Professeur des écoles, par Henri


C’est une histoire actuelle.

Le lieu et les protagonistes : des parents pauvres originaires souvent de nos anciennes colonies d’Afrique, familles nombreuses, habitant des logements corrects situés dans des immeubles d’un quartier aéré, d’une ville du Sud de la France, pays qui donne des subventions, des aides (ce n’est pas une pratique universelle encore).

Une école maternelle au pied des immeubles. Dès le matin, des mères (beaucoup) amènent leurs bébés de deux ans à l’école. Un bébé de dix-neuf mois a pu même être scolarisé par erreur, les inscriptions ne se faisant pas à l’école mais à la mairie ! Beaucoup de bébés y arrivent dans leurs couches. Les voilà confiés à l’Etat, à la commune, pour une longue journée, vingt-cinq présents dans chaque classe. Premiers apprentissages, langage, repas à la carte suivant les religions (certains bébés ne savent pas manger seuls). Occupations jusqu’au soir, 18H30.

Quelques recommandations sont faites aux professeur des écoles par des parents (pas tous) : surtout ne pas mélanger filles et garçons aux toilettes (ce que les enseignantes approuvent et font), pour certains ne pas les faire chanter, actuellement ne pas apprendre le « gender ».

Les professeur des écoles ont fait une constatation surprenante : une mère arrivant en retard régulièrement passait son enfant par-dessus le mur de la cour de l’école, l’enfant se débrouillait, ouvrait la porte de la classe comme une petite souris… L’école par effraction, c’est à ne pas y croire !

Professeur des écoles et combats quotidiens

Dans cette école, au mois de juin, la réunion de fin d’année où étaient invités les parents a provoqué des mécontentements. Figurez-vous que, l’année prochaine, les bébés de deux ans avec les couches ne seront pas acceptés car la scolarisation des bébés n’est pas encore obligatoire. L’école les recevra « propres ». Les bébés qui ne mangent pas seuls ne seront pas admis à la cantine. Les lancers d’enfants par-dessus le mur seront signalés à la police. Sainte mère, ce qu’il ne faut pas dire, riaient les instits après coup ! Les repas spéciaux seront réduits à des repas avec ou sans porc, a ajouté la mairie. Et les journées de retrait de l’école ne sont pas interdites, c’est à la responsabilité des parents, s’ils en voient l’utilité.

« L’école à deux ans pas obligatoire ? Quelle surprise ! Mais ils sont insupportables, les enfants à la maison ! » Les mères qui ont accepté d’accompagner les classes à la ferme, au muséum d’histoire naturelle, ont été remerciées chaleureusement, surtout celles qui ont pu ne pas jouer sur leurs tablettes, papoter entre elles, mais parler aux enfants durant les visites…

La directrice de cette école n’inscrira pas un enfant avant de l’avoir vu accompagné des parents. Bon, nouvelle dans cette école et cette fonction, elle est en train de réagir à un certain fonctionnement qu’elle vient de subir durant une année ! Elle veut bien essayer de redresser la barre, tous les parents devront participer un peu, ne laissant pas l’école s’occuper de leurs petits du matin au soir, alors que presque aucune maman ne travaille.

Certains parents, venant du Maroc, d’Algérie, d’ailleurs, sont catastrophés de cette situation de laisser aller, du rôle qui est donné à l’école. Eux n’ont pas de problèmes avec celle-ci et lui font normalement confiance. Ils n’ont pas retiré leurs enfants de l’école pour lutter contre l’Education Nationale. Leurs enfants n’y vivent pas toute la journée. Les parents s’occupent de leur éveil. Ils parlent avec le personnel enseignant et éducatif. Ils se demandent qui a intérêt à cet obscurantisme et ils en ont une idée. Ils quittent le quartier le plus vite possible. L’école les y encourage et parfois les y aide. Les enseignants expérimentés fuient ce quartier aux mouvements du personnel. Y arrivent des jeunes pleins d’idées généreuses, mais souvent inappropriées, n’ayant donné que de piètres résultats. Ils ne savent pas que l’autorité, les sanctions justes, la rigueur finissent par créer une ambiance de travail, de respect, contrairement à l’indulgence, aux menaces en l’air, à l’indifférence qui sèment le désordre et la haine. Quelques enseignantes expérimentées cependant — il y a trop peu d’enseignants comme partout —, y passent quelques années par idéologie, ou par intérêt (les années passées dans cette école augmentant considérablement leur barème). Mais elles s’épuisent, se découragent, souhaitant éparpiller aux quatre vents cette population, dans des villages, dans tous les quartiers de la ville. C’est un ghetto, disent-elles. Elles s’y sentent peu en sécurité et n’y flânent pour rien au monde !

Ah ! J’oubliais, ce quartier se trouve en ZEP. A l’école maternelle, les enfants sont partie prenante des activités, heureux de jouer, de chanter, de danser, d’écouter des histoires. A l’école primaire l’agressivité, le manque de respect de l’adulte enseignant prend le dessus très souvent. Que faire ?

Autre sujet, le retrait de l’école. Ce retrait de l’école à cause d’une éducation sexuelle qui y était proposée, mais pas encore généralisée, a été une vraie sonnette d’alarme pour plusieurs raisons. Les gens en sont tombés à la renverse et n’en croyaient pas leurs oreilles. Quels rires salutaires il a provoqués ! L’Education Nationale n’a plus prononcé le mot « gender » et parlé de mystification. On saura la vérité un peu plus tard sans doute. Beaucoup d’enseignants n’étaient au courant de rien. Ils se sont plongés depuis dans cette théorie, très difficile à suivre, et quelques-uns la pensent intéressante pour des élèves de philo par exemple. Elle a fait porter une attention particulière aussi sur cette population des quartiers musulmans, leur éducation, leurs croyances, leur relation au corps, leur opportunisme, leur faiblesses, leur haine, leurs souffrances. Avec les derniers crimes antisémites, le djihad, pas mal de musulmans se sentent mal. On accuse l’école française de tous les maux, mais nous, que faisons-nous, disent-ils. Moments difficiles. Je ne sais pas si ces réactions sont prises en considération par les initiateurs de ce mouvement, ni si elles avaient été prévues (ou souhaitées ?).

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C’est un retour « de la base », du moins d’une certaine base, que je donne. Dans la lignée de cette journée de philo du baccalauréat ça serait : « la seule perspective fausse est celle qui prétend être l’unique » (Ortega y Gasset). Une enseignante de cette école maternelle, au bas de cet immeuble, avait autre chose à dire. Tous les enfants du quartier ont le droit d’avoir leur nom accroché au porte-manteau du couloir de cette école, il n’y a plus d’exclusion comme avant. Tous ont le droit de s’y rendre, d’apprendre à se servir adroitement de leurs mains, de transvaser, de comparer, de peindre, de dessiner, de se repérer, d’apprendre des mots, etc… Les maitresses sont modérément gênées par une culotte salie si ce n’est pas tous les jours pour chaque enfant, on les change c’est tout, cela peut arriver même à un enfant de grande section ! Elles travaillent avec une ATSEM dans la classe. Dans certaines classes, les ATSEM sont diplômées d’Universités étrangères et ont une formation en plus. Ce sont simplement des collègues pour les instits et elles se partagent le travail avec les plus petits. Vingt et cinq enfants, deux adultes impliqués, c’est le rêve ! Mais, par exemple, cette année dans le groupe total des cent enfants, ont été scolarisés trois enfants avec un comportement très perturbant : courses dans la classe avec un itinéraire imprévisible, cris, doigts pointés dans les yeux d’un autre enfant, bousculades, jeux, crayons, jetés en l’air, au sol, fuite dans les couloirs, la cour. Ces enfants avaient un suivi médical, ils étaient en attente d’une personne qui allait participer avec eux à la classe, les aidant à rester calmes, et libérant les enseignants pour s’occuper des autres enfants. Deux aides sont arrivées vers Noël. Le troisième enfant a continué à stresser, tenir en alerte, effrayer les autres sans aide octroyée, la démarche de prise en charge ayant été faite très tard. L’année prochaine il sera accompagné d’une aide personnelle. Donc une adulte de l’école s’est détachée, à tour de rôle, pour le surveiller de près et permettre les activités scolaires des autres. Cela s’appelle faire de l’intégration scolaire. Parfois, cet enfant fait des colères bruyantes. On l’amène chez la directrice qui l’isole un moment dans le dortoir, sous sa responsabilité. Dès qu’il ne hurle plus, elle va le chercher et le prend sur ses genoux dans un gros câlin. Il repart plus calme. Lui est câliné, surveillé comme le lait sur le feu… La petite Farida, le petit Youssef si sages, si attentifs n’ont peut-être pas eu un sourire, une attention particulière des adultes trop occupés, de toute la journée, cela peut arriver aussi. Et les professeur des écoles sont perplexes quant au comportement à avoir avec des enfants ayant de gros troubles de la communication, un langage inexistant… agités, imprévisibles. La gentillesse ne suffit pas. Les instructions officielles non plus. Ah ! Vive l’école à la maison ! Pourtant, cette petite école mérite bien d’être soutenue, elle rend service, non ? Le matin, les petits y vont en courant, joyeux. Dur ! Dur ! La vie !

Henri

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