Un texte de Max rédigé à la volée, reprenant et commentant Nietzsche, exposant dans son incontournable ouvrage « Par-delà le Bien et le Mal », les postulats faux de cette bienveillance moderne. Avec le confinement, on voit l’inédite capacité des Occidentaux à se laisser enfermer sans qu’il soit besoin de prison. Pour un « virus » qui tue moins que la grippe saisonnière. L’individu est domestiqué.
D’où vient le problème et que faire ? On va retrouver la chère « bienveillance »…
« Il y a eu toujours, commence Nietzsche, une très grande majorité de sujets pour une minorité de maîtres. C’est l’obéissance qui a été le mieux et le plus longtemps inculquée aux hommes et pratiquée par eux« , et en effet, voyez l’ire du petit conducteur qui déploie tous ses efforts pour n’être pas doublé et qui finissant par l’être, justifie sa fureur immédiate par l’argument de la “sécurité routière”, alors qu’il a en réalité été vexé par quelqu’un qui d’une part le dépasse, et d’autre part s’affranchit des lois, sort du rang commun.
La vexation personnelle qui se sait malingre et ridicule veut aussitôt se sublimer en sentiment supérieur et général. « Je ne dois pas être victime de cela car alors tout le monde le serait. »
C’est là l’opération d’une appropriation qui, commençant aussi sottement, dépasse tout ce qu’on pouvait imaginer il y a 100 ans.
Ce qu’on appelle morale publique est en réalité largement le résultat d’une gigantesque suite de frustrations qu’on tente sans cesse d’anoblir.
Voyez comme, dans les maisons de science qui jadis se flattaient d’inventivité, les dépasseurs de limite sont traités ! Voyez comme les intuitifs sont rejetés, chassés, comme les courageux sont lynchés.
Nous le disions par ailleurs, plus une société est normalisée, plus elle est bestiale.
Plus on soumet l’individu à la norme, à la règle, plus on obtient de lui un comportement attendu et prévisible, et moins de créativité. Plus ce comportement est prévisible et attendu, moins il y a de surprise, moins il y a de risque, moins il y a à prendre de décision. Donc moins il y a de conscience. Donc moins il y a d’âme.
Donc, plus il y a de norme, d’interdits et d’obligation, moins il y a d’Humanité.
On voit très bien, chez les médecins, ces prescriptions de 15 médicaments qui sont dans la norme et qui sont incompatibles entre eux. Des milliers de cas de décès chaque année que les familles ne détectent pas.
Oui, plus on fige ainsi les mentalités et les comportements, moins on est capable de réagir aux événements: la capacité de réaction et d’anticipation a diminué.
Si vous ne faites que des combats très légers en art martial, vous perdez la capacité à vous battre plus vivement.
Si vous ne faites que de la cuisine rapide, vous perdez progressivement la capacité à faire de la cuisine complexe; nous savons qu’à ce moment, vous aurez toujours celle qui dira « bah non moi je fais des plats simples mais si je veux un jour je peux faire compliqué » et qui, avec un cerveau aussi peu subtil, ne peut sans doute pas faire une cuisine beaucoup plus élaborée… Disons donc pour elle que nous parlons de la masse de la population et que le phénomène est indiscutable sur le nombre.
Si vous cessez de vous servir de vos caractères chinois et que vous en avez appris 3000, vous en perdez une vingtaine par jour après 1 an. C’est comme ça: la faculté baisse sans la pratique.
Ainsi, la baisse obligatoire de la vitesse sur la route ne diminue pas le nombre d’accidents puisqu’elle baisse la capacité à conduire bien et donc sans accident.
Mais il y a mieux. L’organisation totalitaire est celle des fourmilières, des termitières, des sociétés animales. Ainsi nous pouvons dire avec Georges Canguilhem:
Plus on va vers une société normalisée, plus on va vers une société animale !
Ainsi, qu’elles aient été ou soient ces frustrations, de banquiers ou de clercs d’arrondissement, quels que soient les discours des politiques qui les suivent sur le motif de ce « bien public », l’usurpation du droit de chacun à sortir du rang au nom de mots aussi vagues et consensuels que « combattre l’individualisme », « préserver la communauté », « défendre l’avenir de la planète », ou encore « solidarité », n’a rarement été autre chose qu’une projection hypocrite, dont l’effet le plus désastreux fut que la capacité spontanée à s’élever a disparu. Il n’y aura plus sur les routes de Sébastien Loeb, il n’y aura plus que ce qu’on y voit: des modèles mentaux de la « fonction publique retraitée », des trente-à-l’heure, et ce modèle est aussi bien celui de la fonction publique que de l’écrivain ou que des enseignants.
La mode est absolument anti-héroïque. Est-ce à dire que je soutienne le chauffard ? Certes pas. Mais voyez comme cet argument arrive: parce qu’on défendrait la liberté à n’être pas conforme, on serait un chauffard.
« On peut dire légitimement que chacun, d’une manière générale, éprouve maintenant le besoin inné d’obéir, comme une sorte de conscience… » (à suivre ici)