On observe statistiquement que l’enfant aîné réussit scolairement un peu mieux que les autres enfants. C’est ce que développent des articles nombreux, par exemple dans le Monde, ici, et ici. Des statistiques ont été faites qui montrent un infime avantage de l’aîné.
Pourquoi ?
D’abord, disons tout de suite que les statistiques montrent un avantage si réduit de l’enfant aîné qu’il n’est pas permis d’établir une règle. De nombreuses familles comme la nôtre démentent cette affirmation. Notre aînée a eu de l’avance un certain temps en effet mais s’est fait rejoindre depuis. Pour les suivants, certains qui sont au-milieu du peloton s’en tirent très bien.
Mais il y a bien un léger avantage statistique des aînés sur l’ensemble de la population.
Comme le dit le premier témoin,
« On met beaucoup dans le premier enfant. C’est une joie immense qui bouleverse tout, on a envie de lui faire partager des tas de choses. C’est avec lui qu’on découvre les premiers pas, la crèche, l’école, la lecture, les jeux. Le deuxième et surtout le troisième, on les élève plus simplement : ils ont plus de liberté, on leur fait confiance, on est beaucoup moins inquiet parce qu’on a tout testé avant ! Ils reçoivent peut-être moins d’attention mais aussi moins de stress. »
L’enfant veut mériter
…et ne pas démériter. L’aîné se sent « obligé » d’être brillant, d’être un modèle, de tenir son rang, pour mieux mériter l’affection de ses parents.
Le premier né est un peu « cerné » par ses parents
C’est vrai, l’enfant aîné est entouré d’une attention extrême, tout est surveillé et accompagné, la maman a lu tout ce qu’il fallait lire sur la grossesse et le premier âge, le papa espère tout ce qu’il y a de mieux dans la vie de l’enfant. C’est panique à la moindre fièvre.
Quand on y repense, plus tard, ou quand on voit de jeunes parents, on sourit: la maman est hyper stressée à la moindre toux, le papa se fait blackbouler dès qu’il minore, et incendier de ne pas comprendre la gravité du moment. N’est-ce pas ce qu’on voit bien souvent ? Du coup, il prend du recul, quand même un peu inquiet. Tout tourne autour de ce bébé.
Puis vient le second. On connaît la marche à suivre, le bébé ne vas pas mourir pour une rage de dents. On s’inquiète moins. Au 7ème enfant, on est très très relax. Et les enfants qui ne nous voient pas nous affoler sont beaucoup moins malades…
C’est ensuite, l’aîné grandissant, la découverte pour les parents que tout n’entre pas dans les cases de leurs attentes, que l’enfant est différent, se comporte différemment de ce qu’on connaissait. Mais qui donc l’a créé, ce bout de chou ? Il ne nous ressemble pas, tout en nous ressemblant, et on l’aime.
Dès lors, ils relâchent leur tension avec le second, puis le troisième. D’autant que, les journées ne faisant que 24 heures, ils doivent réduire la part du temps consacré à chacun. Entre nous, l’enjeu, c’est d’augmenter la qualité des moments consacrés aux enfants et non la quantité. Bref.
Les enfants se suivent. Il y a le modèle incarné par le premier qui doit nécessairement être battu en brèche par les suivants, parce que chacun doit tirer son épingle du jeu et même exister; or, l’imitation ne paye pas, ils l’apprennent très vite. Ils doivent donc se démarquer les uns des autres. C’est pour ça que vous ne trouvez jamais de familles où tous les enfants suivent le même modèle, surtout si vous prenez en compte la diversité des tempéraments liée à de nombreux facteurs. Une belle histoire de diversité, de particularités, au sein d’une famille qui ne fait qu’un.
L’inquiétude engendre l’inquiétude
Il y a donc lieu de savoir dès le premier enfant qu’on est beaucoup trop inquiet facilement. La maman, spécialement, doit apprendre à fréquenter des mamans ayant plusieurs enfants. Elle se fait du mouron et inéluctablement, son enfant le ressent et parfois, cette inquiétude maternelle le rend « pas bien », voire malade. Le stress, l’angoisse, sont contagieux dans un même foyer. C’est parfois le papa.
Les « critères » d’affection
Il est fondamental de ne pas tout centrer sur une seule sorte de résultats. La réussite scolaire n’est pas une raison de vivre, pas plus que d’être « sage », ou « bien élevé », ce ne sont que des moyens. Les parents doivent faire attention à ne pas focaliser sur un aspect. Sans quoi l’enfant va concentrer tout son être sur cette demande et, bien sûr, vivre moralement au rythme de ses échecs et de ses réussites.
Parler peu, parler bien
Le meilleur moyen d’obtenir un résultat, pour les parents, c’est de n’en parler presque jamais. Le harcèlement sur les notes finit souvent par faire des cancres, et qui s’assument effrontément en plus, des gens si déçus par eux-mêmes qu’ils refoulent la réussite comme une plaie. Combien de premiers de la classe devenus bohèmes ?
C’est très courant. Demandez-vous ce que sont devenus les premiers de la classe de votre enfance. Souvent, c’était des enfants de qui les parents exigeaient trop. On veillera donc à parler de la réussite en termes justes, globale et non seulement scolaire, une fois de temps en temps, par exemple une fois de l’an, en expliquant bien qu’elle est multiple, et pas seulement scolaire.
Il faut même parfois, comme on l’a déjà dit, donner à l’enfant l’occasion d’en vouloir plus que nous-mêmes. Voici une expérience qui peut être très profitable si votre enfant a des scrupules habituellement, s’il a une bonne notion du travail qu’il a à faire, sans toujours s’y mettre vraiment. Cette petite manœuvre va le conduire à travailler davantage. Encore une fois, s’il fuit le travail a la moindre occasion, ce n’est pas une expérience à faire.
Vous invitez votre enfant à une ballade la veille d’un examen. Il va spontanément dire lui-même: « Demain j’ai un examen. » Vous réagissez alors en disant par exemple: « Oh ! Qu’est-ce qu’on fait alors ? Je suppose qu’il vaut mieux que je te laisse tranquille ? » Il répondra « oui », et ce « oui » va en lui générer automatiquement une prise de responsabilité, il va se mettre au travail de lui-même. Il dira peut-être « oui, mais », et ce « oui, mais » posera des modalités, telles que « oui, mais je peux finir mon travail dans deux heures et après on y va. » De toute façon, il va travailler intérieurement une prise de responsabilité.
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