Dans certains cas, il faut savoir s’arrêter à temps avec cette scolarisation à la maison et laisser l’enfant retourner à l’école, pour des raisons diverses. Par exemple, arrivé à un certain âge, l’enfant peut avoir besoin de réintégrer le « système ». Il ne faudra pas vous en angoisser : il aura reçu l’essentiel, à partir de là, rien ne peut lui arriver.
Désolé, pas pu résister…
Mais non, mais non, le retour à l’école ne sera pas « retour vers l’enfer ». Du moins, si vous avez choisi un établissement correct et que vous avez fait ce qu’il faut.
De préférence, choisissez un cours privé, techniquement ce sera moins compliqué que l’école publique.
Réinscrire, réintégrer l’école: des documents obligatoires ?
Entre parenthèses, il n’y a aucun document obligatoire à présenter, si ce n’est la preuve que votre enfant a suivi un CPC. Un établissement n’a pas le droit de refuser votre enfant sous ce prétexte.
Il ne peut pas non plus exiger que vous lui remettiez un carnet scolaire ou quoi que ce soit.
Ne payez pas toute l’année d’avance si possible car rien ne vous dit que tout se passera bien ou que l’enfant n’aura pas envie de rentrer à la maison.
Nous insistons: l’école n’a pas le droit de refuser votre enfant, même pour une raison de niveau. C’est vous qui le choisissez. Il n’y a pas de test obligatoire de niveau à faire, vous le faites seulement si vous l’acceptez.
Mais le directeur peut refuser cette inscription pour une raison secondaire, un manque de place par exemple. N’allez pas lui souffler l’idée.
Un truc donc: commencez par dire que vous n’avez pas de certificat de radiation, le directeur vous dira peut-être: « En ce cas, je ne peux prendre votre enfant. » Vous demandez malignement: « Mais, il y a de la place ? Il n’y a rien d’autre qui s’y oppose ? » Il dira probablement: « Non, juste le certificat. » Et à ce moment-là, magie ! vous pouvez dire: « Comme ce certificat ne figure nulle part dans la loi et que vous avez de la place, vous allez pouvoir inscrire mon enfant dès aujourd’hui. Merci beaucoup pour ce que vous faites pour les enfants ! »
Vous veillerez tout de même à ce que l’enfant soit bien été inscrit aux examens (nous l’avons vu il y a quelques temps).
Contrat moral
Eh ! oui, avant de l’envoyer à l’école, vous aurez avec lui un « contrat moral », comme celui que vous avez eu avant de commencer l’école à la maison, vous vous souvenez ? (cela date de la « conversation avec l’enfant« ) Il s’agit qu’il ne parte pas en quenouille. Et il aura, pour achever la litote carcérale, une « conditionnelle »: s’il respecte ses engagements, il ira tranquillement vers l’âge adulte avec les quelques avantages substantiels que cela comporte (c’est vous qui verrez: droits de sortie, moyen de locomotion – évitez les 2 roues mortels, s’il vous plaît -, téléphone…).
L’enfant doit vous promettre qu’il travaillera seul, même si les profs ne demandent rien et que le niveau est faible.
Pourquoi retourner à l’école ?
Pourquoi l’enfant veut-il donc y retourner ou y aller ? Ce besoin peut être une envie de bouger, d’être ailleurs, de voir du monde. C’est naturel. Si cela arrive, n’en prenez pas ombrage. Discernez ce qui peut être la meilleure solution.
S’il retourne à l’école, il sera important de le prévenir que tout ce qu’il va entendre ne sera pas vrai. Une évidence, mais à ne pas rater. Car un jeune qui entend que Dieu n’existe pas et pour qui Il était jusque là une évidence peut soudain se retourner; de même si un prof lui annonce que « les parents ont des complexes de supériorité » ou que « la société est mauvaise par nature ». Ce genre de propos peuvent chambouler. Ce sont les choses les plus implantées qui sont menacées.
A quel niveau ?
C’est là que ça se corse. La commission scolaire ou le conseil machin va vous affirmer que l’enfant ira à tel niveau. Mais c’est vous et vous seul qui décidez, quel que soit l’avis de ces instances, purement consultatives. Le droit et la loi font que c’est vous qui choisissez in fine.
Bien sûr, on vous dira que non. On vous opposera un examen d’évaluation. Celui-ci sera pratiquement obligatoire si votre enfant ne suivait pas un CPC. Mais si vous avez un CPC, l’enfant n’est pas contraint d’être évalué: il suffira de regarder les notes du CPC.
Une confirmation:
L’autonomie précieuse
Surtout, il faudra qu’il sache travailler seul. Et ça, arrivé à ce point, normalement vous le lui avez montré et nous avons appris comment aller vers cette autonomie. En fait, il en est largement capable, mais ça n’a pas été éprouvé en situation d’éloignement. Il va maintenant devoir prouver qu’il en est capable et ça aussi, ça fait partie du contrat moral de retour à l’école. Vous lui direz que s’il retourne à l’école, il doit absolument travailler seul.
Ce n’est pas une question de niveau : on peut et on doit apprendre à l’enfant à travailler seul, progressivement, comme nous le montrons sur ce site.
L’autonomie est sa clé. Si vous faites le choix de poursuivre jusqu’au Bac, vous prendrez peu à peu de la distance, vous surveillerez à une fréquence moins élevée, encore une fois progressivement. Cela demande une petite formation[s2If !is_user_logged_in()], voilà pourquoi, en ceci comme ailleurs, nous vous recommandons de vous abonner à l’accompagnement[/s2If].
L’exemple de notre Victoire
Victoire voulait repartir vers l’école. Nous l’avons donc remise en 3ème à l’école ; accessoirement, nous ne trouvions pas mal qu’elle soit mêlée à la vie en communauté et à des adultes autres que ses propres parents. Elle était assez mûre pour cela.
Par ailleurs, à la fin de l’année se profilait le brevet des collèges et si nous avions persisté avec l’enseignement à la maison, nous aurions eu tout un tas de démarches administratives un peu lourdes à effectuer pour cet examen, que notre fille aurait dû passer dans une cité administrative un peu désorientante sans doute. Et même si les copies sont sensées être traitées comme n’importe quelle autre copie de n’importe quel collège, on peut quand même craindre un regard pas tout à fait approbateur sur le choix d’une scolarité différente de la part des correcteurs.
Victoire a été ravie de retrouver son collège (elle y avait fait sa sixième) et l’année s’est très bien passée mais nous avons pensé que nous avions trop attendu avant de la remettre à l’école, c’est pourquoi nous avons fait un autre choix pour les autres : les deux suivants ont intégré l’école en 4ème (pour la première fois pour notre 3ème, alors que notre second avait une lointaine expérience de son CP), quant à notre n°4, il rentrera au collège l’année prochaine en 6ème comme pensionnaire sans aucune appréhension ni pour lui ni pour nous d’ailleurs, il faut dire qu’il retrouvera frère et sœurs.
Comment retourner à l’école, première fois
Renvoyer ou envoyer un enfant à l’école demande une préparation qui ne se fait pas en trois jours. C’est tout au long de la dernière année qu’il faut l’informer de ce qu’il ou elle trouvera à l’école. Ou au moins durant le dernier mois avant le retour. Cela va de l’attitude en classe au contenu parfois douteux qu’on trouve à l’école, jusqu’à son approche du travail en solitaire, comme on l’a dit.
Un test éventuel
Fréquemment, surtout dans les établissements privés, on vous demande d’accepter un petit test d’évaluation. Pas de problème: votre enfant le réussira. Si bien que vous serez en rapport de force pour demander certaines choses, telles qu’une réduction ou une condition avantageuse (droit de se brosser les dents à midi, par exemple, comme y tenaient tant ces parents).
Comportement ajusté
Les enfants à la maison ne se gênent pas pour prendre la parole, il faut leur apprendre à le faire de manière opportune, lorsque l’enseignant le demande. Retourner à l’école, c’est aussi assimiler des règles différentes. Notre fille aînée a quelque peu surpris sa classe en se levant à chaque fois qu’elle faisait tomber sa gomme par terre. Ce qu’elle nous a raconté en rentrant de sa première semaine nous a convaincus de faire mieux avec les suivants ! Évidemment, nous nous sentions gênés vis-à-vis des professeurs, mais heureusement ceux-ci étaient très satisfaits de son niveau. Et, en fait, elle a très vite corrigé son attitude d’elle-même.
Retourner à l’école après s’être préparé un minimum
J’ai connu à l’école une fille épatante qui avait fait l’école dans la brousse en Afrique. Blonde comme les blés, elle avait atterri dans ce lycée normand sans qu’on sache pourquoi, hasard d’une mutation sans doute. Autant vous dire qu’elle est apparue à presque tous les enfants et professeurs comme débarquée de la planète Mars, à s’enthousiasmer pour un oui ou un non, à parler très fort, à agiter les bras en parlant, à se lever quand elle le voulait… Une vraie Africaine de l’intérieur des terres ! Bientôt, elle a trouvé la France terriblement triste, routinière, grisâtre. Le décalage était trop fort, elle n’avait pas été préparée.
Il faut donc veiller à éviter un embarras des autres élèves qui pourrait aussi coûter à votre enfant. Les regards se tournent vers l’inconnu qui peut devenir le bouc émissaire. En général, votre enfant a gagné en maturité, durant ces dernières années, il est habitué.
Pour ce qui est des moyens de l’école, votre enfant doit être averti: l’école n’est pas la maison. Vous lui expliquez que l’école est parfois un champ de bataille ou un champ de ruines. Il doit savoir s’adapter, comme il le fera en stage ou en entreprise. Donnez-lui cette formule de Max Montgomery: « Sois respecté et respectable » (in Reinhardt Tarkand, éd. Le Moine-Guerrier).
Retourner à l’école permet-il de toujours aussi bien travailler ?
Concernant le travail personnel, c’est un peu différent, en principe si vous avez su faire faire les leçons à votre enfant (voir Travail en Solitaire), s’il a appris à travailler seul, il n’aura pas de problème particulier, si ce n’est qu’il se sentira moins contraint de donner de lui-même : vous serez absent(e). Il faut donc là aussi veiller au grain : l’habituer de plus en plus à travailler pendant vos absences, seul à la maison. Puis, dans la salle commune, avec parfois du bruit autour de lui, en lui expliquant qu’en salle d’étude, il y a des gêneurs et que cela ne doit pas l’empêcher de travailler.
Voir aussi :