Suite de ce premier article, à la recherche du secret de l’autorité, nous voici maintenant à souhaiter jouir d’une autorité incontestée… au bon sens du mot autorité, comme nous l’avons vu.
Mais reprenons ces deux schémas pour que vous les reteniez bien:
Nous disions qu’il est important qu’il y ait, chez l’enfant, un alignement. Mais c’est vrai aussi en vous: cherchez à faire des choses qui vous plaisent !
L’alignement cœur-cerveau est le plus puissant vecteur de réussite et de santé.
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Les parents essayent d’obtenir un résultat de la part de leurs enfants de deux ou trois manières, rarement variées.
Vous pouvez tenter d’y aller au sentiment: « Mon chéri, c’est super que tu fasses de l’ordinateur, ça te plaît, mais n’oublie pas tes devoirs, tu sais que c’est important. » Si ça marche pour le vôtre, tant mieux… Avec un peu d’imagination, on peut faire mieux.
Beaucoup de parents donnent tout leur amour à leur enfant et se désespèrent de constater qu’en retour, ils ne récoltent pas toujours autant. Leurs enfants leur paraissent souvent plus durs, plus fermés.
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C’est normal, rassurez-vous: l’enfant a besoin d’exister, donc d’avoir son identité. Il a besoin d’être différent de vous, différent de ses frères et sœurs. Voilà pourquoi si vous vous montrez toujours gentil, il va avoir tendance à se faire (un peu) méchant ou hérisson piquant. Si vous voulez qu’il soit plus coulant, soyez vous-même hérisson piquant, après tout vous n’êtes pas obligé(e) d’être toujours de miel, vous pouvez (…) la suite dans votre accompagnement (cliquez ici) déjà accompagné ? connectez-vous (dans le menu) (en cas de souci, voir la FAQ). [/s2If] [s2If current_user_can(access_s2member_level3)]]
C’est normal, rassurez-vous: l’enfant a besoin d’exister, donc d’avoir son identité. Il a besoin d’être différent de vous, différent de ses frères et sœurs.
Voilà pourquoi si vous vous montrez toujours gentil, il va avoir tendance à se faire (un peu) méchant ou hérisson piquant. Si vous voulez qu’il soit plus coulant, soyez vous-même hérisson piquant, après tout vous n’êtes pas obligé(e) d’être toujours de miel, vous pouvez vous aussi prendre vos distances et vous verrez que c’est très bénéfique, à juste dose bien sûr ! Vous verrez que, Ô miracle, il se fait plus doux !
Attention cependant à ne pas adopter cette attitude en permanence, d’abord elle ne serait pas naturelle et ensuite pourrait s’installer un système de mimétisme cette fois, c’est-à-dire que l’enfant pourrait mémoriser cette manière d’être comme normale et l’assimiler plus tard.
Ce qui nous intéresse pour l’instant, c’est de faire sortir l’enfant d’une attitude négative et pour ce faire, votre costume de hérisson va vous être utile.
La gentillesse permanente est le recours des parents qui sont vitalement rétifs à toute injonction. C’est aussi une méthode à double tranchant parce que tôt ou tard l’enfant vous manifestera qu’il ne veut pas faire ce que vous lui demandez, et vous n’aurez plus aucune ressource: impossible de passer de l’attitude « gentille » à « ça va être la guerre si tu ne fais pas ce que je veux ». Ce serait une escalade et vous ne savez pas jusqu’à quel âge de votre enfant vous serez plus fort que lui.
Le bon sens des choses
Mieux vaut commencer par la fermeté, pour ensuite s’adoucir, plutôt que de commencer par la douceur, pour se durcir ensuite. Et c’est logique. Si vous commencez par la douceur, vous allez créer un registre de relation, et ce registre sera celui de la douceur, de la gentillesse. Une éventuelle fâcherie réduirait à néant cette règle du jeu et en plus, vous perdriez à la fois l’autorité, la confiance et même une part de respectabilité aux yeux de votre enfant. Vous seriez l’adulte qui ne respecte pas les règles. Dans la relation aimable entre vous, votre enfant s’est investi et, très naturellement, il s’accorde une part essentielle de cette situation. C’est vous qui, à ses yeux, allez la gâcher si vous vous braquez. « Je suis cool avec ma mère et elle met tout par terre » (je le dis avec des mots polis, vous traduirez).
Et puis il y a autre chose: votre enfant sait que vous êtes sympa en principe, la gentillesse est votre attitude normale, donc votre colère est anormale, les choses vont revenir en place, il suffit pour votre enfant de résister et de patienter. Si vous insistez, il considère que vous êtes en tort et il va se braquer définitivement. Il n’oubliera pas.
Bref, commencer par la gentillesse ne marche pas.
Alors, que faire ? Aussi étrange et incongru que cela puisse paraître, mieux vaut commencer par… un peu de fermeté. Ce sera le meilleur moyen de mettre de la paix dans votre relation et votre enfant bénéficiera d’une relation apaisée. Vous allez comprendre pourquoi.
J’avais un prof que tous les élèves respectaient et qui n’était jamais chahuté. Comment faisait-il ? L’année du bac, je me le suis demandé. En fait il avait un truc, mais lequel ? Eh bien, il paraissait plus dur qu’il ne l’était vraiment. Il commençait toutes ses années scolaires par une colère, les dix premières minutes, c’était savon en guise de présentation. Pour ce faire, il prenait prétexte d’un rien, un élève qui ne se levait pas à son entrée (on ne se levait que dans sa classe !), quelque chose comme ça. Tout le monde se taisait. Et, remarquez la finesse, il se mettait en colère pour une chose qui n’intéressait pas les enfants (nous étions des ados de 17 ans), quelque chose qui n’était pas un enjeu pour nous. Comme personne ne se sentait vraiment mis en cause, chacun se taisait. Et notait intérieurement: « Celui-là, il va falloir se méfier et se tenir à carreau, c’est une peau de vache. » Le reste de l’année, les choses se passaient tranquillement, il n’avait plus jamais ou presque plus jamais besoin de se fâcher à nouveau. Il avait créé une inhibition.
Par la suite, il se permettait d’être… aimable. C’était si inattendu que ça devenait un vrai cadeau. Les élèves l’aimaient et le respectaient, particulièrement ceux qui fichaient un désordre monstre avant ou ailleurs. Et le niveau des notes était le meilleur de l’établissement. Son attitude fixait un cadre, tout simplement, une règle du jeu, dans sa classe on ne franchissait pas certaines limites. Les autres profs se demandaient comment il faisait, quel était son truc, et certains même devaient se dire qu’il s’agissait d’un talent et qu’ils en étaient incapables, qu’ils n’y arriveraient jamais. Alors… que ce n’était qu’un truc, une résolution prise, à la portée de tout le monde. Il suffit d’une résolution et d’un peu d’entraînement.
Quelle leçon retenir ? On peut y arriver. Chacun trouvera sa technique. Mais l’essentiel est de réfléchir et d’accepter de changer, d’être ouvert à des attitudes nouvelles.
Une comédie fait dire à l’un de ses personnages à qui un ami demande un conseil, cette réplique amusante : « Ne sois pas toi-même ! » Dans une ambiance moderne où tout le monde vous dit « soyez vous-même », ce conseil a quelque chose de pertinent, d’interrogateur. Bien sûr qu’il faut être soi-même dans son dialogue intérieur, dans sa cohérence, dans ses ambitions. Mais il faut aussi être celui dont les autres ont besoin, et cela demande parfois de revêtir un costume. Nous reviendrons sur cette idée.
Les élèves considéraient a priori que le prof était dur, donc ils accueillaient avec reconnaissance ses bontés mais savaient que la règle, c’était l’ordre et le boulot. C’était clair, personne ne revenait dessus. La clarté bénéficiait à tout le monde. Voilà pourquoi mieux vaut toujours partir avec les enfants avec une attitude plutôt ferme.
Il y a quelque chose de naturel à cela: on aime que quelqu’un de dur soit aimable, on déteste que quelqu’un de gentil se fasse dur. C’est la nature humaine. Ce qui n’empêche pas de sourire, de se montrer affable. Cette autorité-là n’interdit pas la bonté d’âme, au contraire, elle est son corolaire. Beaucoup de personnes affirment que la « gentillesse » ne paye pas, en fait ce n’est pas tout à fait ça: la gentillesse fonctionne très bien lorsqu’elle est savamment dosée, tout simplement !
Seconde méthode. Vous pouvez tenter la manière forte avec rétorsion : « C’est très simple, tu fais tes devoirs et que je ne t’entende pas. Et tu seras privé d’ordinateur s’ils ne sont pas faits ce soir. » L’efficacité ponctuelle est possible, mais sur le long terme, l’enfant n’y aura puisé aucune motivation, il n’a rien appris au sujet de « je vais faire mes devoirs parce que c’est bon pour moi. » En outre, l’enfant va s’endurcir, et, principe que vous devez absolument intégrer, votre enfant vous dépassera en dureté. Les enfants nous dépassent en bien comme en mal. Comme l’écrivait le Père Sévin, qui nous délivre là un grand secret de l’autorité:
« Si tu ralentis, ils s’arrêtent.
Si tu faiblis, ils flanchent.
Si tu t’assois, ils se couchent.
Si tu doutes, ils désespèrent.
Si tu critiques, ils démolissent.
Si tu marches devant, ils te dépasseront.
Si tu donnes ta main, ils donneront leur peau.
Et si tu pries, alors ils donneront des saints »
(cité dans Conseil aux éducateurs, Père Sévin. L’exhortation est-elle de Michel Menu, de Charette ou de Fernand de Ligny ?)
L’attitude autoritaire est souvent celle des parents qui n’ont pas le temps de s’occuper de leur enfant – ou considèrent qu’ils n’ont pas le temps et ne savent pas que quelques secondes par jour suffisent. Mieux vaut retravailler la séquence; telle quelle, elle ne marche pas, reconnaissons-le. Certes, nous y avons tous recours de temps à autre et ce n’est pas dramatique, parfois nous ne pouvons faire autrement. Mais ça ne suffit pas. Qu’est-ce que nous préconisons ? Si vous commencez à vous occuper de votre enfant, il est important de savoir quel rôle vous jouez.
Clarté de votre position
Si vous êtes requis pour aider aux travaux scolaires ou faire un cours le soir, ou mieux encore si vous faites cours à votre enfant toute la journée, sachez ne plus être la gentille maman ou le gentil papa: soyez l’enseignant(e) qui va faire cours et entend que des objectifs soient atteints en temps et en heure. Bref, changez de casquette. Dissocier nettement son rôle de parent et son rôle d’enseignant est important.
Qui s’explique se discrédite
Autre secret de l’autorité à méditer. C’est une sorte de dicton que nous inventons pour la circonstance et qui reflète le célèbre « Qui s’excuse s’accuse ». C’est un peu pareil. Il faut des explications… de manière mesurée. Le plus grand nombre de conflits surviennent d’une habitude qu’on donne aux enfants d’explications et donc, dans leur esprit, de justifications. Il faut donc tenir une balance délicate entre certaines explications tout à fait nécessaires et des… silences. Très souvent et peut-être même la plupart du temps, le silence relatif est la meilleure méthode. Si vous expliquez trop souvent pourquoi il faut faire les devoirs, vous donnez au jeune tous les arguments pour vous dire le contraire. Il a un cerveau, rappelez-vous, il ce cerveau est programmé pour vous contredire 😉 Ce n’est pas qu’une boutade: l’enfant a réellement besoin de remettre en cause ce qu’on lui a appris.
Remettre en cause l’enseignement reçu est vital pour l’adolescent
C’est vital, il doit brûler ce qu’on lui a transmis pour savoir ce qui résiste au feu, ce qui a une vraie valeur. Saviez-vous que le fruit secrète une humeur qui dessèche sa queue et le sépare de l’arbre ? C’est une extraordinaire leçon naturelle. L’ado génère les moyens de la séparation vitale, nécessaire, qu’il va opérer dans quelques mois. Le silence relatif, c’est-à-dire une demande de votre part sans explications inutiles, va permettre à votre enfant d’expliquer intérieurement, de développer votre demande et de la légitimer. Ne le faites pas à sa place.
Le refus de la contrainte
Parlons maintenant de contrainte. Nous sommes dans une société permissive comparée à celle d’il y a 100 ans (nous ne disons pas plus libre, attention, notre société l’est en fait beaucoup moins, mais c’est un autre sujet). Or, inutile de se voiler les yeux, la contrainte existe dans la société, et les devoirs ou le bac, ou les interros sont notamment là pour apprendre à l’enfant à accepter qu’il y a des règles du jeu, des difficultés, des obligations incontournables et que plus il est préparé, moins il aura le trac, moins il sera sujet à l’angoisse et à l’isolement.
Donc, ces examens progressifs ne sont pas néfastes, bien au contraire. Ce n’est pas la note qui est importante, c’est le passage en examen lui-même et la préparation de l’examen. Pouvez-vous vous servir de la contrainte ? ça peut arriver. Vous ne devez pas avoir peur d’obliger un enfant à faire un devoir dans les temps parce qu’il est important qu’il sache faire un travail dans un délai donné. Mais sachez amener cela progressivement, entraînez-le, comme un sportif fait des tas de championnats avant d’aller aux JO. Dans tous les métiers, on va progressivement, par étape. On ne devient pas inspecteur de police sans avoir appris les responsabilités et obtenu des victoires sur ses propres peurs. Ces victoires, comme celle de l’enfant qui a passé un examen sans trop de catastrophe, ne sont peut-être pas définitives, mais en tous cas elles existent et elles rassurent, elles assurent la personnalité.
Créativité
Faire preuve de créativité, varier les points de vue et les situations, vous évite de vous retrouver strictement dans la même situation que précédemment, ce qui augmente l’assurance de l’enfant qui décode plus rapidement les possibilités. Si vous persistez à recréer sans arrêt le même contexte, un contexte semblable à ce que connaît l’enfant, vous risquez de produire d’abord de l’ennui, ensuite de la rébellion ; et vous n’aurez plus qu’à pratiquer une discipline martiale, comme en caserne. Parce qu’il n’y a plus rien qui surprend l’enfant. L’enfant a un immense besoin de découverte, de surprise, parce qu’il y a en lui une immense soif d’émerveillement.
C’est ce que vous devez protéger. Un adulte triste est d’abord un adulte qui ne s’émerveille plus.
Imaginez des situations différentes: par exemple, apprenez avec votre enfant à défendre des points de vue contraires du sien, vous le sien et lui le vôtre par exemple. Faites cours dehors, près de la rivière ou le fleuve, dans la montagne ou ailleurs (mais dans un endroit calme, facilitant la concentration et méditation). Apportez des objets intéressants, des témoignages, bref variez.
Le vrai mystère de l’autorité
L’autorité s’appuie sur un mystère: celui qui détient un vrai pouvoir détient aussi un savoir. C’est l’autorité de l’enseignant, de l’universitaire. Elle est appréciable, mais elle ne vous suffira jamais à être respecté(e) de votre ou vos enfants ! Il serait illusoire de penser que le savoir vous protège des quolibets. Il faut donc nécessairement que derrière le savoir se cache autre chose: la sagesse.
Qu’est-ce que la sagesse ? Des livres qu’on ne lit plus vous le diront ! Mais comment se manifeste-t-elle, voilà ce qui nous préoccupe ici. Le parent sage a une autorité parce qu’il a un sens de la relation, il sait qu’il ne faut pas abuser d’une position dominante puisque à terme son autorité sera assimilée à de la tyrannie, il sait qu’il ne doit pas être la source unique de réflexion car il sait qu’à terme il privera l’enfant de la fierté d’émettre aussi des propositions, il sait qu’il ne doit pas donner libre cours aux erreurs parce qu’à terme ces erreurs détruiront le fragile principe de la transmission, il sait aussi accepter l’erreur puisque l’être humain n’est pas un dieu. Nous pourrions continuer longtemps la liste de ce que le parent sage doit savoir mais ce serait vain. L’ensemble de ces savoirs dépend de ce que l’adulte a vécu, et il faut avoir beaucoup vécu et beaucoup médité le vécu pour donner. Mais on peut aussi beaucoup donner dès le départ. Car c’est avant tout la générosité, le don de soi, qui feront la plus belle des autorités.
Partir du point où est l’enfant, et non du vôtre
C’est sans doute l’un des points les plus importants. Lorsque qu’une personne dans la rue vous demande sa route, vous la lui indiquez en partant de l’endroit où elle est, vous ne lui dites pas qu’elle part du mauvais endroit.
Demander quelque chose qui le dépasse, par exemple, détruit totalement votre crédibilité auprès de l’enfant. Exagérer tout le temps, ne pas dire des choses sûres ou fiables. Ne pas tenir ses promesses (« encore 5mn de cours et après tu es libre »), ne pas supporter les contretemps, s’agacer facilement.
Partir de LA où EST L’ENFANT.
Pourtant, vous passez votre temps à parler à votre enfant comme à un adulte qui sait. On vous a dit qu’il fallait parler à un enfant comme un adulte. Oui, et non. Oui, pour ce qui regarde le respect. Non, pour ce qui regarde tout le reste. Non seulement vous ne devez pas considérer d’avance qu’il sait tout ce que vous savez, et donc vous emporter ou éprouver du mépris, mais en plus les moyens d’expression que vous utilisez ne doivent pas être ceux que vous utilisez avec les adultes. En particulier, l’ironie est à proscrire.
L’autorité ne fait pas que déléguer
Vous donnez délégation à votre enfant d’agir: apprendre ses leçons, travailler. Mais cette délégation de l’autorité ne peut être réductible à une mise en demeure d’agir. Nous ne sommes pas de simples exécutants. Vous ne faites pas qu’exécuter des ordres, votre enfant non plus. Laissez-lui toujours une liberté, celle de faire les choses sur son mode, à sa manière.
L’autorité donne à faire
Pour chaque enfant, pensez « responsabilité » et « activités ». Distinctes de celles des autres enfants de la famille. Si l’enfant admire une répartition des tâches chez les cousins, faites comme les cousins.
Mais c’est vital. Surtout si l’enfant vous méprise ou, avant d’en arriver là, ne vous respecte plus.
C’est quand l’enfant a accompli qu’il est fier de lui. Il ne peut y avoir de respect sans lien. Et il n’y a pas de lien dans l’inaction.
Il n’y a pas de lien dans l’inaction
Si votre enfant ne fait rien, ils ne vous respectera pas. Confiez-lui des tâches. Un respect né dans l’inaction est creux. La solidité des sentiments correspond à une implication réelle, à de l’agir.
Un enfant qui reçoit sans rien donner est comme le bébé. Il a besoin de se sentir exister en donnant de lui-même. D’exister par ses actes et ses responsabilités. Même s’il est incapable de le dire ou de le réaliser.
L’autorité témoigne, elle est d’abord un exemple
Evidemment, il serait vain d’imaginer avoir une quelconque autorité si votre comportement ou vos paroles témoignent du contraire. C’est le B-A-BA. Seulement voilà, nous sommes tous beaucoup moins bons que ce que nous voudrions. Il y a donc 2 conclusions à en tirer:
– Essayez de commettre le moins possible d’erreurs et, comme on l’a dit dans la première partie, de tenir sa langue. Jôshô Yamamoto, le médecin dont nous parlions, recommandait aux samouraïs et aux pères de famille de retenir toute exclamation, de ne jamais se plaindre, et même de ne jamais se laisser aller à dire « aïe! ». Car, considérait-il, nos proches doivent pouvoir s’appuyer sur quelqu’un de fiable et de solide, pour leur éviter des contradictions, des craintes intérieures. Chacun appréciera cet enseignement à son gré*.
– Soyez humbles et enseignez l’humilité à votre enfant. L’enfant doit savoir un jour que vous pouvez vous tromper. Pas toujours, pas tous les jours. Ne battez pas votre coulpe sans cesse. Mais il a entendu une fois ou deux que vous pouvez vous tromper et que vous le savez, et que vous êtes capable de vous en excuser ou, mieux encore, d’en demander pardon. Il saura alors ce que c’est que de se tromper, de le savoir, de le dire et de s’en excuser.
Cultivez l’être
La raison d’être de l’autorité, ce n’est pas l’ordre, c’est la transmission. C’est sans doute l’origine même du plus grand secret de l’autorité. Si vous détenez une autorité, qu’elle aide votre enfant à grandir, à rencontrer sa vocation, ses talents, ses chemins. L’enfant vous aimera et vous respectera d’autant que vous lui aurez permis d’être. Il est vrai qu’une bonne autorité donnera plus de joie et qu’un manque d’autorité amènera de la tristesse. Etre, c’est devenir. Agir.
Jouez
Amusez-vous. L’humour sauve de beaucoup de choses, il sauve des ratés, des situations compliquées, des tensions. Ne jouez pas toujours, mais de temps en temps, brisez les schémas avec l’humour. L’humour facilite la reconcentration, le redéploiement de la pensée en brisant l’impasse intellectuelle. Et cela vous permettra aussi de mieux connaître cet enfant.
D’ailleurs, lui aussi joue un rôle, et vous cache beaucoup de choses. Tout étant relatif en ce monde, avoir une attitude décontractée vous permet de ne pas vous illusionner sur vous-même ou sur votre enfant, de ne pas faire passer des principes avant l’essentiel qui est dans l’immédiat, dans l’instant. Et paradoxalement – nous vous livrons là un secret de guerrier – la légèreté de l’instant vous permet d’être sur le qui-vive, d’être à l’écoute et de maîtriser la situation, elle permet de prendre du recul et de contempler de plus haut la scène. C’est une forme de détachement qui vous permettra de mieux saisir l’enjeu véritable de l’instant, qui n’est peut-être pas la leçon du jour mais une préoccupation de votre enfant, ou une préoccupation que vous avez et que vous n’arrivez pas bien à exprimer. Comme dirait l’un de nos enfants, « la légèreté, c’est du lourd ! »
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Dans un prochain article, nous parlerons de l’autorité exprimée par le corps.
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