École inversée: la tendance qui pourrait faire disparaître l’école classique


Un nouvel article nous présente une évolution des modes d’enseignement aux USA: l’école inversée. Du coup, les profs et les écoles risquent d’être moins nombreux dans 20 ans.

Ecole inversée, de quoi s’agit-il ?

L’idée est la suivante: l’enseignement théorique se fait à distance et les exercices pratiques, autrement dit les devoirs, se font à l’école.

Renversement intéressant.

April Burton, professeur de français dans un lycée du Missouri (centre des Etats-Unis), explique la conjugaison du verbe pouvoir à des élèves qui ne sont pas en classe mais… chez eux.

«Mme Burton» s’est mise à l’enseignement par internet.

Après 14 ans d’expérience, elle avait l’impression «que les choses devaient changer». C’est donc très naturellement que l’enseignante s’est décidée à utiliser, au lycée Francis Howell de Cottleville, cette pédagogie en vogue aux États-Unis. Cette vogue est surtout manifeste depuis la publication en ligne des vidéos de la Khan Academy, un site proposant gratuitement des milliers de cours et exercices en ligne.

Quand elle était en classe, souligne-t-elle, «il y avait tellement de choses que je voulais faire avec les élèves, mais je n’avais jamais le temps. Je passais mon temps à faire des cours magistraux !»

L’école inversée semble lui permettre d’enseigner comme elle le voulait.

PowerPoint et un ordinateur

April Burton résume les règles de grammaire ou détaille le vocabulaire de la météo sur des vidéos courtes, à regarder chez soi. Les exercices pratiques se font en classe. «La leçon traditionnelle a quitté la salle de classe et les élèves en profitent pour faire des exercices, des recherches personnelles, travailler en groupes, faire des exposés », dit-elle.

Pertinent !

Et pour le plus grand bonheur de ses élèves, qui témoignent sur son site personnel des bienfaits de l’expérience.

Le hic, c’est que Mme Burton a dû un peu tâtonner au début, apprenant sur le tas à créer un site web, à utiliser un nouveau type de PowerPoint ou à manier un logiciel. Dans la vidéo qui explique la conjugaison du verbe «pouvoir», par exemple, on peut entendre sa voix expliquer la leçon et voir son crayon écrire des mots, les relier, les surligner. Celles sur les adjectifs démonstratifs sont un peu plus développées, utilisant des dessins et des photos. «En fait, j’explique avec un PowerPoint ce que j’aurais expliqué plus traditionnellement devant ma classe», résume la prof américaine.

Cours à distance école inverséeL’élève, lui, lance la vidéo sur son ordinateur, sa tablette ou son téléphone, et peut écouter la leçon à son rythme ou la réécouter autant de fois que nécessaire. S’il ne comprend pas, il s’adressera le lendemain à l’enseignante, en classe. «Je marche dans la classe, je parle individuellement à chaque élève, je vois s’ils ont des questions. Je les connais mieux depuis que je ne suis plus toute seule à parler sur une estrade», assure April Burton.

Les nouvelles technologies «ont changé l’enseignement comme la révolution industrielle a transformé la société agraire»

Les nouvelles technologies «ont changé l’enseignement comme la révolution industrielle a transformé la société agraire», affirme Mike Kaspar, conseiller à la National Education Association (NEA), le plus gros syndicat enseignant américain. «Elles ont changé notre façon de voir la journée d’école, de réfléchir sur l’utilisation ou non de vrais livres ou de manuels numériques, de vidéos, de jeux…». Les professeurs devraient-ils se sentir menacés pour autant? Certains le pensent.

Et les élèves, que pensent-ils de l’école inversée ?

Un site de réflexion pour enseignants prévoit, d’ici 2028, un début de disparition des enseignants et des écoles, avec des poches de résistance et «l’accroissement des disparités socio-économiques». Apprendre avec un professeur au sein d’une structure dédiée deviendrait un luxe réservé aux catégories les plus aisées de la population, les «masses» se contenant alors des cours vidéo. Une vision bien noire de l’avenir, que beaucoup jugent avant tout motivée par une technophobie qui ne dit pas son nom.

Pour l’heure, contrebalancer le tout-école par de l’enseignement à distance plus respectueux de chacun, ne peut qu’avoir des conséquences positives: finie la phobie scolaire, les déplacements, les violences subies…

«Les gosses ne sont plus comme avant, ils jouent tout le temps aux jeux vidéo, envoient des SMS à leurs copains, regardent YouTube», constate Mme Burton. «On ne peut plus s’attendre à ce qu’ils restent assis dans une classe à vous écouter».

On touche là aux limites du système: virtualiser ne va pas aider l’enfant à enraciner ses savoirs, pas plus que le savoir-être.

À entendre Mackenzie Klotzbach, 15 ans, on serait tenté de croire que la méthode a du bon. «Grâce à cette méthode, j’arrive en classe préparée, j’apprends mieux. Le futur, le passé composé, l’imparfait… facile !» L’école «inversée», en plus de résoudre les problèmes d’attention des jeunes, serait-elle une méthode miracle pour apprendre le français ? «Les pronoms compléments d’objet, c’était quand même un peu dur», concède la jeune lycéenne. Nous voilà rassurés.

Les cours à distance aussi ont changé

On peut dire également que la nature des cours par correspondance aussi change, les cours se mettant davantage à recourir à la vidéo. Un peu poussiéreux il y a encore 5 ans, ils s’organisent. Le nombre d’inscription est en hausse et on sait que les jeunes ont besoin d’animation pour accompagner un apprentissage. Les moyens se modernisent. On peut imaginer que les web-séminaires seront aussi massivement utilisés.

Votre site d’éducation préféré en est un exemple. 🙂

L’article est ici

Et aussi: https://www.pouruneécolelibre.com/2013/08/a-la-maison-letudiant-suit-les-cours-en et https://www.pouruneécolelibre.com/2015/08/rentree-des-classes-inversees?

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