Situation qui concerne TOUS les couples: les parents ne sont pas d’accord. Il est rare qu’ils ne soient d’accord sur rien. Il est fréquent qu’ils soient en désaccord sur certaines choses, notamment en éducation.
« L’un est plus permissif que l’autre, l’un ne donne pas la même importance que l’autre à certains faits…etc. » nous dit S., l’une de nos membres accompagnées.
Deux parents, c’est deux points de vue
Le dialogue
Nous n’allons pas vous faire un laïus sur les vertus du dialogue: tout le monde sait qu’il est important. Seulement, c’est parfois l’impasse.
D’abord, acceptez totalement que l’autre ne soit pas d’accord. Résolument. C’est inhérent à la nature humaine: souvent un père s’en fait moins, regarde moins ce qu’il se passe, prend du bon temps avec ses enfants plutôt que des charges éducatives. Et souvent la maman s’en fait plus, prend le maximum de charges pénibles à son compte, s’inquiète du climat… et en veut aux autres de ne pas en faire autant.
Ces deux attitudes, croyez-le, peuvent être irritantes. Comprenez-le et acceptez-le une fois pour toutes.
Vous ne pourrez pas changer l’autre. Du moins, vous ne changerez pas l’autre sans changer un peu vous-même. Il n’y a que sur vous que vous avez prise. Donc, oubliez que vous voulez convaincre l’autre de changer.
D’abord, il est bon que l’autre soit ainsi car, avouez-le, vous ne prendriez pas sa place. Ensuite, sa manière d’être est l’autre pôle dont l’enfant a besoin. Si vous êtes convaincue, madame, que votre enfant doit mettre un pull à la maison alors que son père ne s’effarouche pas du T-shirt, relativisez. Votre enfant ne va pas mourir d’une pneumonie. Sauf si, évidemment, il a été couvert depuis sa petite enfance et que son père l’emmène à la pêche en T-shirt le 31 décembre pour la première fois de sa vie. Mais il y a fort à parier que l’enfant a souvent été légèrement vêtu depuis longtemps. De ce fait, son thermostat interne est capable de s’adapter. Il n’a pas froid quand vous avez froid. Quand il a froid, il va mettre un pull.
D’accord ?
Ensuite, et nous l’avons dit quand nous avons parlé du père, et quand nous en avons reparlé, il y a beaucoup d’avantages à ce que le père ait cette place légèrement en retrait. Qu’il soit moins impliqué. C’est ce qui vous donne une liberté. En fait, vous faites presque ce que vous voulez.
Reportez-vous en cas de doute à ces deux articles cruciaux, nous ne reviendrons pas dessus ici.
En revanche, voyons comment vous pouvez obtenir du changement.
Deux parents qui écrivent chacun de leur côté leurs souhaits
Prenez l’habitude d’écrire ce que vous souhaitez. Demandez à l’autre d’en faire autant, de son côté. S’il ne souhaite pas le faire spontanément, ayez d’abord une discussion sur ce qui vous motive et vous préoccupe (pensez aux deux, car si vous ne parlez que de problèmes, la discussion tournera court); puis, une fois que suffisamment de choses auront été dites, écrivez, chacun dans votre coin.
Le lendemain, finissez ce petit travail, amendez-le. Puis, montrez-le à l’autre et demandez-lui son travail.
De là, vous pourrez vous engager à obtenir ce que veut l’autre, ce qui rendra plus facile votre demande qu’il en fasse autant.
Faites chacun ce travail à part, c’est important.
Vous pourrez le refaire de temps en temps, quand à nouveau un antagonisme surgira.
Choisir les activités de mon enfant
Il y a des activités que vous pouvez faire avec l’enfant et des activités que votre conjoint pourra faire. Bien distinguées, elles vous valoriseront tous les deux.
Ces activités peuvent être extra-scolaires ou scolaires. Le mari pourra par exemple faire réviser le soir, de temps en temps.
Les autres adultes
L’intervention d’autres adultes aura le mérite d’amener une troisième ou une quatrième manière de voir les choses. Vous ne serez plus seulement deux parents mais 3, 4… Grands-parents, amis… n’hésitez pas à confier votre enfant en de bonnes mains. Ne refusez plus l’invitation à l’anniversaire du copain de votre enfant par politesse, si c’est un copain qui aime vraiment votre enfant. Votre enfant voyant d’autres adultes, il va mûrir.
Accepter son enfant, accepter l’autre parent
Accepter l’enfant, cela passe par l’acceptation de l’autre parent. Et accepter l’autre parent, c’est déjà commencer à mieux accepter son enfant.
On ne le redit pas assez: l’enfant a besoin de ses deux parents, d’un père et d’une mère
« Beaucoup de parents, souligne S., accusent l’école des carences de leur enfant et sont blessés intérieurement. Souvent les responsabilités viennent des deux côtés et avec de la vigilance cela s’arrange. Un blog comme le vôtre peut les aider absolument. » Merci à elle en passant ! Mais oui, il faut faire attention à ce que le reproche contre l’école ne soit pas dû à notre propre ressenti. D’ailleurs, le reproche contre l’école ne doit pas persister. On peut de temps à autre indiquer ce qui s’y passe, sans en faire des tartines…
« Parfois, dit encore S., un enfant n’est pas en mesure d’accéder à toutes les acquisitions scolaires proposées et malgré toutes les pédagogies qui échouent peu ou prou. La meilleure chose pour cet enfant, c’est que ses parents l’acceptent avec cette particularité, qu’ils ne le regardent pas d’un air déçu et qu’ils ne lui fassent pas de reproches. Qu’ils cherchent avec lui ce qu’il aime faire et le valorisent dans ce domaine. Un enfant qui n’est pas un élève performant ou même moyen et donc pas bon, ne relève pas forcément d’une pathologie. Et pas mal d’exemples nous montrent que pour bien réussir sa vie nul besoin d’être un génie en quoi que ce soit ! C’est le regard que l’on porte sur lui qui permet à l’enfant d’avancer […] Ce que je voulais vous dire, c’est que vous allez sans doute avoir à satisfaire des demandes importantes qui relèveraient de la magie plutôt que de la raison. Attention aux parents blessés. Il y a des exigences parfois irréalisables. »
Tout est dit là. Ajoutons que le désaccord entre parents vient souvent de ces blessures. Veillez-y. Dites-vous que de toute façon, l’enfant va y arriver, parce que vous avez décidé de vous occuper vraiment de lui, et qu’il va trouver sa voie.
Epargnez à l’enfant les disputes entre parents. Il n’en a aucun besoin. Il n’a pas besoin de comprendre pourquoi vous ne vous entendez pas. Il a juste besoin de savoir que tout va bien. Si votre conjoint est parti, ne dites pas à l’enfant qu’il a été « abandonné », même si c’est vrai. Dites que le conjoint a dû partir car il avait besoin d’aller ailleurs, qu’il avait une autre mission. L’enfant peut le comprendre. Ce n’est qu’à l’âge adulte qu’il pourra comprendre et entendre que son père ou sa mère l’a abandonné. Mais ne disons pas cela à un enfant.
Pensez à prendre conseil si vous sentez que ce sont davantage des blessures qui se mêlent à vos difficultés. Nous sommes là pour ça, vous le savez…
En cas de séparation, le texte prévoit certaines dispositions de bon sens: https://www.juritravail.com/Article/autorite-parentale-divorce/Id/51
Les parents peuvent très bien arriver à un certain consensus sur les points d’éducation qui posaient spontanément problème. Il y a des trucs pour les têtus qui n’arrivent pas à se mettre d’accord, même en s’écrivant.
A défaut d’un accord, une bonne négociation peut faire assez bien l’affaire. On peut se répartir des domaines en se promettant non-agression sur le domaine de l’autre (Ex : le papa ne contredira plus les règles de diététique de la maman devant les enfants, et la maman en échange le laissera tranquille sur le choix des lectures qu’il fait aux enfants, ou sur les horaires de retour lorsqu’il les emmène en sortie…). Je crois qu’il faut que celui qui est le plus généralement responsable d’un secteur de la vie des enfants, soit celui qui ait le plus voix au sujet. Sinon c’est impossible à gérer. Donc que le père fasse attention à laisser la mère établir un système qui lui convient si c’est elle qui est la plus présente à la maison, je crois que c’est nécessaire ; mais en retour la mère doit reconnaître le détachement que cela exige de son mari, et lui céder sur quelques points qui lui tiennent particulièrement à cœur, notamment quand il est présent, ou sur ceux qui empoisonnent le plus les discussions. Et même, veiller à appliquer un principe ou deux chers au père en son absence afin qu’il en observe l’application et les effets et voie qu’on n’éduque pas ses enfants dans son dos. Ce sont autant de façons de se dire que l’on s’aime, si on arrive à le voir comme cela ; sinon, c’est tout du moins une bonne base diplomatique.
Dans les cas où les rôles sont inversés, mon conseil aussi s’inverse. Dans les cas où les rôles sont moins différenciés (parents travaillant tous les deux à la maison par exemple), il est bon de se répartir les rôles suivant les talents et tendances de chacun comme l’indique Rémy : et on revient à une logique de « chacun son terrain ». Il n’est pas plus dramatique que maman fasse souligner les titres en rouge et écrire bien dans les lignes, alors que papa utilise des photocopies et un stabylo-boss, que si maman parlait anglais et papa français. C’est pareil. Mais cela sera structurant et enrichissant à une seule condition : s’il s’agit de deux matières bien différentes. A défaut d’unisson, un système plus complexe mais toujours cohérent dans chacune de ses parties.
Je me ferais bien l’écho aussi d’une multiplications des références secondaires. A partir du moment où elles sont bien perçues comme secondaires, et où elles ne contredisent pas les grands principes sur lesquels les parents sont d’accord, elles apportent beaucoup. Une manière d’en avoir gratuitement, si l’on n’a pas la chance de pouvoir payer des professeurs ou des activités à ses enfants, est la vie associative (scoutisme par exemple) ; une autre, les invitations ; une troisième, des cours peu chers dispensés par la mairie, où parfois un professeur charismatique fera plus que la discipline enseignée ; encore, une personne âgée ou malade que l’on va aider et qui est assez « bien en point » quand même pour avoir une conversation qui intéresse l’enfant ; enfin, un échange de cours ou de bons services est toujours bienvenu entre familles, si on sait le gérer (CF article sur les regroupements de familles).
Comme toujours, très pertinente, chère Pauline ! A quand un article ? Vous y êtes presque, ici. Il suffit de 300 mots.
Bonjour
Nous avons déjà fait les papiers chacun de notre côté pour savoir ce que l’autre attendait de nous, ou ce qu’il voulait faire. C’était très intéressant ,car dans une discussion on a plus de mal à dire exactement les choses ,sans passion,sans oublie…Alors effectivement pourquoi pas pour les activités des enfants! ….
Bonjour, très bonne idée que d’écrire nos souhaits chacun de notre côté. merci
Bonjour, chez nous on uilise la politique de chacun son domaine comme l’a décrit Pauline, et ça marche plutôt bien.
Un tout petit témoignage sur le regard d’une tierce personne qui peut faire grandir l enfant
J’ai sorti Foucauld de l école au mois de mais l’ année dernière avec tellement de blocages qu’il ne parvenait plus à lire ni à faire une simple opération . À la rentrée il souhaité faire du violon je l’ ai donc inscrit au concervatoire .son professeur de violon l’ a tiré du gouffre où il se sentait , il lui a révélé qu’il avait l ‘oreille absolue :il n’était donc pas un bon à rien, il lui a révélé ensuite qu’il avait une voix de maitrisien . Foucauld ignorait qu’il avait ce talent et découvre qu’il aime chanter . Ce talent libéré le détend et le rend plus disponible aux apprentissages scolaires..je ne remercierai jamais assez ce professeur de violon de nous avoir révélé notre fils.
Nous avons découvert l’académie Notre Dame de Liesse et Foucauld est très motivé pour y rentrer ce qui lui donne un objectif dans son travail. Et tout cela grâce au regard attentif et bien veillant d’un professeur de violon!
Très pertinent, cela dit il est bon de se le faire rappeler !
À quoi servirait-il de demander l’avis du conjoint, s’il faut qu’il soit résolument toujours d’accord ? Autant s’arranger directement avec soi-même.
Être complémentaire, pour un but commun soit ici l’éducation des enfants. Quand on ajoute d’autres personnes, car oui ceci n’est pas inhérent au couple, excellent challenge qu’est celui de la vie en communauté… Ou de la vie tout court, il n’y a pas que les enfants qui en ressortiront comme grandis, d’où l’importance de s’entourer de personnes qui tirent vers le haut !
Mon histoire serait trop longue à expliquer, mais pour résumer, je suis maman de jumelles de 3 ans et demi et depuis la naissance de mes filles, la relation avec mon conjoint n’a fait que se détériorer. Nous en sommes tous les 2 responsable, moi car je suis rentré dans une hyper parentalité à vouloir trop bien faire, et mon conjoint lui à être un papa poule un peu « too much ». Vous parler du pull et des habits de dehors, à chaque fois que mes filles sont malade mon conjoint me reproche que je ne les aient pas assez couverte et qu’elles sont tombées malade par ma faute. J’ai plein de petits exemples comme ça, qui, à force, ont abîmé notre relation, déjà mise à mal par l’arrivé de 2 bébés en même temps. Votre article tombe à pic car bizarrement il y a 2 jours nous avons eu une petite discussion (chose qui n’était pas arrivé depuis longtemps car le dialogue était rompu …) et il semble y avoir de petite amélioration, je vais essayer de faire lire ce post à mon conjoint. En tout cas pour notre part, nos divergences ont été telles que malheureusement notre couple n’a pas « survécu » et nous sommes séparé mais habitons encore sous le même toit, pour combien de temps, l’avenir nous le dira… Mais en faisant l’école à la maison je dois dire qu’envisager 2 appartements différents nous freine énormément coté financier évidemment. Comment faire dans ces cas là? merci pour cet article en tout cas !
Heureux que cet article (il y en aura d’autres sur ce thème) vous aide de ce côté-là. Il y a les idées différentes, il y a les problèmes sanitaires (tous les Occidentaux sont attaqués dans leur santé à leur insu, via l’eau, l’alimentation, spécialement), la pression sociale. Il faut donc reprendre tout en main.
Ensuite, pour ce qui est des moyens financiers pour tel ou tel plan, l’organisation vient avec de nouveaux revenus, il s’agit aussi de penser son indépendance financière. Faut-il persister à survivre ? Ce salaire est-il vraiment satisfaisant? La quasi-totalité des gens répondent: « Non, mais on n’a pas la choix », ce qui montre la réalité crue: ce travail ne satisfait pas. Il s’agit de changer ça aussi. L’école à la maison est le bon déclencheur.