A quoi ça sert ?
Il est fréquent qu’une maman nous dise, comme on le voit dans le reportage qui a été fait sur notre famille : « On bourre la tête des enfants avec des choses dont ils n’ont rien à faire. »
Beaucoup dépend de votre manière de présenter les choses, vous le savez. Est-ce qu’un film est « utile » ? Non, et pourtant les enfants passent en moyenne plus de temps à regarder des films qu’à apprendre des dates et les parents ne demandent pas « à quoi ça sert les films ? » Ils sont plus pressés d’alléger l’enfant des apprentissages que des loisirs.
Alors, faisons le tri des idées.
Un poème est-il utile ? Une chanson ? Le théorème de Pythagore ? L’accord du participe ?
Y a-t-il des savoirs inutiles ?
C’est une question qui est souvent posée dans le public.
Il n’y a pas de savoir inutile, il n’y a que des savoirs mal employés, ou inutiles à un certain degré, dans certaines situations, dans certaines activités.
Comment distinguer ?
Pour l’élève, il y a un savoir qui [s2If !is_user_logged_in()] (…) la suite est réservée aux membres accompagnés, pour activer votre accès membre, passez par ici. Déjà membre accompagné ? Connectez-vous dans le menu du site (en cas de souci, voir la FAQ). [/s2If] [s2If is_user_logged_in()]aide à apprendre, à mémoriser, qui construit l’enfant et lui donne des repères, et il y a en effet des savoirs inutiles à son niveau.
Il faut des savoirs mais pas n’importe quoi. Nous expliquons que le FMI ou Jean Jaurès n’ont aucun intérêt pour construire l’enfant. Or, l’école ne présente que cela: de l’information, énormément d’information, qui ne construit pas. Nous le voyons par ailleurs quand nous parlons des savoirs utiles. Il y aurait plein de sujets à supprimer à l’école, dans les programmes.
En revanche, c’est très emballant pour un enfant de savoir par exemple que son pays a connu des périodes de grandeur, de vitalité. Il se dit que tout n’a pas toujours été triste ou battu d’avance, comme l’est notre société grise.
De même, l’explication du fonctionnement d’une clepsydre peut être géniale pour éveiller l’enfant ou le jeune.
Le cerveau a besoin d’autre chose que seulement le français et les maths, qui sont bien sûr fondamentaux.
Nous avons vu comment chaque matière équilibrait le cerveau: objectivité, subjectivité, c’est-à-dire logique, poésie, discernement, anticipation, souvenirs etc.
La culture est indispensable !
Il faut aussi de la culture en plus de l’objectivité et de la subjectivité.
Exemple: un internaute est totalement affolé parce qu’un individu s’est promené nu dans la rue, une nuit. Il est scandalisé, il faut l’arrêter et le jeter en prison une fois pour toutes ! En effet, se promener nu ce n’est pas correct. Mais est-ce le danger majeur, le grand problème de notre temps ? Si l’on sait qu’il y a des problèmes beaucoup plus grands et graves, que des centaines de personnes meurent de faim dans la rue en France par exemple, cela relativise: peut-être que cet homme n’est qu’un incident qui cache des problèmes beaucoup plus sérieux. On évitera peut-être la chasse aux exhibitionnistes ou aux détraqués, qui sont peut-être d’ailleurs des gens saouls ou des malheureux qui ont été dépouillés de leurs vêtements en pleine rue ?
La culture calme le jeu, resitue les urgences, évite les manipulations.
Voilà pourquoi l’Histoire et la géo sont fondamentales, par exemple.
Prêt ou pas ?
» J’ai l’impression que parfois on force la nature en voulant faire apprendre aux enfants des choses qu’ils ne sont pas encore prêts à apprendre . »
C’est un autre aspect. Oui et non. Oui, pour les choses inutiles. Pour les choses utiles, c’est une question de méthode. Si on n’a pas la bonne méthode, ce sera toujours trop tôt ou trop tard.
Du coup on doit trouver des stratégies, des méthodes … qui demandent de l’énergie et du temps. Alors que si l’enfant avait appris et consolidé seulement les fondamentaux les premières années et qu’on attende qu’il soit plus âgé et donc plus mature pour le reste, il l’intégrerait sûrement plus facilement et plus vite. Il aurait la capacité de s’en servir dans sa réflexion (je le vois très bien avec A. qui retient très facilement tout ce qui l’intéresse ou une réponse à une propre interrogation). Avant ça il aurait eu le temps de développer ses autres intelligences qui sont vraiment laissées de côté dans le système scolaire .
C’est vrai mais attention. Les « autres intelligences » peuvent se déployer au travers des matières classiques ! Si vous pensez à la créativité par exemple et à la curiosité qui sont bannies à l’école, eh bien, vous pouvez très bien les faire vivre en faisant de la géo ! Cela dépend de votre manière de les présenter.
Vous pouvez aussi, au contraire, faire un cours absolument sans créativité sur l’art. Ce n’est pas la matière qui développe les « autres intelligences », c’est la manière de faire. Alors certes, c’est plus facile avec l’art de développer la créativité, mais un bon mathématicien saurait le faire. Nous pourrions faire un spectacle très créatif avec Louis XIV ou la rotondité de la Terre. Vous voyez ?
« Apprendre est un besoin humain fondamental que la curiosité naturelle permet de satisfaire , alors pourquoi ne pas se servir de ce formidable moteur ? » Vous avez en partie raison. Voilà pourquoi d’une part il ne faut pas lasser ce sentiment et pourquoi d’autre part il ne faut pas l’abimer en ne donnant pas à l’enfant ce qui va le nourrir. Un enfant qui ne reçoit pas de géo ou d’histoire risque de ne pas développer certaines intelligences.
C’est à bien peser. Nous sommes de toute façon très loin de la méthode de l’école, parce qu’en fait l’école a détruit ces matières. Nous les utilisons parce que nous savons qu’elles recouvrent la plus grande part des intelligences humaines: logique, objectivité, subjectivité, imaginaire, anticipation, mémoire, créativité, recherche etc.
Voyez-vous ?
Un enfant peut tout faire. A nous de ne pas l’épuiser mais de ne pas non plus lui donner trop peu car le cerveau fonctionne en fonction de ce qu’on lui donne. On peut devenir nul, stupide. L’enfant est entre 0 et 15 ans dans une capacité à ingérer ce qui est phénoménal, l’adaptabilité de son cerveau est totale.
Ne pas se contenter de croire que l’enfant va s’y mettre seul
La curiosité, dont vous parlez, n’est pas un moteur extraordinairement puissant, parce qu’elle s’épuise dès que le mystère est découvert, que le secret est rompu. Pas plus que vous, l’enfant n’ira seul vers le savoir ou l’apprentissage, il ira modérément, même très modérément. Avec une curiosité qui s’épuisera vite, en fait. Et à 7 ans, sur le piano familial, il pianotera quelques notes amusantes et sans grand intérêt. Pour qu’il soit plus performant, il est évident qu’il lui aura fallu davantage.
Une question pour vous: est-ce que vous avez commencé à apprendre le chinois et le sanscrit cette année, seul ? Non. Parce que personne ne vous y a poussé; vous auriez bien eu la curiosité, mais ça n’aurait pas suffi à vous y mettre vraiment. Pourquoi voulez-vous que l’enfant en fasse plus que vous ? Il est nécessaire qu’il y ait une sollicitation. L’enfant n’apprendra pas seul, sur la durée. Et quant à la curiosité, il faut la cultiver et l’inciter à vouloir davantage que le premier secret.
Performance
« Avec l’école à la maison , je ne recherche pas la performance dans tous les domaines » Vous avez tout à fait raison mais vous devez savoir une chose: toutes les mamans qui font l’école à la maison disent ça. Personne ne veut torturer son enfant en le forçant à ingérer à l’excès, soyez tranquille.
Ce n’est pas pour autant que nous considérons que notre enfant se fatigue comme nous ou qu’il a froid quand nous avons froid. L’enfant est, du point de vue de l’apprentissage, beaucoup plus performant que nous. Il ne faut pas projeter ses propres fatigues sur l’enfant.
« Pourquoi être pressé ? » Vous avez encore raison. Nous ne le sommes pas. Nous voulons que l’enfant ne rate rien car ne pas savoir, ne pas comprendre, c’est faire naître tous les problèmes.
« Quel sens peuvent-ils trouver dans le fait de savoir ça si jeune ? » De quel âge parle-t-on ? Faire cours à 4 ans, c’est trop tôt. Apprendre la frise historique en 6ème, c’est trop tard. C’est vous qui pouvez discerner.
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