Il arrive fréquemment qu’on nous dise qu’André Stern a grandi sans instruction, en unschooling. André Stern et l’enseignement à la maison, qu’en est-il, a-t-il été élevé sans instruction ? De quoi parle-t-on ? Voyons sans barguigner ce qu’André, idole des mamans IEF, a de juste et pertinent, et quelles sont ses erreurs ! (oui, on va gratter et brosser en sens contraire du poil, c’est très bon pour les racines…)
André Stern se rend célèbre auprès du public au sujet de l’apprentissage de l’enfant. Ce qu’il dit et ce qu’entend le public converge vers de nouvelles formes d’apprentissages, du moins paraissent-elles nouvelles. Cependant, assez rapidement, une confusion s’installe.
Disons en passant un coup de faux, que si elles paraissent nouvelles, c’est bien entendu par rapport à l’école actuelle, qui est toute récente. Tout ce qui est enseignement libre, sans intervention de l’enseignant, existe depuis la nuit des temps. Henri Charlier, dans son excellent « Ecole, Culture, Métier » (qu’aucun pédagogue ne peut ignorer), disait que le mode formel de l’enseignement scolaire moderne avait eu beaucoup de mal à s’installer avant 14-18, temps où l’enfant était très souvent laissé seul et libre, voire délaissé, par des parents paysans, et qui de ce fait s’instruisait largement seul. Avant l’école obligatoire de Ferry Jules, on apprenait comme on voulait.
Ce qui certes n’enlève rien au mérite d’André Stern de rappeler les bienfaits des enseignements libres, face à un système d’instruction martial et industriel dans l’enseignement scolaire public. Il est plus difficile de défendre des principes libres dans une société où le contrôle est quasi-universel. Nous l’éprouvons tous les jours.
André et Arno Stern nous font penser à Albert Einstein qui n’a pas découvert la théorie de la relativité, découverte par les très jeunes italien et français Michele Besso, Louis Bachelier et Henri Poincaré: Einstein a eu le talent de communiquer, de synthétiser, de divulguer; un art certain.
Mais revenons-en au sujet.
Nous recevons souvent de ces messages disant: « Connaissez-vous André Stern ? Il a été en unschooling« .
André Stern en unschooling ?
Voilà ce qui mérite d’être vu de près. Nous devons ici lui rendre justice, ce qui intéressera aussi les familles.
Le public entend dans sa bouche qu’il a créé ses propres apprentissages et qu’il lui a été donné, par ses parents, de s’instruire seul.
Ce n’est pas exactement ce qu’il dit.
Oui, André Stern a en partie créé ses propres apprentissages et il lui a été donné, par ses parents, de s’instruire souvent seul. En partie et souvent. Car il s’agirait ici de ne pas commettre une confusion : il n’a pas inventé les matières de tous ses apprentissages et certainement pas dès lors qu’ils ont atteint un certain seuil de complexité. Il n’a pas réinventé les tables de multiplication, ni le Théorème d’Archimède ni la table de Mendéleiev, ni l’Histoire médiévale italienne. Ni même tout simplement l’écriture: il n’a pas inventé ni deviné les lettres. Il se garderait bien de le dire d’ailleurs. Par conséquent, il a bien fallu d’une part lui fournir de la connaissance, d’autre part lui en favoriser l’accès.
C’est ce qu’on appelle instruire.
Oui, André Stern a été instruit. On voit donc quelle confusion s’est installée à ce sujet dans le public.
Il a été instruit, énormément, par ce biais relativement original (quoique déjà en vogue à partir des années 20), et il l’a été par son père Arno notamment, qui a su lui laisser d’une part du temps pour observer, rêver, jouer et travailler, d’autre part a mis à sa portée des éléments de savoirs. Ce que nous disons également dans le monde de l’école à la maison depuis fort longtemps. Fin XIXème, nos grands-parents étaient largement élevés dans une quiétude et une absence de main-mise dont Arno Stern, son papa, rappelle qu’elles étaient des usages. On fichait la paix aux familles. Et la norme n’existait pas, dans une société où en revanche les conventions sociales étaient puissantes. L’école n’est obligatoire que depuis Jules Ferry; avant, on apprenait tranquillement, et souvent selon ses propres « inclinations », selon le mot ancien.
Les parents qui laissent leur enfant accéder à leurs savoirs livresques, professionnels, ludiques et autres, sans cours magistral, ont sans doute été la majorité dans l’Histoire de l’Humanité et le demeurent probablement.
Toute cette manière de faire des Stern donc n’est en effet pas « comme à l’école », mais c’est en revanche tout à fait ce que l’on fait à l’école à la maison, sur ce sujet du moins, depuis la nuit des temps.
Quand faut-il ne plus suivre un exemple ?
Faut-il suivre l’exemple d’André Stern ?
On peut toujours suivre un exemple, pourvu qu’il corresponde à quelque bienfait qu’on puisse en tirer.
Cette maxime s’avère utile. Si quelqu’un est à un niveau beaucoup trop élevé par rapport à un public auquel on veut le donner en exemple, il y a danger. Et même plusieurs: frustrations, mésinterprétations, rejet. Il faut donc un grand discernement, donner chaque élément l’un après l’autre et expliquer*.
Mais si, à chaque moment, André Stern est une sorte de génie, nous ne pouvons le montrer en exemple.
Supposition à double tiroir
Supposons donc qu’André Stern ait découvert les tables de multiplication seul. Qu’il ait eu une intuition remarquable. En ce cas, il serait exclu du champ des exemples à suivre.
En effet, nous ne pourrons plus vous dire: « Voilà un exemple que vous devriez suivre avec votre enfant ! » Vous diriez en retour: « Vous êtes bien aimables, mais mon enfant avance lentement, si je ne suis pas là pour cadrer un peu ses apprentissages, je sais qu’il n’avancera pas. »
Nos familles se sentiraient blessées, avec leur enfant « normal », devant exemple de facultés exceptionnelles.
Et elles auraient raison.
Encore qu’il y a là aussi une confusion.
Comment un enfant en arrive à ces niveaux ?
Nous l’avons dit souvent sur ce site, l’essentiel, ce sont les sollicitations. Certes, il y a aussi le patrimoine génétique. Car on peut dire que l’enfant n’a d’appétence pour le monde qui l’entoure que proportionnellement à deux choses: son patrimoine génétique et les sollicitations qu’il a vécues.
Mais que peut-on faire au sujet du patrimoine génétique ? Rien (si ce n’est par des sollicitations adéquates, voir le chapitre « Santé »). On ne change pas son ADN.
Restons-en donc avec ce sur quoi on a appui et qui sont du ressort de l’adulte: les sollicitations.
André Stern ayant été sollicité fréquemment et de manière adéquate, ses facultés se sont développées dans le sens d’une curiosité.
Même avec des facultés réduites au commencement, un enfant peut devenir brillant, et ce grâce uniquement aux sollicitations (qui comprennent tout ce que l’enfant vit, ingère, subit, endure etc.)
On voit bien que les sollicitations sont essentielles.
Mais il y a des enfants qui d’une part n’ont pas bénéficié de suffisamment de sollicitations justes, et qui par nature ne s’intéresseront qu’à une seule chose et n’en sortiront pas. Nous parlons d’un cas dans la vidéo ci-dessous, un garçon qui ne s’intéressa durant des années qu’au Titanic, et du danger dans lequel il se trouvait. Il est évident que cet enfant s’est focalisé sur ce sujet essentiellement parce qu’il manquait d’autres éléments qui auraient pu élargir son champ de vision. On ne lui a pas présenté le cas du Lusitania, ou de ceux des galions espagnols. De là, il aurait pu aller vers d’autres horizons, rebondir.
Et il y a d’autre part bon nombre d’enfants qui ne développeront d’eux-mêmes que peu de choses sur le plan intellectuel, n’auront pas beaucoup de curiosité, parce que leur patrimoine génétique les prédispose à être plutôt des chainons que des pointes de flèche. Ils sont davantage transmetteurs qu’inventeurs. Non pas que ce soit fatal, puisque ce n’est là que prédisposition, mais il faut en tenir compte. Tous les enfants ne sont pas comme André Stern et moins encore, toutes les filles non plus.
Faisons tomber le rideau
Nous avons dit qu’André Stern ne peut plus être l’exemple à suivre s’il a eu l’intuition extraordinaire de trouver tout seul les tables de multiplication.
En fait, c’est une manière de parler. Il n’a pas pu tout découvrir seul. Il a fallu d’abord lui donner la notion du chiffre, et que par conséquent, mieux on le lui a transmis, plus facile a été sa découverte.
Les enfants « inventent » tous des tas de choses qui ne sont en fait que des redécouvertes, grâce aux éléments de base qu’on leur donne.
Dans le cas du jeune André, disons les choses plus certainement proches des faits: on a laissé à sa disposition des éléments de savoirs et il se les est accaparés à son rythme.
- Voir aussi Le Rythme de l’enfant, valeur inconstante
Le jeune Champollion parlait une demi-douzaine de langues à 7 ans: nul doute que ces parents ne l’ait conduit vers elles de manière adéquate. Mais dans le même temps, ils ont plutôt négligé l’orthographe, qui l’a toujours fait souffrir.
Car un autre volet de tout cela est : ce que vous donnez d’un côté est ce que vous ne donnez pas de l’autre. Nous en parlons par ailleurs.
André Stern et l’enseignement à la maison
Pour conclure, disons donc qu’André Stern a tout simplement fait l’école à la maison. Cet excellent exemple a bel et bien été instruit, en instruction libre, voire très libre, en famille, c’est ce qu’on appelle Instruction en Famille, parfois même en Ecole à la Maison puisque son père l’a également directement enseigné.
Lorsqu’on est parfois enseigné directement (manière magistrale), parfois enseigné de manière informelle et parfois laissé complètement seul à faire ce que l’on veut, on est en école à la maison.
- Nous avons vu ici un graphique qui vous montre comment distinguer l’école à la maison, l’IEF et l’ascolarisation
Ce père (voir la vidéo), réfugié allemand pendant la guerre, était un monsieur instruit, un pédagogue, qui a créé des écoles et qui a transmis énormément à son fils, ce qui veut dire qu’André n’a pas toujours été en « roue libre ».
On voit donc qu’il y a une immense confusion autour de ce cas, qui l’assimile à l’unschooling ou ascolarisation, soit l’abandon complet de l’enfant à ses apprentissages solitaires.
L’enfant qui dessine la maison
(parenthèse un peu difficile que vous pouvez passer)
Arno le père s’est posé des questions, qu’il dit avoir été le premier à s’être posées (ce qui est abusif), au sujet des enfants qui dessinent tous une « maison » de la même manière (un toit sur des murs carrés), alors qu’aucun d’entre eux pratiquement ne vit dans une maison telle que celle qu’ils dessinent. C’est une convention, un mimétisme, dénonce-t-il.
De là, il est allé vers des questions et des réponses intéressantes, que nombre de pédagogues ont également recueillies. Il y a aussi, il faut le dire, un certain nombre d’erreurs, dues à la génération à laquelle appartient Arno, et qu’André a développées à son tour.
Avec un peu de science d’Egypte, Arno aurait mieux vu les choses. La maison avec son toit et ses quatre murs est la forme la plus aisée, la plus directe, la plus symbolique. L’enfant fait du symbole. C’est un être métaphysique.
L’adulte rationnel dessinerait un appartement. L’enfant dessine avec un génie certain des symboles basiques les plus simplifiés possible, ayant des facultés réduites. Au lieu de perdre son sujet dans des détails ou des fioritures (ce à quoi souvent l’adulte va le pousser « Mais elle est triste ta maison, il manque une cheminée », « où est le chemin ? » etc.), il va aux signes les plus évidents. Il donne ainsi à voir quelque chose de lisible; génie généreux qui est en lui ! Il sait qu’il ne dessine pas sa maison, il dessine une maison, le symbole d’une maison.
Or, communiquer symboliquement avec des formes simplifiées, c’est employer un langage hiéroglyphique. Oui, l’enfant est un être métaphysique.
L’enfant communique avec les éléments communs à l’Humanité qui l’entoure. C’est remarquable. Qu’est-ce qu’un toit ? C’est au moins deux pentes, d’où 2 traits. Qu’est-ce qu’une maison ? C’est au moins 4 murs, d’où le carré rappelant la forme 4. Ici, on constate qu’il est admirable que l’enfant fasse un mur à 4 côtés pour symboliser en fait 4 murs formant un cube. Il réduit le cube au carré; accrochez-vous, mathématiciens ! Et si vous voyez que le dessin associe un triangle à un carré, avec souvent un soleil, vous ne pouvez qu’être admiratif sur le fait que l’enfant restitue les 3 formes fondamentales.
Penser que l’enfant est ici victime d’une divagation conventionnelle due à la modernité est penser à l’encontre de cela.
Le dessin le plus simple de l’enfant montre les formes fondamentales et c’est remarquable. Pour lui, quand on lui parle de maison, il entend inconsciemment l’ensemble de son monde, et le monde se compose bel et bien de ces formes premières.
Il s’agirait à présent de se demander pourquoi Arno a conclu que cette communauté de dessin relevait d’un problème: il y aurait là sans doute à dire au sujet du présupposé de l’adulte occidental que l’enfant est probablement égaré dès son enfance. C’est tout un mode de pensée très spécifique.
Mais allez, supposons ! supposons que l’enfant ne fasse que reproduire un schéma qu’on lui a montré auparavant: la société aurait donc conçu une représentation symbolique, un archétype, et on ne voit pas pourquoi il faudrait la remettre en cause: cette maison est la plus simple, la plus économique, la plus accessible, celle qui fait aussitôt dire le mot « maison » à celui qui la voit. Efficacité hiéroglyphique d’une convention, jamais remise en cause, et fort justement.
Il est sans doute intéressant de creuser la question, il est peut-être plus « ancien testament » de chercher une culpabilité, de faire une remise en cause. Qui se trompe, l’enfant ou Arno ?
Mais il est vrai cependant que ce sont parfois des remises en cause qui font avancer les choses.
Arno Stern est allé ensuite au désert rencontrer des enfants de nomades afin de savoir comment ils dessineraient leur « maison ». Naturellement, ils ont fait des triangles, pour représenter symboliquement des tentes, même si leur tente était un cube coupé ou un autre polyèdre.
Formidable ! Nous revoici avec une représentation symbolique. Il faut savoir que le carré, qui renvoie au quatre, symbolise la civilisation posée en édifices, s’étendant dans les 4 directions Nord, Sud, Est, Ouest. Tandis que le trois symbolise la civilisation qui n’est pas ancrée et attachée à ces autre directions, la civilisation… nomade !**
Le quatre donne le mot catèdre, cathédrale, symbole notamment de l’édification (du Royaume de Dieu), d’où le mot chaire qui donnera la chaise: toujours quatre pieds, quatre directions, une assise.
Le trois désigne à la fois le un puis le deux puis le trois dans la Trinité originelle et dépouillée, précédent l’incarnation et la matérialisation du 4 qui procède de deux fois deux. Le 3 peut donc renvoyer à l’image de la liberté nomade, le quatre à la solidité bâtie.
Ainsi, l’enfant européen dessine spontanément une maison de la civilisation bâtie et le nomade pose l’habitat du nomade qui se disperse dans les directions au gré du vent (littéralement, car selon le gré du vent).
En revanche, parmi les qualités notables du système des Stern, il y a un encouragement à l’intuition, essentielle elle aussi en Egypte ancienne, celle-ci étant une perception spécifique à chaque individu et, bien sûr, totalement évacuée de l’instruction moderne. L’intuition est en réalité la source d’énergie centrale en l’individu et la voix (v-o-i-x) de son équilibre. On lira avec attention les travaux de Schwaller de Lubicz à ce sujet (cet auteur est le maître moderne en égyptologie).
Moins de programme, plus d’intuition
Pour la réalisation de son mode d’enseignement, la confusion du public vient largement du fait qu’Arno a évacué la notion de programme et de consignes. Il y a des contenus transmis, en-dehors de programmes, en-dehors du formalisme.
Il y a aussi le respect complet de l’enfant qui va jusqu’au mutisme du parent, l’absence totale de reproches, l’absence de contrainte. C’est une manière de faire qui a évidemment son intérêt, qui ne fonctionne pas universellement, pas plus qu’il ne prépare l’enfant universellement. Nous en parlons par ailleurs. Arno dit que « jamais » son enfant n’a entendu de reproche. Pourquoi pas. Mais il s’agit ici de montrer que faire ainsi est davantage profitable à l’enfant. On ne peut se contenter de dire que, puisque le reproche est plutôt douloureux, il faut l’éviter. Il y a bien des maux nécessaires. Et il y a une ignorance du mal nécessaire, de la souffrance salvatrice qui a ses prolongements, non pas dans un système éducatif, mais dans l’acceptation que tout ne soit pas forcément muet ou acceptant. On est fondé à dire non. D’ailleurs, nous l’avons dit, André Breton affirme que c’est le « non » qui distingue l’Homme de l’animal.
Il y a bel et bien eu instruction
Bref, il y a eu instruction, éventuellement en pointillé, éventuellement en autonomie, et aussi en donnant à l’enfant des éléments d’apprentissage. André a reçu des cours, il n’a pas tout découvert seul.
Ce sont les conditions qui changent, et qui varient dans les familles avec toutes les nuances possibles.
Finissons avec un hommage aux mamans
Il s’agirait également ne pas oublier la maman, qui a disparu totalement dans ces interviews, et qui a déjà délivré l’essentiel de l’éducation, ainsi qu’une part fondatrice de l’instruction, dès les premiers mois de l’enfant.
André Stern a-t-il été élevé en unschooling ? Réponse en vidéo:
Voir aussi
- Arguments faux au sujet de l’école
- Historique de l’école classique et de l’école à la maison
- La contrainte est-elle totalement aberrante ?
- Comment distinguer IEF, école à la maison et unschooling
- Quelles étaient les qualités de l’école ?
- L’intelligence
*: et Jésus-Christ, n’est-il pas un exemple trop élevé ? Il nous est le modèle absolu qui cependant n’est pas inaccessible pour deux raisons: Il est Fils de Dieu et son langage est exempt de toute erreur (on s’échinera jusqu’à la fin des Temps à en trouver une seule) et Il enseigne avec une telle science que tous peuvent en être édifiés, à des degrés divers. C’est la notion de degré qui est ici la plus délicate (nous en parlons ailleurs).
**: on se souvient que Jacques Attali, appartenant lui-même à une diaspora nomade, affirmait la supériorité de la civilisation nomade, libre, et antérieure à la civilisation bâtie. Les deux affirmations étaient discutables puisque le nomadisme survient après la dislocation des anciens empires. Il y eut un empire celte, puis un empire gaulois. C’est après qu’on a vu des bandes germaniques, par exemple, traverser l’Europe. Dès qu’il y a groupe constitué, il y a tentative de s’ancrer. Même le chasseur-cueilleur préhistorique est ancré, il connaît ses territoires et on a vu aux Amériques que les tribus ne migraient que de manière saisonnière, revenant sur les mêmes terres. L’oiseau migrateur n’erre pas sans but. L’errance n’est propre qu’aux peuples chassés. L’Homme préhistorique ou de la Haute antiquité n’errent pas, ils explorent éventuellement. Nuance de taille. D’autres envahisseurs barbares médiévaux sont des restes d’empires centraux européens ou asiates de la fin de l’Antiquité, reforgés sur les restes des empires précédents; et les nomades du désert africains, s’ils ne sont des marchands tout simplement, sont d’anciens descendants du Royaume de Numidie ou de l’empire egyptien. Le nomadisme juif quant à lui est postérieur à Babylone, il est renouvelé à la chute de Jerusalem en 70, il est aussi essentiellement marchand et rechigne à s’ancrer: il n’y a pour ainsi dire pas de paysannerie juive, jusqu’à la création de l’Etat d’Israël. Rappelons que l’Etoile de David représente deux triangles croisés, soit deux fois le signe qui notamment renvoie au nomadisme (sans réduire cette étoile à cela, naturellement). Le triangle est aussi le signe de la Maçonnerie, en aval. Evidemment, il renvoie au signe de la Trinité qu’il singe. La Trinité véritable, ferment du tétraèdre ultérieur, est issue, selon l’Egypte du Un originel et du Deux engendré (non pas créé).