Voici une histoire authentique arrivée à Walt Disney, dont les détails m’échappent, je ne sais ni quand elle s’est passée ni exactement où. Je ne sais même pas si elle est allée aussi loin que je le dis, je pousse peut-être l’analyse au-delà de ce qu’on en a dit. Mais peu importe. Elle est utile en coaching et se raconte dans les plus hautes sphères du management américain. Nous ne sommes pas là non plus pour soutenir une entreprise qui à l’origine produisait des chefs-d’œuvre et qui plus récemment a produit des dessins animés dangereux pour la conscience des enfants.

Un jour, Walt Disney, qui était encore enfant, rentre chez lui et se met à table avec sa famille. Un oncle ou un membre adulte de la famille, est là. Il demande au jeune Walt ce qu’il compte faire plus tard et celui-ci déclare son enthousiasme pour le dessin, il veut vivre plus tard en dessinant des animaux.

Walt Disney comprend : critique et visionnaire sont incompatibles

L’oncle se met à rire et lui dit : « Mon pauvre petit, personne n’a jamais gagné sa vie en dessinant des animaux, il faudra que tu trouves autre chose. »

Walt fut accablé par cette remarque et il ne dit plus rien.

Plus tard, lorsqu’il eut créé la Walt Disney Company, il mit en place un système de management qui éviterait toujours ce type de situation.

Il analysa l’être humain. Il y a trois sortes de personnes, et ces personnes, ça peut être nous face à diverses situations : le [s2If !is_user_logged_in()] (…) la suite est réservée aux membres accompagnés, pour activer votre accès membre, passez par ici. Déjà membre accompagné ? Connectez-vous dans le menu du site (en cas de souci, voir la FAQ).  [/s2If] [s2If is_user_logged_in()]visionnaire, le planificateur et le critique. Le visionnaire a des idées, des visions, il s’enthousiasme. Le critique voit tous les défauts, met à nu la moindre faille, prévoit les impossibilités, les événements inattendus. La planificateur met à plat les choses et établit des solutions, un plan, des dates.

Walt décida que ces services seraient organisés en amont sous cette distinction tricéphale. Les visionnaires émettent des idées fabuleuses et qui font rêver. Le critique démolit joyeusement tout ça en prouvant par A+B que ça ne marchera jamais. Mais ils ne se rencontrent… JAMAIS. Jamais l’on ne met un idéaliste ou un critique en présence l’un de l’autre. C’est le choc assuré, la guerre ou l’accablement. Les uns et les autres, côté positif et négatif de tout être humain, ne rencontrent que le planificateur, qui centralise ce qu’il entend.

C’est ainsi qu’ont été produits les premiers films de Disney, au temps où il y avait une vision extraordinaire, des moyens très réduits, et une organisation tendue vers la réussite.

Mémorisons ce schéma :

Discernement

Nous avons parlé du discernement bien souvent. Le discernement ne consiste pas à distinguer ce qui marcherait et comment, mais ce qui est juste dans une situation donnée, et à ce moment-là, votre discernement doit vous dire de recevoir la vision de l’enfant avec enthousiasme. Discerner en l’occurrence, c’est de « partir en live » !  D’être heureux de cette vision (à condition qu’elle soit évidemment positive, aussi extravagante soit-elle, vous n’allez pas vous enthousiasmer pour un enfant qui a l’idée géniale de mettre le chat dans le micro-ondes, là vous mettrez un holà). Il mûrira sa vision, laissez-le être son propre critique et son propre planificateur.

Lorsque votre enfant a une vision, célébrez ce moment brièvement, faites-lui remarquer que vous partagez son enthousiasme (et si ce qui lui plaît ne vous plaît pas, au moins aimez qu’il ait cette vision et cette joie : vous « regardez l’homme qui regarde la lune. » Vous connaissez cette phrase célèbre de Lao Tseu : « Lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. » Je dis : « Lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt, le philosophe regarde le sage. Et le saint regarde le sage et l’imbécile qui ne se voient pas. »

Vous, regardez l’enfant qui a cette vision, la vision elle-même n’est pas très importante, l’enfant en fera son affaire et l’oubliera peut-être ; en attendant, elle aura contribué à le construire. Lorsqu’il a cette vision, demandez-lui comment il va faire. Ne posez pas tout de suite plein de questions du genre, vous attendrez quelques jours et si l’enfant reste sur cette vision, alors vous demanderez « à quelle date penses-tu réaliser ce rêve ? », puis « quel moyens tu vas utiliser pour ton rêve ? » ou « qui pourrait t’aider ? » etc. Chaque question va lui permettre d’avancer pas à pas. A ce stade, vous ne devez pas poser plein de questions car cela revient exactement à être critique : un critique n’est rien d’autre que quelqu’un qui a des expériences à opposer, fondées sur des faits. Proposer une question par période est largement suffisant. A vous de distinguer la période. Si ce sont des périodes de 10 minutes, OK, faites une question toutes les 10 minutes. Votre enfant par exemple a la vision de lui en train de dessiner une bande-dessinée sur 5 feuilles. Là, le tempo est court, dans 3 mn il va vous demander des feuilles et dans 4, des crayons de couleur. Mais s’il dit qu’il va un jour aller dans l’espace, le rythme n’est pas le même, si ce rêve perdure dans le temps, vous ferez une question par an !

L’enfant critique et visionnaire, rarement planificateur

En outre. Opposez-vous une vision à votre enfant quand il boude et qu’il dit que « ça ne marchera jamais » ? Alors, vous faites une erreur. Quand un enfant dit « ça ne marchera jamais », opposez-lui : « OK, à ton avis, comment ça pourrait marcher ? Comment on devrait faire pour que ça marche ? Qu’est-ce qu’il faudrait ? » Opposez-lui le planificateur.

Lorsque votre enfant a une vision magnifique et totalement ridicule, est-ce que vous souriez tout en pensant « c’est bien un enfant, ça ! » Alors, vous faites une erreur, parce que vous oubliez de lui demander quelque chose qui l’aiderait à mettre son projet à exécution et donc de maturer sa croissance intérieure.

Vous pouvez vous-même jouer alternativement les rôles de visionnaire, de planificateur, et de critique. Vous pouvez émettre des idées farfelues, pour l’inciter à faire le planificateur, puis d’aller réfléchir plus loin aux critiques et revenir pour proposer des solutions. Vous pouvez lui expliquer ce mécanisme à trois personnes.

Faisons dans le simplisme. On pourrait presque observer des tendances nationales. Les Français sont souvent très forts sur la critique, on analyse rarement aussi bien tout ce qu’il ne faut pas dire, penser ou faire… les Français auraient intérêt à travailler leur sens quasi inexistant de la planification. Et surveiller leur langue destructrice quand ils croisent un idéaliste. Vous êtes japonais ? Vous êtes sûrement un excellent planificateur, mais côté critique vous êtes franchement faiblard et pour ce qui est de la vision, c’est rarement ça. Vous êtes américain ? Que de visions idylliques ! Trouvez-vous un ami planificateur et ne fréquentez pas trop de critiques, ils vont vous casser le moral.

Encore une fois, c’est là schématiser, il est évident qu’aucun pays n’est entièrement comme ça. Mais ce trait caricatural a l’intérêt d’attirer votre attention. Vous voyez l’idée: on a intérêt à s’enrichir d’une autre posture, en évitant toujours la confrontation directe entre visionnaire et critique.

Nous pouvons tous avancer en distinguant et en habitant ces rôles. L’enfant peut être ces trois personnes tour à tour. Quand il s’agit de faire des maths, il sera peut-être le critique, quand il s’agira d’organiser une balade, il sera peut-être le planificateur et quand il s’agira de savoir où aller en ballade, il sera le visionnaire.

A vous de jouer !

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