t'ai appelé, je t'ai montré tes armes, mais tu es restée là. Tu pouvais vaincre le monde."
Parabole des talents. Vous voulez enfouir le talent au sol et attendre au lieu de le multiplier ? Vous en avez le droit, personne ne vous en blâmera, on vous félicitera pour ne pas sortir du sentier battu, de ne pas faire de vague, d'être une bonne épouse bien convenable et ne cherchant pas à perturber la paix sociale, la Sécurité sociale vous enverra peut-être un certificat de bonne conduite, ou le ministère, qui sait. Et vous aurez dans la main gauche le diplôme, et dans la main droite la main de votre enfant, froide.
Vous avez tout ce dont on a besoin, vous avez la santé, suffisamment en tous cas, pour commencer. Connaissez-vous une seule histoire magnifique qui ne soit pas une victoire inespérée ? Tenez, voilà qui mérite qu'on en fasse un article... Nous vous embrassons en attendant votre lettre.
Cécile, Rémy et les parents de l'Ecole à la maison